Inerrance
La Bible est un livre spécial et unique composé de deux parties, l’Ancien et le Nouveau Testament, dont la rédaction s’étend sur plusieurs siècles. Aucun autre ouvrage dans le monde ne peut rivaliser ou être comparé à ce prodigieux écrit qui a changé la vie de millions de personnes à travers les époques. L’Écriture se déclare elle-même Parole de Dieu et inerrante. Cependant, ce dernier point a souvent été remis en question, en particulier dans les derniers siècles par des branches du christianisme dont celles des libéraux, des néo-orthodoxes, parfois même chez les évangéliques. Pourtant, l’inerrance est un aspect essentiel dans la théologie chrétienne et un pilier fondamental de l’orthodoxie au sein de l’Église afin de maintenir une sainte doctrine, conforme à une juste représentation de Dieu, qui ne devienne pas arbitraire et subjective. Il est donc impératif de répondre à la question de l’inerrance biblique. Le présent article a pour but de clarifier cette question en définissant proprement ce qu’est l’inerrance, en présentant les différentes positions, en regardant ce que la Parole de Dieu permet de déclarer à son sujet. Enfin, dans notre prise de position, nous partirons du présupposé selon lequel la Bible est un texte particulier formant un tout qui transmet le logos de Dieu.
Sommaire
Qu’est-ce que l’inerrance ?
Définition
Il est nécessaire, avant d’embarquer dans le vif de l’argumentation, de bien définir l’inerrance, pour bien cerner la question et ses enjeux, et de réduire considérablement le risque de mauvaise compréhension liée au terme, ce qui pourrait conduire à de graves erreurs théologiques, et donc pratiques. Comme le fait remarquer G.E. Moore[1], l’un des problèmes majeurs quand il est question de débattre d’un enjeu est d’essayer de répondre à la question avant même de savoir à quelle question il faut répondre.
L’inerrance est l’infaillibilité de la Bible dans ce qu’elle annonce. Selon Wayne Grudem, l’inerrance de l’Écriture signifie que l’Écriture, dans les manuscrits originaux, n’affirme rien qui soit contraire aux faits[2]. Il est important de noter, comme le dit Grudem, que l’inerrance complète ne peut être trouvée que dans les écrits originaux. En effet, les documents que nous avons présentement sont souvent des traductions de copies de copies. Cela peut avoir conduit à un changement ou à une altération du texte. Cela dit, ce n’implique pas qu’il faille être trop méfiant envers ce que nous avons, puisque nous savons maintenant, grâces à de nombreuses recherches érudites, que les textes que nous possédons sont, pour la plupart, très conformes aux textes originaux. Henri Blocher décrit avec plus de détails : « La sûreté de l’Écriture, Parole de Dieu, la fait entièrement digne de foi dans sa révélation de Dieu et de la voie du salut, dans sa relation des faits, dans ses promesses : bref, dans tout ce qu’elle enseigne ou qu’elle affirme[3]. », mais, comme il l’explique ensuite, l’infaillibilité de la Bible ne peut pas se référer aux erreurs grammaticales, que nous savons êtres présents à quelques endroits dans les écrits, puisque ces dernières se réfèrent à un usage humain et donc faillible tandis que le sens du texte vient de Dieu et seule la sémantique est donc inerrante ; l’imperfection grammaticale ne remet pas en question la véracité du discours.
Ce que l’inerrance concerne
L’inerrance s’attache à la seule sémantique du texte : il faut bien le comprendre. Il n’est pas en notre pouvoir d’imputer à l’Écriture un sens qui lui est étranger[4].
L’inerrance vaut pour les affirmations que l’auteur inspiré (qui parle au nom de Dieu) propose comme étant véridique[5].
L’inerrance concerne la totalité des affirmations des auteurs inspirés, et non seulement les propositions principales de leur enseignement[6].
Ce que l’inerrance ne concerne pas
L’inerrance ne concerne pas les erreurs grammaticales
Elle ne vaut pas nécessairement pour les affirmations d’un auteur inspirées qu’il rapporte ou présente comme incertaines. Et de ses opinions privées que l’on peut parfois lire entre les lignes.
