Théologie biblique
La théologie biblique est une discipline théologique qui cherche, sur la base des écrits bibliques, à cerner le récit prédominant ou fondamental de la Bible. L’objectif est d’interpréter celle-ci selon ses propres modalités et de répondre à la question du processus de révélation employé par Dieu. Le terme est introduit au monde académique pour la première fois en 1787, lors du discours inaugural donné par J. P. Gabler à l’université d’Altdorf (Nuremberg)[1].
En se penchant sur le texte biblique dans la tradition évangélique, la théologie biblique présuppose que la Bible représente la révélation de Dieu aux êtres humains et qu’elle est cohérente, bien qu’elle comporte une grande diversité. La théologie biblique contribue à l’appréciation de la forme, de la complexité et de l’unité des écrits bibliques. Elle tâche d’analyser et de synthétiser l’enseignement de la Bible sur Dieu et ses relations avec le monde et à examiner les différentes étapes de cet enseignement contenues dans les nombreux récits qui y sont inclus. Les quatre grandes périodes de ce récit sont reliés à la création, la chute, la rédemption et la consumation du dessein de Dieu. Cet enchaînement d’évènements est souvent appelé l’histoire de la rédemption (Heilsgeschichte). Les liens établis entre différentes portions de la Bible se font de façon naturelle et prennent en compte autant la période historique initiale que la période visée à l’intérieur de l’histoire de la rédemption. La pratique de la théologie biblique n’est possible que par une exégèse soignée du texte qui respecte le genre et le contexte de chaque livre de la Bible. Elle produit en retour un cadre pour la formulation de doctrines proprement chrétiennes. De cette façon, la théologie biblique, l'exégèse et la théologie systématique (ou dogmatique) sont étroitement liées.
Sommaire
- 1 La nature de la théologie biblique
- 2 Théologie biblique versus exégèse et théologie systématique
- 3 La théologie biblique pratiquée par les auteurs bibliques
- 4 Y a-t-il un thème central de la théologie biblique ?
- 5 Grands thèmes de la théologie biblique
- 6 La théologie biblique et l’Église
- 7 Conclusion
- 8 Notes et références
- 9 Bibliographie
La nature de la théologie biblique
La théologie biblique possède deux aspects principaux : l’analyse et la synthèse[2].
Dans l’analyse, les différentes parties de la Bible sont étudiées afin de comprendre leur place dans de plus grandes parties tout en étant sensibles aux contextes littéraires et historiques. L’analyse peut être faite de différentes façons et à différents niveaux : un verset dans le contexte du livre dans lequel il se trouve, le message global d’un livre biblique ou la présence d’un thème dans un livre biblique. Ces analyses peuvent être élargies aux différents écrits d’un même auteur, à un corpus de livres bibliques du même genre littéraire ou à un seul Testament. Des comparaisons entre différents auteurs ou différents livres bibliques sur un sujet donné sont aussi possibles afin de mettre en évidence la contribution de chacun[3].
La théologie biblique du point de vue de l’analyse peut ainsi répondre à des questions comme[4] :
- Comment la justification est-elle décrite dans l’épître aux Romains ?
- Qu’est-ce que la vérité pour Jean dans ses différents écrits ?
- Selon les livres de sagesse, comment est définie la connaissance de Dieu ?
- Comment Paul et Jacques présentent-ils la doctrine de la foi ? En quoi sont-ils similaires et en quoi diffèrent-ils ?
Dans la synthèse, les différentes parties de la Bible sont mises en commun afin de comprendre le message théologique global de l’ensemble du canon. La théologie biblique s’intéresse à la « grande histoire », c’est-à-dire aux grandes étapes du récit biblique. Celle-ci est communément appelée « histoire de la rédemption » ou « histoire du salut » et est fréquemment résumée par quatre grands points tournants : la création, la chute, la rédemption et l’achèvement. La théologie biblique met ainsi l’accent sur la progression de la révélation de Dieu. Dans les Écritures, Dieu révèle de façon progressive son plan ultime de racheter et sauver un peuple qui lui appartient par le Messie promis, Jésus-Christ. Le Nouveau Testament affirme que Jésus-Christ est celui en qui toutes les promesses de Dieu sont centrées (2 Co 1.20). La théologie biblique est donc fondamentalement christologique[5]. A. Naselli peut à juste titre la résumer ainsi : « la théologie biblique étudie comment toute la Bible progresse, s'intègre et culmine en Christ[6] ». Elle s’intéresse aux rapports entre l’Ancien et le Nouveau Testament, particulièrement à la façon dont les auteurs du Nouveau Testament utilisent l’Ancien Testament. Elle comprend aussi le sujet de la typologie, qui consiste à reconnaître comment des événements, des personnages et des institutions de l’Ancien Testament trouvent leurs accomplissements dans le Nouveau Testament[7]. Elle s’intéresse à la façon dont des thèmes ou des doctrines se développent selon leurs progressions dans tout le corpus biblique, de la Genèse à l’Apocalypse.
La théologie biblique du point de vue de la synthèse permet de répondre à des questions comme :
- Quelles sont les grandes étapes de l’histoire de la rédemption ?
- Quelle est la contribution du livre de l’Exode au récit global de la Bible ?
- Comment le thème du peuple de Dieu évolue-t-il dans la Bible ?
- En quoi la Pâque dans l’Ancien Testament est-elle un type de Jésus-Christ ?
À travers l’analyse et la synthèse, la théologie biblique permet donc de cerner l’unité du message biblique dans la diversité de ses parties individuelles. Le texte biblique est étudié d’abord dans son contexte immédiat, puis selon sa position dans l’histoire de la rédemption et en relation avec tout le canon biblique[8]. Pratiquer la théologie biblique présuppose donc une affirmation de l’inspiration divine de la Bible et de l’unité des 66 livres qui la composent[9]. Cette discipline cherche à rendre justice à ce que le texte biblique affirme être : un message unifié, puisque révélé par Dieu, de l’accomplissement progressif du plan divin en Jésus-Christ[10]. Elle peut être décrite comme une discipline inductive ; elle laisse le texte biblique parler de lui-même, selon ses propres catégories et sa propre structure interne.
