Ceci est mon corps, ceci est mon sang
Ceci est mon corps, ceci est mon sang (1987) est une œuvre de l'artiste néo-conceptuel John LeKay qui consiste littéralement en une carcasse d'agneau sur bois.
Elle fait partie des Meats Series (1986-1987) de l’artiste, qui sont inspirées par Le Boeuf écorché (1655) de Rembrandt.
Tiré du chapitre 26 de l'Évangile selon Matthieu, le titre de l'œuvre renvoie à la nuit où le Christ fut livré. « Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant : Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés » (Mt 26.26-28).
Mais la référence biblique ne s'arrête pas là. La Pâques chrétienne, en plus de commémorer la dernière Cène, ainsi que la mort et la résurrection du Christ, s'enracine dans la Pâque juive. Lors de celle-ci, l'offrande d'un agneau participait à la célébration de la sortie d'Égypte d'Israël.
Si la disposition de l'agneau sur le support rappelle celle du Christ des représentations picturales de l'histoire de l'art, que l'agneau soit concrètement attaché au bois n'est pas naïf. Pour les juifs de l'Ancien Testament, être pendu au bois était une malédiction (Dt 21.23). Selon l'apôtre Paul en Galates 3.13, « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous-car il est écrit: Maudit est quiconque est pendu au bois, - afin que la bénédiction d'Abraham eût pour les païens son accomplissement en Jésus-Christ, et que nous reçussions par la foi l'Esprit qui avait été promis ».
Pourtant, en matérialisant la métaphore de l'agneau pascal de manière aussi crue, on peut se demander si LeKay rend hommage ou non à l'Évangile.