Les positions courantes sur l’inerrance
L’approche libérale
Pour les libéraux, la connaissance de Dieu se fait par l’homme et est dépendante de lui. Dieu en créant l’homme a fait en sorte, par l’ordre de sa création, que l’être humain parvienne à savoir des vérités sur Dieu grâce à sa propre raison. La Bible est, pour eux, une œuvre éloquente et très impressionnante qui, cependant, est classée comme étant égal, en terme de nature, à tout autre écrit religieux ou philosophique, tant ancien que moderne. Ainsi, la Bible n’est point considérée comme étant inerrante. Les libéraux sont donc anthropocentriques dans leur manière de voir les choses : comme l’homme est faillible, la Bible l’est aussi.
L’approche néo-orthodoxe
Pour les néo-orthodoxes, c’est le contraire. Si Dieu ne se révélait pas par pure grâce, l’homme ne pourrait jamais le connaître. La différence ontologique de Dieu face à l’homme est si grande et la Révélation divine est tellement absolue que celle-ci demeure étrangère à l’homme. Dans les mains de l’être humain, la Révélation est ambivalente et instable. L’homme ne peut transcender son objet d’immanence et ne peut donc pas avoir une révélation infaillible de Dieu. L’approche est théocentrique, et radicalement opposée à la théologie naturelle[7].
L’approche catholique
Pour les catholiques, il y a deux façons de connaître Dieu. Premièrement, il y a par la révélation naturelle, au moyen de la raison, ce qui permet de prouver l’existence de Dieu. Deuxièmement, il y a par la révélation spécifique. Cependant cette dernière manière doit être faite absolument avec l’aide de l’Église et au recours à la tradition. La Bible est dite inerrante, mais cela doit être conforme avec la tradition. Par son recourt obligatoire à la tradition, l’approche catholique tend vers l’anthropocentrisme. Il est aussi à noter que plusieurs catholiques rejettent la doctrine de l’inerrance.
L’approche évangélique
Pour les évangéliques, l’homme est en état de dépravation totale ; il est pécheur dès sa naissance[8]. Le seul moyen d’avoir une connaissance de Dieu est par une gracieuse Révélation de ce dernier. Si la révélation générale permet de voir qu’il y a un Dieu, la seule façon d’entrer en relation personnelle avec ce dernier est par la révélation spécifique, qui est sa Parole. Cette même Parole s’est faite chair afin de se sacrifier pour son peuple. Pour les évangéliques, l’Écriture possède cinq qualités parfaites : autorité, suffisance, nécessité, clarté et inerrance. Cette position est donc théocentrique. Elle montre que Dieu utilise l’homme dans sa grande souveraineté et par amour. La déclaration de Chicago illustre bien ce point de vue : « Dieu qui est lui-même la vérité et ne dit que le vrai, a inspiré l’Écriture Sainte pour se révéler lui-même par elle aux hommes perdus, pour se révéler en Jésus Christ, comme le Créateur et le Seigneur, le Rédempteur et le Juge. L’Écriture sainte est le témoignage que Dieu se rend à lui-même[9]. »
Cinq points bibliques mettant en valeur l’inerrance
Comme le dit A. T. B McGowan, la théologie est au service de l’écriture et même si nous devons toujours nous réformer (semper reformenda), cela doit toujours être conforme à l’autorité de la parole de Dieu[10].