Théologie biblique versus exégèse et théologie systématique
Parmi les différentes disciplines théologiques, deux disciplines méritent d’être comparées à la théologie biblique : l’exégèse et la théologie systématique. Chacune de ces disciplines œuvre vers un but commun : l’interprétation fidèle et juste du texte biblique. Néanmoins, elles ont des particularités qu’il est utile de cerner afin de comprendre leurs rôles et leurs contributions dans le processus d’interprétation.
L’exégèse peut être définie comme « l’ensemble des recherches historique et culturelle, géographique et archéologique, linguistique et littéraire nécessaire pour situer le texte dans son contexte d’émergence[11] ». Il s’agit de comprendre l’intention textuelle de l’auteur envers les lecteurs de son époque. C’est la première étape du processus d’interprétation. La théologie biblique, étant considérée comme un complément ou une extension de l’exégèse[12], s’intéresse à des sections de textes plus larges. Elle synthétise les recherches effectuées par l’exégèse et met en relation différentes portions de textes entre elles-mêmes, ainsi qu’avec tout le canon biblique. Puisque la Bible possède une double origine (divine et humaine), nous devons reconnaître que le sens d’un texte n’est pas limité à l’intention de l’auteur humain. Dieu peut donner au texte un sens qui dépasse la compréhension ou l’intention de l’auteur. Un texte trouve un sens plus large lorsqu’il est mis en relation avec le grand plan de Dieu tel qu’il l’a révélé dans tout le canon biblique[13]. C’est le travail qu’accomplit la théologie biblique. Ainsi, ces deux disciplines se complètent dans l’étude de l’aspect historique du texte biblique ; le contexte immédiat pour l’exégèse et le contexte plus large de l’histoire de la rédemption au sein du canon pour la théologie biblique. Pour utiliser une analogie, nous pourrions comparer l’exégèse à une loupe et la théologie biblique à la vision panoramique d’une caméra.
Il convient également de distinguer la théologie biblique de la théologie systématique[14]. La théologie biblique exprime les vérités bibliques en suivant habituellement un ordre chronologie. Elle a un processus qui est plus inductif, historique et organique. Elle est fréquemment qualifiée de discipline pont entre l’exégèse et la théologie systématique. La théologie systématique quant à elle a pour rôle de synthétiser les acquis des autres disciplines et de les organiser afin de tirer des conclusions doctrinales. Son processus tend à être déductif, ahistorique et universel[15]. La systématique suit davantage un ordre logique et hiérarchique. Elle tente de répondre à la question : qu’enseigne la Bible sur tel ou tel sujet ? Elle correspond habituellement à l’aboutissement et à la conclusion du processus d’interprétation théologique. Elle conserve les acquis de la théologie biblique et les transforme en un cadre de référence pour l’Église actuelle[16]. Elle a donc besoin de la théologie biblique, car avant de répondre aux questions et aux préoccupations de l’Église actuelle, il faut comprendre l’entièreté de la Bible selon la façon dont elle se présente à nous.
La théologie biblique pratiquée par les auteurs bibliques
La théologie biblique n’est pas seulement pratiquée par le lecteur de la Bible, mais aussi par les auteurs bibliques eux-mêmes. À plusieurs reprises dans le récit biblique, les grandes étapes de l’histoire de la rédemption sont résumées. Les auteurs bibliques regardent en arrière, afin de rappeler l’œuvre de Dieu dans les grands événements de l’histoire. Ces sommaires sont donnés dans différents buts : rappeler la fidélité de Dieu, louer Dieu, rappeler les promesses de l’alliance, encourager à l’action ou à la persévérance, avertir des conséquences de la désobéissance et constater l’aboutissement ou l’accomplissement de certains événements. Or les auteurs bibliques ne font pas que narrer ces événements passés ; ils les interprètent. Ils évaluent leur importance théologique selon leur place dans le plan de Dieu et ils les interprètent à la lumière de ce qu’ils vivent à leur époque. En nous penchant sur la façon dont les auteurs bibliques résument l’histoire de la rédemption, nous serons plus à même de résumer fidèlement cette histoire telle que Dieu la révèle progressivement dans les Écritures.
Plusieurs de ces sommaires ont été identifiés à divers moments du récit biblique de l’Ancien Testament. Michael B. Shepherd a, notamment, identifié 18 de ces sommaires biblico-théologiques dans l’Ancien Testament : dans la Loi (Dt 6.20-25; 11.1-17; 26.5-9), dans les Prophètes (Jos. 24.1-15; Jg. 2.1-5 ; 6.7-10; 10.11-16; 1 Sm 12.6-17; Jr 2.1-13; Ez 20; Am 2.6 – 3.2; Mic 6.1-8) et dans les Écrits (Ps 78; 105 ; 106; 135 ; 136; Neh 9)[17]. Les grandes étapes de l’histoire d’Israël sont rappelées dans ces 18 sommaires. Plusieurs personnages et événements sont identifiés à plusieurs reprises comme étant des éléments marquants du déroulement du plan de Dieu[18].