L’inspiration
C’est en partie dans 2 Timothée 3.18 que la doctrine de l’inspiration est la plus claire : « Toute Écriture est inspirée de Dieu […] » Le passage nous montre que toute Écriture vient de Dieu, spirée de lui, et de son souffle (θεοπνευστος). Il faut noter que dans tout le Nouveau Testament, à chaque fois que le terme Écriture (γραφή) est utilisé, cela fait référence aux Saintes Écritures. L’exégèse de ce verset nous démontre clairement que l’inspiration est quelque chose qui a rapport avec le texte de l’Écriture et non pas à la subjectivité interne de l’écrivain[11]. Pour Paul D. Feinberg, tant le contenant que le contenu sont la Parole inspirée de Dieu. La phrase ne vient pas sans chaque mot individuel[12]. Certains vont dire que c’est seulement en matière de foi et de salut que la Bible est inspirée de Dieu, mais qu’elle peut se tromper sur d’autres faits comme le croit Stephen T. Davis[13]. Mais Lloyd-Jones critique cette position lorsqu’il affirme :
The whole Bible comes to us and offers itself to us in exactly the same way, and as a whole. There is no hint, no suspicion of a suggestion that parts of it are important and parts are not. All come to us in the same form.[14]
L’inspiration est donc une sorte de miracle par lequel Dieu utilise l’homme afin de transmettre son message. La Bible est un produit divin et humain. Or puisque Dieu est dans l’équation, le message est nécessairement vrai. On peut même faire l’analogie avec Jésus-Christ qui est le logos éternel devenu chair, parfaitement homme et parfaitement Dieu, exempt de péché. Comme le dit si bien J. I Packer, « L’Écriture a deux auteurs, et l’auteur humain ne vient qu’en second ; l’auteur premier, de qui vient l’initiative, l’incitation et l’illumination, et sous le contrôle de qui l’auteur humain a travaillé, est Dieu le Saint-Esprit[15]. »
L’accréditation
Un deuxième aspect vient étayer la doctrine de l’inerrance : l’accréditation du prophète et de son message. Il y a une analogie entre le prophète comme porte-parole de Dieu et l’Écriture. Dans la prophétie vétérotestamentaire, la communication de la Parole de Dieu se faisait soit à l’oral, ce qui pouvait être par la suite mis par écrit, soit d’abord à l’écrit. Dans les deux cas, la communication passait par un homme. Les deux principaux passages sur ce thème sont Deutéronome 13.1-5 et 18.20-22. Ces passages révèlent trois critères pour l’accréditation[16]. (1) Le prophète ne doit pas parler au nom d’un autre Dieu que YHWH, cela est relativement facile à voir et la désobéissance est punie de mort. (2) Le prophète ne doit pas dire quelque chose de faux. Ce critère est fait pour distinguer le message qui vient de Dieu de ce qui vient de l’homme. Le message doit être en accord avec la création de Dieu : cela doit être corrélatif, pour montrer que c’est véridique et donc provenant de Dieu. (3) Le prophète ne doit pas parler de ce qui n’arrivera point. Ce critère réfère aux messages de jugement ou de prédiction du prophète. La véracité de ses propos se démontre par l’accomplissement ou l’échec de leur réalisation. Le prophète dans l’Écriture est donc accrédité par la totale et absolue infaillibilité de son message.
L’autorité de l'Écriture
L’autorité de l’Écriture est un autre point qui vient mettre en lumière l’inerrance biblique. Il y a deux passages qui sont incontournables à ce sujet. En Matthieu 5.17-20, Jésus vient montrer qu’il n’est pas venu pour détruire la loi, mais pour l’accomplir. L’autorité de la loi peut être vue dans le fait que chaque détail de l’Écriture finira par être accompli et qu’il faut y obéir totalement et tout enseigner. L’autre passage est Jean 10.34-35. Dans ce dernier, Jésus, lors d’une dispute, cite Psaume 82.6 afin de montrer que l’Écriture ne peut être ni supprimée, ni brisée, donc pour illustrer qu’elle a complète autorité sur l’homme. Or quel lien entre l’autorité de la Bible et l’inerrance ? Ces deux affirmations sont en fait interreliées ; l’une ne peut pratiquement pas exister sans l’autre. En effet, qui obéirait à quelque chose de faux ou d’erroné ? Si l’Écriture était faillible cela n’enlève-t-il pas son pouvoir autoritaire ? Beegle dit pourtant que quelques erreurs n’implique pas un rejet total de son autorité[17]. Cependant, Charles C. Ryrie réplique ainsi : « Réfléchissons bien : si la bible contient des erreurs, qu’elles soient nombreuses ou non, comment être sûr que sa présentation de Christ est correcte[18]? » Surtout que ce n’est pas n’importe qui qui ferait l’erreur, mais Dieu lui-même, celui dont la Bible dit qu’il est le Créateur de l’univers.