Pour ce qui est du Nouveau Testament, l’histoire de la rédemption arrive à son moment le plus crucial : l’entrée en scène de Jésus-Christ. Les auteurs du Nouveau Testament affirment que la vie de Jésus, sa mort, sa résurrection et la mission de l’Église sont l’accomplissement des promesses de l’Ancien Testament. Dans leur ouvrage Biblical Theology According to the Apostles, Chris Bruno, Jared Compton et Kevin McFadden identifient sept sommaires biblico-théologiques dans le Nouveau Testament : la généalogie de Jésus (Mt 1.1-17), la parabole des vignerons (Mt 21.33-46), le discours d’Étienne (Ac 7), le discours de Paul à Antioche de Pisidie (Ac 13.16-41), l'argument de Paul sur l'histoire du salut dans Galates (Gal 3-4), sa défense de la fidélité de Dieu envers Israël (Rm 9-11) et l’exhortation de l’auteur de l’épître aux Hébreux à persévérer dans la foi (Hb 11)[19]. Dans chacun de ces sept sommaires, d’importantes portions de l’histoire d’Israël sont reprises et sont mises en relation avec les événements qui se déroulent à leur époque. Jésus est constamment considéré comme le point focal du plan de Dieu. Les auteurs du Nouveau Testament affirment que l’histoire d’Israël atteint son apogée à la venue de Jésus-Christ et que cette histoire se poursuit à travers l’Église. Tous les événements de l’histoire passée trouvent leur accomplissement et leur pleine compréhension dans ce que Jésus a accompli dans sa vie, sa mort et sa résurrection, et dans ce qu’il accomplira lors de sa seconde venue.
Ces exemples nous donnent un aperçu de ce que les auteurs bibliques considèraient comme les grandes étapes de l’histoire de la rédemption. Le lecteur peut être surpris de l’absence de certains thèmes que nous estimons importants tels que la création de l’homme et de la femme à l’image de Dieu ou la chute dans le jardin d’Éden. L’utilisation de ces concepts dans notre théologie biblique est tout de même légitime, car ils sont développés ailleurs dans le texte biblique. Leurs importances sont évaluées selon l’impact et l’influence qu’ils ont dans la suite du récit. Cela est d’autant plus vrai s’ils touchent à des éléments qui concernent ce que Jésus-Christ a accompli ou ce qu’il accomplira dans le futur.
Y a-t-il un thème central de la théologie biblique ?
L’étude du grand récit biblique a amené certains théologiens à se poser la question : peut-on identifier un noyau, un cœur au grand récit? Cette question a fait l’objet de nombreuses discussions. Certains affirment qu’il existe un thème biblique central, d’autres qu’un ensemble de thèmes forment ce centre, d’autres encore qu’il existe non pas un thème central, mais une trame narrative centrale[20].
Parmi ceux qui défendent qu’il existe un thème central à toute la Bible, les propositions varient. Certains ont proposé des thèmes tels que : le royaume, l’alliance, la rédemption, le salut et la promesse/accomplissement[21]. Deux ouvrages récents proposent comme thème central la gloire de Dieu dans le salut par le jugement[22] et la présence relationnelle de Dieu[23]. Leurs auteurs défendent que tous les grands thèmes bibliques dépendent et découlent d’un thème central[24]. Des ouvrages comme ceux-ci ont comme avantage d’enrichir la connaissance de certains thèmes bibliques majeurs. Cette approche ne semble toutefois pas convaincre beaucoup de théologiens aujourd’hui[25]. Pour plusieurs, postuler l’existence d’un thème central est trop limitatif et réductionniste. Celui qui propose un thème central est rarement en mesure de le défendre en utilisant tous les livres bibliques. Un certain nombre de livres bibliques sont fréquemment mis de côté alors que d’autres livres sont surreprésentés[26]. Plusieurs reprochent à cette approche de ne pas rendre justice à la Bible dans son entièreté. La Bible serait une œuvre trop riche et complexe pour être limitée à un seul thème central.
La deuxième approche consiste à identifier plusieurs thèmes bibliques comme étant le centre théologique de la Bible[27]. Certains auteurs incluent également un certain nombre de sous-thèmes parmi ces thèmes centraux[28]. Cette approche a pour avantage d’être moins réductionniste que l’approche du thème central. Présenter plusieurs thèmes offre une plus grande diversité au résumé du grand récit biblique. L’approche peut être d’une bonne utilité pour comprendre l’interaction et l’interrelation de plusieurs thèmes. Un des défis pour les défenseurs de cette approche est d’être en mesure de défendre pourquoi certains thèmes sont plus importants que d’autres. Plusieurs voient cela comme une difficulté, car la hiérarchisation des thèmes est un travail complexe. La tâche de cerner un groupe de thèmes centraux et de sous-thèmes risque d’être trop subjective étant donné que la Bible ne fournit pas ces catégories.
La troisième approche propose une trame narrative centrale ou un métarécit plutôt qu’un ou des thèmes centraux[29]. Plutôt que de proposer seulement des thèmes intemporels, cette approche cherche à raconter l’histoire biblique telle qu’elle a court dans le temps en ciblant les étapes et événements majeurs de cette histoire qui unifient la Bible[30]. À l’intérieur de la trame narrative sont également inclus certains thèmes et concepts[31]. Cette approche a pour avantage d’offrir un centre théologique plus diversifié. Elle rend justice au récit biblique qui n’est pas seulement une collection de thèmes, mais une histoire dans le temps de la relation entre Dieu et l’humanité, une histoire de la rédemption. De plus, un accent est mis sur le progrès de la révélation de Dieu, c’est-à-dire sur le fait que Dieu s’est révélé progressivement à différentes époques de l’histoire biblique. Comprendre ce progrès de la révélation est un élément essentiel pour comprendre globalement les différentes sections de la Bible. Quelques critiques ont été formulées à l’endroit de cette approche, critiques que l’on retrouve dans les autres approches exposées précédemment. On avance que cette approche ne représente pas suffisamment la Bible dans son entièreté, celle-ci n’étant pas seulement une histoire narrative. Certains genres littéraires comme la littérature de sagesse, la littérature apocalyptique et les épîtres du Nouveau Testament contiennent peu ou pas de narration. Deuxièmement, certains questionnent pourquoi des événements ou des idées sont choisies plutôt que d’autres lors de la formation de la trame narrative. Certains événements ou idées peuvent être utilisés de façon plus dominante alors que d’autres peuvent être négligées. Les choix par les différents auteurs d’éléments à inclure dans cette trame peuvent être influencés par leurs propres cultures, intérêts ou sujets de spécialisation[32].
En somme, la diversité d’opinions sur le sujet illustre bien que la recherche d’un centre théologique à la Bible est une tâche complexe[33]. Certains s’interrogent sur la pertinence de cette quête alors que d’autres y voient un exercice de réflexion utile afin de mieux comprendre le grand récit biblique. Nous reconnaissons que la Bible a une tendance à la hiérarchisation de certains thèmes et idées. Plusieurs passages semblent affirmer que certains éléments dans le texte biblique doivent être priorisés. En Matthieu 22.36-40, Jésus nomme les deux plus grands commandements desquels « dépendent toute la loi et les prophètes ». En Matthieu 23.23, Jésus accuse les scribes et les pharisiens de laisser ce qui est le plus important dans la loi mosaïque. Dieu dit en Osée 6.6 « j'aime la piété et non les sacrifices, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes » (cf. Mt 9.13). Certains passages résument de plus grandes portions du texte biblique comme Michée 6.8, qui résume ce que Dieu recherche en l’homme : qu’il pratique la justice, la miséricorde et l’humilité[34]. Nous croyons donc que l’exercice de rechercher des centres théologiques peut être utile et que des centres peuvent être perçus dans le texte biblique, mais que cette quête n’est pas sans difficulté. Il faut veiller à ne pas imposer des catégories qui ne sont pas utilisées ou permises dans le texte biblique.
Grands thèmes de la théologie biblique
Dans le cadre du grand récit biblique, il est possible de suivre plusieurs trames. C’est ainsi que nous pouvons, notamment, parler d’une théologie biblique de la création ou de la promesse. Plutôt qu’un seul thème biblique, il s’agit de la manière dont la Bible évoque, du début à la fin, les nombreux thèmes qu’elle contient. Voici quelques-unes de ces trames ou thèmes principaux.
La création
Le thème de la création se déploie principalement au tout début du récit biblique, dans le livre de la Genèse. Les enseignements des chapitres 1 à 11 du livre de la Genèse servent de fondements à la suite des Écritures. Quatre points méritent d’être soulignés afin de comprendre la cohérence et la fiabilité de la Bible :
- Créateur, Dieu est distinct de toute la création. C’est la distinction Créateur-créature.
- Ce que Dieu a créé est bon, Dieu le déclare.
- La responsabilité humaine est impliquée par la doctrine de la création : Dieu étant créateur, il fixe les normes du créé et assigne à l’humanité un mandat culturel.
- L’humain est créé par Dieu en son image (Gn 1.26-27) : les humains reçoivent l’autorité de gouverner le reste de la création.
La chute et la rédemption
Genèse 3 est le point de fuite de « l’histoire de la rédemption » qui comprend deux sous-thème : le pouvoir du péché et la grâce de Dieu. La chute d’Adam et Ève dans le péché y est sanctionnée. Dieu, qui est omniscient, connaît aussi bien le bien que le mal, tandis que les humains, dont la connaissance n'est pas exhaustive, n'ont connu le mal que par leur participation au péché originel (Gn 3.6). Cette connaissance humaine du péché produit la « maladie du péché » (disease of sin), qui entraîne la culpabilité et la honte universelles. Dieu considère le péché comme un affront direct à sa personne et prononce des malédictions contre le serpent (Gn 3,13-14) et Adam et Ève (Gn 3,16 ; 4,7). Les rappels de cette affliction sont disséminés dans toute la Bible. Aussi, le récit de la chute originelle révèle aussi quelque chose de la source du mal. Nous pouvons en effet déduire du texte que le serpent créé par Dieu est tombé sous l'emprise du péché avant Adam et Ève.
Dans sa grâce, Dieu répond à l’événement de la manducation du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal en révélant quelque chose de son caractère : tout en maintenant sa souveraineté, il se rend accessible à sa créature déchue. Tandis qu’après la chute, la possibilité de revenir en arrière soit impossible, le texte montre que Dieu prend l’initiative de la rédemption en fournissant à Adam et Ève, qui ont honte de leur nudité, des vêtements pour se couvrir et en les laissant en vie (ou en temporisant la sentence de mort).
L'alliance
Plusieurs alliances sont présentes tout au long du récit biblique. Dieu fait explicitement alliance avec Noé en Genèse 9. Puisqu'il s'agit d'une alliance de recréation, il y a renvoie implicite à une alliance préalable, celle de la création (Gn 1-2). En Genèse 12, Dieu établie son alliance avec le patriarche d'Israël, Abraham. Cette alliance, qui est réaffirmé en Genèse 15 et 17, prévoit des bénédictions et des malédictions. Or c'est Dieu lui-même qui assume la responsabilité d'Israël.
Dans le contexte de l'alliance, le péché est compris comme une transgression, quelque chose qui s'oppose à Dieu et ne tient pas compte de ses commandements. Dans le Nouveau Testament, Paul cite Genèse 15 pour expliquer, après coup, la signification de l'alliance (Ga 3).
La notion d'alliance est liée à la notion de loi. La loi est l'expression de la volonté de Dieu pour son peuple. On la trouve principalement dans les livres de l'Exode et du Deutéronome. En la donnant, Dieu démontre qu’il ne laisse par sa création sans direction. Par l'enseignement de la loi, Dieu se fait connaître au peuple avec lequel il s'est engagé. Toute transgression de la loi constitue une rupture dans la relation souverain-vassal.
En 2 Samuel 7, Dieu fait une alliance avec David dans laquelle il promet que son trône sera établi pour toujours, que sa maison et son royaume seront assurés pour toujours (2 Sam 7, 13-16). Un changement s'opère : médiateur de l'alliance, le roi représente l'ensemble du peuple d'Israël.
L'Ancien Testament annonce un jour où Dieu établira une nouvelle alliance qui sera l’accomplissement ultime de toutes les promesses précédentes (Jr 31, 33 ; Éz 36, 37) . Le Nouveau Testament affirme que Jésus-Christ est celui qui fonde cette nouvelle alliance, par sa mort, sa résurrection et la création de l'Église composée à la fois de Juifs et de Gentils. Quelle que soit son origine, le pécheur entre dans la nouvelle alliance par la foi en Jésus-Christ, par lequel il obtient le pardon absolu de ses péchés, et Dieu vient habiter en lui par le Saint-Esprit.