L’Écriture utilisant l’Écriture
Un autre phénomène se référant à l’inerrance est la façon dont l’Écriture utilise l’Écriture dans sa propre argumentation. Il y a trois cas d’argumentation différents majeurs où l’on peut voir ceci se produire. En premier lieu, il y a les cas où cela est bâti sur un seul mot. Dans Matthieu 22.43-45 Jésus fonde tout son raisonnement sur le mot Seigneur. Jésus cite Psaume 110.1 et utilise le seul mot Seigneur pour déclarer sa divinité. Encore une fois, dans Jean 10.34-35, l’argument de Jésus est basé sur le seul mot Dieu du Psaume 82 verset 2. Deuxièmement, il y a des cas ou tout le raisonnement est construit sur le temps d’un verbe. En Matthieu 22.32, Jésus utilise le temps présent du verbe être (je suis) pour montrer la véracité de la résurrection. Le dernier cas, est celui où l’argumentaire se fait sur le genre et nombre d’un mot. En effet, en Galates 3.16, Paul montre que, dans la promesse de Genèse 12.7, le mot hébreu pour semence ou descendant pouvait être tant singulier que pluriel, et qu’il est en fait singulier. Seulement en utilisant le nombre d’un mot de l’Écriture, il fait une exégèse qui lui sert à définir ceux qui sont le vrai Israël. Enfin, dans tout débat, si la Bible n’est pas inerrante, il est difficile de voir le point de ses arguments[19].
La nature de Dieu
Plusieurs fois dans l’Écriture sainte, nous lisons que Dieu ne peut pas mentir (Nombres 23.19, 1 Samuel 15.29, Tite 1.2, Hébreux 6.18). Dans Romains 3.4, Paul déclare, en mettant l’emphase sur le fait que Dieu est vrai et que sa fidélité ne peut être changée malgré le manque de foi que quelques-uns peuvent avoir. Jésus dit à Dieu : ta Parole est vérité (Jean 17.17). Si les Écritures se disent de Dieu et que sa personne est derrière ce grand ouvrage, il est impossible que la Bible comporte d’erreur. Il est tout aussi intéressant de noter que dans la Bible on ne dit pas que Dieu est vrai, mais que Dieu est vérité, ce qui fait en sorte que c’est lui qui est le critère de vérité. C’est seulement par lui que l’on peut savoir si une certaine chose est vrai ou non. Les Écritures sont premièrement le reflet de Dieu, et Dieu est premièrement un Dieu de vérité. C’est pourquoi ce qu’il dit, annonce et fait ne peuvent faillir[20]. Louis Berkhof traduit bien cette pensée : « He is also the truth in a ethical sense, and as suchs reveals Himself as He really is, so that His revelation is absolutely reliable[21].» Dieu est majestueux et c’est par ses attributs parfaits et glorieux qu’il peut être Dieu. Nous pouvons entrer en relation personnelle avec ce Dieu, justement au moyen d’une parfaite confiance en lui qui repose sur le fait que nous le savons fidèle et véridique en tout point. L’Évangile est donc conforme à sa personne et c’est pourquoi nous pouvons avoir confiance en Jésus-Christ. Comme l’exprime E. J. Young :
If God as communicated wrong information even in so-called unimportant matters, He is not a trustworthy God. If, as a matter of fact, the revelation of God is not free of error, the message of Christianity must ever remain in doubt.[22]
De plus, si Dieu est Saint et Juste[23], il doit pouvoir satisfaire à ses propres attributs. Il dit que le mensonge mérite le châtiment, puisque cela va à l’encontre des commandements qu’il a transmis par écrit. Dans le même ordre d’idées, il déclare qu’il inspire les auteurs de la Bible. Si l’Écriture qu’il déclare être inspirée par lui est faillible, il en résulte une contradiction de sa propre nature divine. Résultat : Dieu n’est plus Dieu. Ou comme dirait Nietzche : Dieu est mort.