La promesse
Ce que nous appelons habituellement la « promesse mère » nous est présentée en Genèse 3.15, lorsque Dieu promet de détruire l'emprise du péché sur les humains. Cette promesse est une promesse de rédemption ; Dieu promet de racheter la création déchue. La rédemption est liée à la création originelle et future (nouvelle création). Les promesses se poursuivent avec Abraham en Genèse 12 : terre promise et descendance nombreuse. Notons que toutes les promesses ne sont pas « verbales » et qu'il faut prendre en compte la notion de modèle ou type. La Pâque, par exemple, qui est basée sur la promesse de délivrance, est une pratique que le peuple répète chaque année, afin qu'il se convainque que ce que Dieu a fait dans le passé (délivrance de l'esclavage en Égypte), il le refera dans le futur. Jésus est cet agneau pascal qui accomplit ce que signifiait cette pratique annuelle.
Le thème des promesses et de leur accomplissement n'est pas toujours facile à repérer dans la Bible. Il ressemble souvent à un « océan de montagnes » ; la distance entre chaque sommet est difficile à calculer d'un point de vue global. Aussi, certaines des promesses de Dieu ne s'accompliront qu'après l'achèvement, lors de la seconde venue du Christ.
Enfin, l'une des grandes promesses de l'histoire biblique est celle de la venue d'un messie ou d'un sauveur. L'histoire des Israélites est remplie d'épreuves et de peines, et de nombreux livres bibliques rendent compte des aspects les plus difficiles de la vie à différentes époques et expriment ce que les gens ressentaient face à ces difficultés. Par conséquent, l'attente du salut, de la délivrance est omniprésente. Une fois encore, la promesse de Genèse 3.15 nous oriente en sous-entendant qu’un individu viendra qui sera responsable de « susciter de l’hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance ». Cette promesse est explicitée plus loin dans la Genèse : « Le sceptre ne s’écartera pas de Juda, et l’insigne de chef ne sera pas ôté d’entre ses pieds jusqu’à la venue de celui auquel ils appartiennent et à qui tous les peuples rendront obéissance » (Gn 49.10).
Le temple
Le temple est le lieu de rencontre entre Dieu et son peuple. Le jardin d'Éden, où demeuraient Adam et Ève en présence de Dieu, est un type du temple. La distinction Créateur-créature est ici fondamentale et nous rappelle qu'un peuple pécheur tente d'approcher un Dieu saint. Selon la loi de Dieu, cette rencontre n'est possible que sur la base d'un sacrifice avec effusion de sang (Ex 25-28 ; Lv 16-17). Lorsque Dieu a couvert la nudité d'Adam et d'Ève, un animal a été tué pour que sa peau leur serve de vêtement (Gn 3.21). Cette pratique se poursuit dans l'optique de l'expiation des péchés. Cette expiation a lieu à l'intérieur du temple.
Le Tabernacle, conçu par le roi David (1 Ch 28) et construit par son fils Salomon (1 R 6), est décrit dans le livre de l'Exode aux chapitres 25-27 et 33. Les prêtres qui forment le sacerdoce sont chargés d'accomplir les décrets de la loi cérémonielle au nom du peuple. Coupable de toutes sortes de péchés, la faute du peuple est expiée par le sang (symbole de la vie) d'un animal sacrifié. Le temple (ou tabernacle) est donc le lieu de la réconciliation entre Dieu et ses créatures. Il représente la sainteté de Dieu, mais invite les humains pécheurs à y entrer. La gloire de Dieu remplit le temple (Éz 43) ; « la gloire du Seigneur remplissait son temple » (1 R 8.11). Le temple est structuré en cercles concentriques qui mènent à un noyau toujours plus saint et donc inaccessible. Jésus dit que son propre corps est un temple (Jn 2.19-21) et qu’il est venu « donner sa vie en rançon » (Mc 10.45). Jean Baptiste dit de Jésus qu'il est « l'Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde » (Jn 1.29). En suivant le thème du temple tout au long de la Bible, nous voyons que des cercles concentriques de sainteté mènent à Jésus-Christ.
Le sacerdoce
Dans l'Ancien Testament, le sacerdoce est la fonction d'un groupe de prêtres appelés à travailler dans le temple en Israël. Ils sont les médiateurs entre Dieu et son peuple. Dieu choisit une lignée israélite (la lignée de Lévi) pour la prêtrise. Les Lévites sont chargés d'enseigner le peuple dans la connaissance de Dieu. Dans le Nouveau Testament, Pierre écrit que les disciples de Jésus sont « une communauté de prêtres-rois » (1 P 2.9) ; le sacerdoce institué dans l'Ancien Testament n'était pas conçu pour durer. Après la venue de Jésus, c’est lui le « seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tm 2.5).
Le sacrifice
La thème du sacrifice dans la Bible est étroitement liée à la substitution. La sacrifice de Jésus est d’ailleurs considérée comme une mort substitutive. Dans l'Ancien Testament, un animal (ou le produit d'un animal) était jeté dans les flammes comme substitut de la personne qui respectait la loi du péché. Cette personne apportait une offrande sacrificielle pour apaiser la juste colère de Dieu. Dans tout l'Ancien Testament, si nous suivons le fil du thème du sacrifice, nous verrons qu'il s'entrelace avec celui de la loi, car qui dit sacrifice dit transgression et pour qu'il y ait transgression, il faut nécessairement qu'il y ait une loi à transgresser.
La théologie biblique et l’Église
La théologie biblique appartient avant tout à l’Église[35]. Étudier l’Écriture et en faire l’exposition dans sa totalité doit être le but constant de l’Église. Tous les chrétiens et les prédicateurs sont appelés à utiliser les outils que la théologie biblique fournit afin d’exposer fidèlement la Parole de Dieu.
La théologie biblique a une place importante dans la prédication[36]. Les prédicateurs ont la responsabilité d’exposer droitement la Parole de la vérité (2 Tm 2.15). Leur tâche ne consiste pas à enseigner quelques parties de la Bible qu’ils considèrent comme plus utiles que d’autres. Ils doivent, comme l’a fait Paul, « annoncer tout le conseil de Dieu » (Ac 20.27). Toutes les sections de la Bible doivent être sujet d’étude et d’exposition. Les chrétiens doivent modeler leur théologie biblique sur l’exemple de Jésus et des apôtres (Lc 24.44-47 ; Ac 28.23). Le prédicateur doit aider les auditeurs à placer le texte dans son contexte immédiat, selon sa place dans l’histoire de la rédemption et dans le cadre de toute la Bible. Il doit permettre aux auditeurs de voir la cohérence du message de la Bible au sein de la diversité littéraire des différentes parties. Il doit aussi faire comprendre aux auditeurs ce qu’un passage enseigne à propos de Dieu ainsi qu’à propos de Jésus-Christ et de l’Évangile[37]. Le centre de toute prédication devrait constamment être la gloire de Dieu telle qu’elle est révélée en Jésus-Christ.
Conclusion
En conclusion, la théologie biblique a un rôle et une valeur importants dans le processus d’interprétation des Écritures. Cette discipline a connu un essor important au cours des dernières décennies et sa place est aujourd’hui bien reconnue au côté des grandes disciplines théologiques. C’est cette discipline plus qu’aucune autre qui nous donne une vision d’ensemble du grand récit de la Bible. Elle nous permet de reconnaître et d’apprécier l’unité de la Bible au sein de sa grande variété littéraire. Ce grand récit pourrait être comparé à une route au milieu d’un champ. Nous pouvons nous éloigner à gauche ou à droite et étudier différentes parties ou différents sujets au sein de la Bible, mais si nous gardons la route à portée de vue, nous ne perdrons pas notre chemin. Le grand récit biblique est ce qui donne la cohésion et le sens à toute la Bible. Situer un texte selon sa place dans l’histoire de la rédemption nous permet de constamment garder le grand plan de Dieu en perspective. Il est nécessaire que dans notre théologie biblique nous donnions la place prééminente à Jésus-Christ. Il est la clef de la compréhension du plan de Dieu dans l’histoire. Il est celui que l’Ancien Testament annonçait. Le plan et le salut de Dieu se réalisent et s'accomplissent en lui. Avec Paul nous pouvons affirmer que « c’est en lui que Dieu a dit oui à tout ce qu’il avait promis. Aussi est-ce par lui que nous disons oui, amen, pour que la gloire revienne à Dieu » (2 Co 1 :20).
Notes et références
- ↑ J. P. Gabler est fréquemment considéré comme le père de la théologie biblique. Il a contribué à tracer une distinction entre la théologie biblique et la théologie systématique. Il existe une traduction anglaise de son discours inaugural originalement en latin. Voir John SANDYS-WUNSCH et Laurence ELDREDGE, J. P. Gabler and the Distinction between Biblical and Dogmatic Theology: Translation, Commentary, and Discussion of His Originality, Scottish Journal of Theology 33, 1980, p. 133-155.
- ↑ Brian S. ROSNER, « La Théologie Biblique », dans T. Desmond ALEXANDER et Brian S. ROSNER sous dir., Dictionnaire de Théologie Biblique, Cléon d’Andran, Excelsis, p.3-11. Le Dictionnaire de Théologie Biblique est l’ouvrage de référence en français sur le sujet de la théologie biblique.
- ↑ Plusieurs ouvrages utilisant l’aspect d’analyse de la théologie biblique ont été publié dans la série New Studies in Biblical Theology aux éditions InterVarsity Press.
- ↑ Ce type de questions, ici et au paragraphe suivant, est inspiré de Dominique ANGERS, Qu’est-ce que la théologie du Nouveau Testament ? Notes de cours 1 (Théologie du Nouveau Testament), Faculté de Théologie Évangélique, Montréal, 2019.
- ↑ Goldsworthy écrit : « La théologie biblique est l’étude de comment chaque texte de la Bible est lié à Jésus et son Évangile. (…) La théologie biblique est christologique car son sujet est la Bible entière en tant que témoignage à Christ. La Bible est ainsi, du début à la fin, une étude de Christ ». Notre trad. Graeme GOLDSWORTHY, Christ-Centered Biblical Theology : Hermeneutical Foundations and Principles, Downers Grove, InterVarsity Press, 2012, p.40.
- ↑ Notre trad. Andrew David NASELLI, « What Do We Mean by Biblical Theology? », dans Jason S. DEROUCHIE, Andrew David NASELLI, 40 Questions about Biblical Theology, Grand Rapids, Kregel Academic, 2020, p.20.
- ↑ Graeme GOLDSWORTHY, Christ au cœur de la prédication, Charols, Excelsis, 2005, p. 109.
- ↑ Ces catégories sont proposées par Richard Lints. Il suggère d’interpréter le texte biblique selon trois horizons : l’horizon textuel (le contexte immédiat ; l’exégèse), l’horizon d’époque (selon sa position dans l’histoire de la rédemption) et l’horizon canonique (en relation avec tout le canon biblique). Richard LINTS, The Fabric of Theology : A Prolegomenon to Evangelical Theology, Grand Rapids, Eerdmans, 1993, p.259-311.
- ↑ Sur le sujet des présuppositions dans la théologie biblique, voir Oren R. MARTIN, « What Must We Presuppose to Do Biblical Theology? », dans Jason S. DEROUCHIE, Oren R. MARTIN, Andrew David NASELLI, op.cit., p.111-118.