Prise de position
Réponses aux diverses approches
Nous avons clarifié précédemment que l’inerrance est l’affirmation selon laquelle l’Écriture ne peut rien affirmer de faux, sauf en cas d’implication de l’auteur[24]. Nous avons vu qu’il y a plusieurs positions concernant l’inerrance la Bible. Pour ce qui est des libéraux, leur position est insoutenable, puisqu’ils ont une vision anthropocentrique, centrée sur la raison humaine, du moyen de découvrir Dieu. De plus, en raison de la chute de l’homme et de sa corruption totale il est impossible d’atteindre Dieu. Il n’y a aucun moyen d’atteindre la propitiation par nous même au moyen de notre intelligence qui est atteinte par le péché. La seule façon de connaître Dieu est par la révélation spéciale qui doit être sans erreur pour rendre justice au vrai Dieu, Créateur de l’univers qui soutient toute chose et qui mérite son titre en raison de ses attributs quantitatif et qualitatif d’être sans défauts (dont l’attribut de la véracité[25]). Les libéraux ne peuvent donc pas mettre la Bible comme étant l’égal de n’importes quels autres écrits et utiliser les mêmes méthodes critiques, puisque dans l’histoire la Bible a montré qu’elle était ontologiquement différente, transcendant la nature humaine.
Les néo-orthodoxes croient que Dieu est tellement différent de sa création qu’il est impossible à ce dernier de transmettre une révélation digne de foi et infaillible à l’homme, puisque ce dernier est incapable de jouer le rôle voudrait de lui. En effet, pour eux, ce n’est pas Dieu qui est le problème, mais l’homme (ce qui n’est pas totalement faux). Or, si nous croyons en un Dieu souverain qui dirige l’histoire et chaque petit détail tout en proclamant l’homme libre (quel mystère!), il n’y a aucun problème au fait que la Bible soit inerrante, car provenant de la grande et mystérieuse souveraineté de Dieu. Si le fait que Dieu agisse dans l’histoire rendait impossible la doctrine de l’inerrance, notre foi serait subjective et nous sélectionnons ce que nous croyons arbitrairement ! Paul Wells dit à forte raison contre la pensée Barthienne :
Et si l’on dit que ce qui compte ce n’est pas le récit ou ce qui s’est passé derrière le récit, quelle substance, quel contenu la foi peut-elle avoir. Si nous ne pouvons rien en connaître, avec quel Dieu avons-nous une relation? Y a-t-il même une relation ?[26]
Ainsi la Bible, pour les néo-orthodoxes, la Bible, tout en étant plus respectée que chez les libéraux et privilégiée dans la mesure où elle est associée à Jésus-Christ, reste purement subjective dans les mains humaines.
Quant aux catholiques, leur « l’idolâtrisation » de la tradition a pour conséquence de diminuer l’importance de l’Écriture et de presque rejeter sa suffisance. C’est ainsi que plusieurs théologiens catholiques en viennent à affirmer la faillibilité de l’Écriture et à se joindre au rang de la haute critique. Par son recourt obligatoire à la tradition, la tendance antrhopocentrique de l’approche catholique vient ainsi contredire l’autosuffisance de la Parole de Dieu. Pour nous, il est primordial de faire passer les Écritures avant la tradition, même si cette dernière est importante et nécessaire, parfois pour en montrer la défaillance.
Synthèse de notre position
Ainsi, il semble plus que raisonnable et souhaitable d’affirmer que la Bible est inerrante. Sans ce dogme fondamental, il ne peut y avoir de christianisme conforme à la volonté de Dieu. La seule connaissance que nous pouvons avoir de Dieu à salut passe par la Révélation spécifique, qui est l’Écriture. Sans cette dernière et la grâce qui nous a été faite de la recevoir, nous serions encore en train de nous prosterner devant des idoles qui ne peuvent rien faire ou serions en train d’adorer notre moi intérieur (qui mérite d’être jugé par Dieu, comme le montre les atrocités que nous commettons et, surtout, comme nous le révèlent les Écritures). L’Écriture, Parole de Dieu, est le pilier fondamental de notre connaissance de lui et le fait qu’elle annonce que toute Écriture est spirée par lui tout en représentant Dieu parfaitement comme étant infaillible implique que sa Parole ne peut que l’être aussi. Refuser cette dernière affirmation c’est contredire Dieu lui-même et chercher à le réduire à néant. S’il y avait contradiction en Dieu, en quoi mériterait-il cette appellation ? En somme, si la Bile est inerrante c’est que Dieu est inerrant. C’est par grâce qu’il a utilisé l’être humain pour l’incorporer à son plan souverain. C’est pourquoi il y a un contexte derrière les écrits de chaque auteur humain. Dieu utilise leur caractère, leur langue, leur histoire, leur style et plus encore pour se révéler. Au final, c’est Dieu, à travers l’humain, qui dirige tout. Puisqu’il fait partie de l’œuvre que sont les Écritures, le sens qui y est inscrit ne pourra jamais être faux !