- ↑ Kimble et Spellman suggèrent que le cœur de la théologie biblique consiste à explorer trois catégories et leurs rapports mutuels : le canon, les alliances et Christ. Jeremy M. KIMBLE et Ched SPELLMAN, Invitation to Biblical Theology : Exploring the Shape, Storyline, and Themes of Scripture, Grand Rapids, Kregel Academic, 2020, p.53-55. Voir également Matthew BARRETT, Canon, Covenant and Christology : Rethinking Jesus and the Scriptures of Israel, Downers Grove, InterVarsity Press, 2020, 384 pp.
- ↑ Amar DJABALLAH, L’Herméneutique de la Bible, Notes de cours (Herméneutique 1), Faculté de Théologie Évangélique Acadia, Montréal, 2010, p.78.
- ↑ Geerhardus Vos par exemple qualifie la théologie biblique de branche de la théologie exégétique. Geerhardus VOS, Biblical Theology : Old and New Testaments, Eugene, Wipf & Stock, 2003, p.5. Certains parlent même d’une « exégèse biblico-théologique ». Voir Aubrey SEQUEIRA et Samuel C. EMADI, « Biblical-Theological Exegesis and the Nature of Typology », The Southern Baptist Journal of Theology, Vol. 21, No. 1, Spring 2017, p.11-34.
- ↑ Ce concept est connu sous le nom de Sensus Plenior.
- ↑ Pour un article en français sur le sujet, voir D. A. CARSON « Théologie Biblique et Théologie Systématique » dans T. Desmond Alexander et al, Dictionnaire de Théologie Biblique, Charols, Excelsis, 2006, p.98-114.
- ↑ Andrew David NASELLI, How to Understand and Apply the New Testament: Twelve Steps from Exegesis to Theology, Phillipsburg, P&R Publishing, 2017, p.235.
- ↑ Oren R. Martin, « How Does Biblical Theology Compares to Other Theological Disciplines? » dans Jason S. DEROUCHIE, Oren R. MARTIN, Andrew David NASELLI, op.cit., p.124-125.
- ↑ Michael B. SHEPHERD, The Textual World of the Bible, Studies in Biblical Literature vol, 156, New York, Peter Lang, 2013 cité dans Jeremy M. KIMBLE et Ched SPELLMAN, op.cit., p.64. Shepherd inclut trois autres sommaires du Nouveau Testament (Ac 7 ; 13.13-41 ; Hb 11) pour un total de 21 sommaires.
- ↑ Sur les 21 sommaires identifiés par Michael B. Sherpherd (incluant les trois sommaires du Nouveau Testament : Ac 7 ; 13.13-41 ; Hb 11), nous retrouvons ces personnages et événements : la création du monde (3 fois), Abel et Caïn (1 fois), Énoch (1 fois), Noé (1 fois), Abraham (5 fois), Isaac (4 fois), Jacob (5 fois), Joseph (2 fois), Moise (2 fois), le peuple d’Israël en Égypte (7 fois), l’exode d’Égypte (21 fois), Israël dans le désert durant 40 ans (11 fois), l’entrée/l’occupation de la terre promise (18 fois), la désobéissance d’Israël dans la terre promise (11 fois), Saül (1 fois), David (3 fois), Salomon (1 fois), l’exil (2 fois) et le retour d’exil (2 fois).
- ↑ Chris BRUNO, Jared COMPTON, Kevin McFADDEN, Biblical Theology According to the Apostles: How the earliest Christians told the story of Israel, Downers Grove, InterVarsity Press, 2020, 248 pp.
- ↑ Ces catégories sont proposées par Andreas J. KOSTENBERGER, The Present and Future of Biblical Theology, Themelios, Volume 37, Issue 3, November 2012, p.445-464. Certains exemples des différentes approches sont tirés de cet article ainsi que de Jeremy M. KIMBLE et Ched SPELLMAN, op.cit., p.244-246.
- ↑ Voir une liste de centres fréquemment proposés par Andrew David NASELLI, « Does the Bible Have One Central Theme? » dans Jason S. DEROUCHIE, Oren R. MARTIN, Andrew David NASELLI, op.cit., p.147-148 ainsi que Craig L. BLOMBERG, « L’unité et la diversité de l’Écriture », dans T. Desmond ALEXANDER, et Brian S. ROSNER sous dir., op.cit., p.71-72. Blomberg donnent une liste pour chaque Testament ainsi que pour la Bible en entier.
- ↑ James M. HAMILTON JR, God’s Glory in Salvation through Judgment : A Biblical Theology, Wheaton, Crossway, 2010, 640 pp.
- ↑ J. Scott DUVALL et J. Daniel HAYS, God’s Relational Presence : The Cohesive Center of Biblical Theology, Grand Rapids, Baker Academic, 2019, 416 pp.
- ↑ À titre d’exemple, Duvall et Hays affirment: « ce méga-thème est le fil conducteur de l'histoire biblique, unissant et fournissant une cohésion à tous les autres thèmes majeurs du canon, tels que l'alliance, le royaume, la création, la sainteté, la rédemption, la loi et la grâce, le péché et le pardon, la vie et la mort, l'adoration et la vie d’obéissance. Il s’agit, en effet, du centre cohésif de la théologie biblique […] Tous les thèmes et sous-thèmes centraux de la théologie biblique dépendent en fin de compte du centre pour leur intégrité structurelle et leur cohésion, même si la manière spécifique d’interconnexion, tant sur le plan historique que théologique, peut sembler complexe. Ainsi, à partir du récit biblique dans son ensemble, nous pouvons conclure que le centre cohésif de la théologie biblique est le méga-thème porteur de l'intrigue de l'histoire du début à la fin ». Notre trad. Ibid. p.1-2, 5.
- ↑ Il est admis que la recherche d’un seul centre théologique à la Bible a été majoritairement abandonné. Scobie affirme : « il est difficile de comprendre l’obsession de vouloir trouver un seul thème ou centre pour la théologie de l’AT ou du NT, voir même pour une théologie de la Bible entière. Il est largement acquis aujourd’hui que la quête d’un centre unique a échoué ». Notre trad. Charles H.H. SCOBIE, The Ways of our God : An Approach to Biblical Theology, Grand Rapids, Eerdmans, 2003, p.87.
- ↑ À titre d’exemple, Kostenberger dit que le centre proposé par Hamilton (la gloire de Dieu dans le salut par le jugement) fonctionne bien dans la littérature prophétique alors que pour d’autres livres bibliques (Esther, Proverbes, Cantique des Cantiques, Matthieu, Philémon) l’idée semble être imposé artificiellement. Andreas J. KOSTENBERGER, op.cit., p.454.
- ↑ Voir par exemple Brevard Childs et son ouvrage Biblical Theology of the Old and New Testaments : Theological Reflections on the Christian Bible. Il dédie la dernière et plus large portion de son ouvrage à l’étude des grands thèmes bibliques. Il divise les chapitres selon dix thèmes : 1) l’identité de Dieu, 2) Dieu le créateur, 3) Alliance, élection et peuple de Dieu, 4) Jésus le Seigneur, 5) Réconciliation avec Dieu, 6) Loi et Évangile, 7) L’ancienne et la nouvelle humanité, 8) Foi biblique, 9) Le royaume et le règne de Dieu, 10) L’éthique chrétienne. Brevard S. CHILDS, Biblical Theology of the Old and New Testaments : Theological Reflections on the Christian Bible, Minneapolis, Fortress Press, 1993, p.349-716.
- ↑ Un auteur qui a adopté cette approche est Charles H. H. Scobie. Dans son ouvrage The Ways of our God : An Approach to Biblical Theology, il propose un ensemble de thèmes et de sous-thèmes qui forment le centre en suivant la grille ‘proclamation-promesse accomplissement-achèvement’. Il affirme que les centres habituellement proposés peuvent être résumés en quatre catégories : l’ordre de Dieu, le serviteur de Dieu, le peuple de Dieu et la voie de Dieu. Charles H.H. SCOBIE, op.cit., p.92-99. Voir spécialement le schéma à la page 99.
- ↑ Les auteurs anglophones emploient les termes « storyline », « plotline » ou « meta-narrative ».
- ↑ D. A. Carson par exemple affirme : « la Bible dans son ensemble raconte une histoire qui, lorsque utilisée correctement, peut servir de métarécit pour façonner notre compréhension de la foi chrétienne ». Notre trad. D. A. CARSON, The Gagging of God : Christianity Confronts Pluralism, Grand Rapids, Zondervan, 1996, p. 194. Un ouvrage récent qui utilise cette approche est G. K. BEALE, A New Testament Biblical Theology : The Unfolding of the Old Testament in the New, Grand Rapids, Baker Academic, 2011, 1047 pp. Voir la page 16 pour un résumé de sa proposition du centre de la trame narrative.
- ↑ Une variante de cette approche est proposée par Daniel J. Brendsel. Daniel J. BRENDSEL, Plots, Themes, and Responsibilities: The Search for a Center of Biblical Theology Reexamined, Themelios, Volume 35, Issue 3, November 2010, p.400-412. Il affirme qu’à la trame narrative et aux thèmes doit aussi s’ajouter l’idée de responsabilité, c’est-à-dire d’obéissance, de repentance, de proclamation. Il dit : « La synthèse d’une trame, de thèmes et de responsabilités constitue un résumé adéquat du message des Écritures, et il s’agit du but ainsi que de l’objet de la recherche d’un centre à la théologie biblique » (p.404, Notre trad).
- ↑ Ces critiques sont exprimées par Daniel J. BRENDSEL, op.cit., p.400-412. Beale répond à ces critiques dans G. K. BEALE, op.cit., p.165-168.
- ↑ Plusieurs pourraient s’objecter à une recherche trop complexe d’un centre en affirmant : pourquoi ne pas simplement dire que Jésus-Christ est le centre ? Bien que nous sommes d’accord que tout le plan divin est centralisé sur Lui, cette proposition nous apparaît trop générale et imprécise. Ce que Jésus-Christ a accompli dans sa vie, sa mort, sa résurrection et ce qu’il accomplira dans le futur implique un grand nombre de thèmes bibliques. Si nous voulons rendre justice à la profondeur et la richesse de la personne de Jésus ainsi qu’à son rôle central dans le grand récit biblique, il nous faut plus qu’un seul mot. Voir D. A. CARSON, « New Testament Theology », Dictionary of Later New Testament and Its Developments, Ralph P. Martin & Peter H. Davids sous dir., Downers Grove, InterVarsity Press, 1997, p.810.
- ↑ Ces exemples sont cités par Daniel J. BRENDSEL, op.cit., p.409.
- ↑ Pour un ouvrage en français le sujet, voir Nick ROARK et Robert CLINE, La Théologie Biblique : Comment Enseigner Fidèlement L’Évangile dans L’Église, Trois-Rivières, Éditions Cruciforme, 2020, 206 pp.
- ↑ Pour un article sur le sujet, voir Craig L. BLOMBERG « La Théologie Biblique et la Prédication » dans T. Desmond ALEXANDER et Brian S. ROSNER sous dir., Dictionnaire de Théologie Biblique, Cléon d’Andran, Excelsis, p.115-126.
- ↑ Roark et Cline proposent cinq angles d’interprétation guidant toute étude ou prédication sur un texte. Ces cinq angles, débutant tous par la lettre C, sont le contexte (quel est le contexte histoire et littéraire du passage ?), le contrat (au sein de quelle alliance biblique ce passage est-il rattaché ?), le canon (en quoi ce passage se rattache-t-il avec d’autres sections de la Bible ?), le caractère de Dieu (qu’est-ce que ce passage nous enseigne sur Dieu ?) et Christ (qu’est-ce que ce passage nous enseigne sur Christ et sur l’Évangile ?). Nick ROARK et Robert CLINE, op.cit., p.116-130.
Bibliographie
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