Conclusion
Pour conclure, l’inerrance est l’infaillibilité de la Bible dans ce qu’elle annonce. Nous avons vu que plusieurs groupes ne sont pas d’accord avec cette affirmation. Cependant, grâce à une bonne définition de ce qu’est et n’est pas l’inerrance, et à travers les cinq points suivants : l’enseignement biblique sur l’inspiration, l’enseignement biblique concernant l’accréditation du message et messager de Dieu, l’enseignement biblique concernant sa propre autorité, la façon dont l’Écriture est utilisée par l’Écriture et l’enseignement biblique concernant la nature de Dieu, nous avons pu voir que la doctrine de l’inerrance ne peut être rejetée. Les chrétiens ne doivent donc pas avoir peur de crier sur tous les toits qu’ils croient en l’inerrance biblique et la défendre fortement !
Notes et références
- ↑ G. E. MOORE, Principa Ethica, Dover Publication, 2004, p. 6.
- ↑ Wayne GRUDEM, Théologie Systématique, France, Éditions Excelsis, 2010, p. 77.
- ↑ Henri BLOCHER, Prolégomènes, Introduction à la Théologie Évangélique, France, Faculté de Théologie Évangélique Vaux-sur-Seine, 1976, p. 91.
- ↑ BLOCHER, op.cit., p. 96
- ↑ Ibid.
- ↑ Ibid., p. 97.
- ↑ Joseph L. MANGINA. Karl Barth, London, Westminster John Knox Press, 2004, p. 32.
- ↑ BLOCHER, La doctrine du péché et de la rédemption, Vaux-su-Seine, EDIFAC, coll. Didaskalia 2000, p. 92.
- ↑ Ce texte a été mis au point lors d’une réunion au sommet du Conseil International sur l’Inerrance Biblique, à Chicago (États-Unis), du 26 au 28 octobre 1978. Publié en français, dans la revue Ichtus, n° 80, décembre1978.
- ↑ A.T.B MCGOWAN, Always reforming, Exploration in Systematic Theology, Illinois, InterVarsity Press, IVP Academic, 2006, p. 16.
- ↑ Paul D. FEINBERG, Inerrancy, Michigan, Zondervan Publishing House, Grand Rapids, 1980, p.280.
- ↑ Ibid.
- ↑ Stephen T. DAVIS, The Debate About the Bible, Philadelphie, Westminster, 1977, p. 115.
- ↑ D. M. LLOYD-JONES, Authority, Chicago, InterVarsity Press, 1958, p. 35.
- ↑ J. I. PACKER, « Inspiration », Le Grand Dictionnaire de la Bible, Paris, Excelsis, 2010, p. 747.
- ↑ FEINBERG, op cit., p. 283.
- ↑ Dewey M. BEEGLE, Scripture, Tradition and Infaillibility, Grand Rapids, Éditions Eerdmans, 1973, p. 280.
- ↑ Charles C. RYRIE, ABC de théologie chrétienne, France, La Maison de la Bible, 2005, p. 84.
- ↑ FEINBERG, op cit., p. 286.
- ↑ Charles HODGE, Systematic Theology, Volume I, Massachusetts, Hendrickson Publishers Marketing, 2011, p. 436-437.
- ↑ Louis BERKHOF, Systematic Theology, Edinburgh, Banner of Truth, 1974, p.69.
- ↑ E.J. YOUNG, Thy Word is Truth, Banner of Truth, Éditions Eerdmans, 2008, p. 164.
- ↑ Gerald BRAY, La doctrine de Dieu, France, Éditions Excelsis, 2001, p. 222.
- ↑ BLOCHER, op cit., p. 91.
- ↑ H. BAVINCK, The Doctrine of God, Édimbourg, Banner of Truth, 1977, p. 220.
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