Bouddhisme
Il existe un grand nombre de religions dans le monde dont les quatre grandes principales sont le christianisme, l’islam, l’hindouisme et le bouddhisme[1]. Celles-ci sont toutes présentes dans la société occidentale. Le christianisme est la religion historique de notre société, tandis que l’islam a reçu une attention particulière dans la dernière décennie pour des raisons particulières. Toutefois, les religions dites de l’Est telles que l’hindouisme et le bouddhisme suscitent un intérêt grandissant en Occident, pendant que le christianisme connait un déclin depuis le dernier siècle[2].
Au Canada, les premiers immigrants bouddhistes sont arrivés au XIXe siècle. En 2001, ils étaient 300 000 au Canada et plus de 40 000 au Québec[3]. Les pratiquants sont essentiellement d’origine chinoise, cambodgienne, laotienne et vietnamienne. Le bouddhisme a commencé à exercer une influence directe sur la pensée occidentale depuis le 20e siècle. Ainsi, un nombre grandissant de pratiquants sont d’origine occidentale pour y chercher un guide à leur existence. Dans ce contexte, il est nécessaire de comprendre ce qui attire les gens vers cette religion en étudiant tout d’abord ces croyances ou principes de base. Ensuite, en tant que chrétien, il faut les comparer à l’évangile pour voir quels sont les points en communs et les points de divergences. Ainsi, ce travail a pour but de décrire les grands concepts du bouddhisme pour ensuite discuter du salut et finir avec une réponse du christianisme sur le sujet.
Sommaire
Qu'est-ce que le bouddhisme
Siddharta Gautama
La religion bouddhiste trouve son origine en la personne de Siddharta Gautama qui a vécu entre 563 et 483 av. J.-C[4][5]. Il est né au Népal, issu d’une famille aristocratique et il a vécu une vie aisée dans sa jeunesse loin des problèmes du monde[6]. Son but était de découvrir la vérité, plus précisément le sens de l’existence selon les concepts de bonheur, de vertu et de ce que pouvait être une bonne vie. Selon lui, tous avaient accès aux vérités qu’il apportait par le pouvoir de la raison. C’est en méditant sous un arbre, appelé Bodhi, qu’il atteint le nirvana ou l'illumination à l’âge de 35 ans et devient Bouddha, soit l’illuminé[7]. Puis, jusqu’à sa mort à 80 ans, il parcourt l’Inde pour prêcher et enseigner[8][9]. Ainsi, le bouddhisme se propage en Chine et dans le Sud-Est asiatique pendant les siècles qui suivirent sa mort[10][11].
Contexte
Il vivait à une époque où le brahmanisme avait remplacé le védisme[12], soit une croyance ancienne fondée sur les textes anciens du Véda[13]. Les trois notions clés de la pensée brahmanique sont l’âtmanbrahman ou l’identification de l’âme individuelle et de l’âme universelle, le samsara ou la transmigration des âmes et le karma ou la loi de cause à effet[14]. Siddharta Gautama est le premier à remettre en question les enseignements du brahmanisme à l’aide du raisonnement philosophique. En effet, il rejette la première notion et développe les deux autres.
Les enseignements et écrits sacrés
Dans le bouddhisme, les pratiquants doivent s’accrocher à trois éléments, communément appelés les trois joyaux, s’ils veulent atteindre l’illumination : Bouddha, le dharma et la communauté (Sangha)[15]. Le bouddha est important puisqu’il garantit la vérité de ces enseignements. Le dharma contient tous les enseignements ou doctrines. La communauté est ce qui préserve les enseignements, le style de vie des pratiquants et les pratiques de méditation[16].
Contrairement aux philosophes grecs qui ont vécu à la même époque que Gautama, il ne s’intéressait pas aux questions sans réponses de la métaphysique. De façon générale, il rejette l'idée d'une grande puissance cosmique (brâhman) et ignore l'existence du soi (âtman) pour introduire la notion de non-soi (anâtman). Ainsi, Gautama est un philosophe matérialiste et agnostique, voire athée[17]. Les enseignements de Gautama sont appelés dharma[18] et ils sont tout d'abord transmis par la tradition orale par ces premiers disciples avant d'être mis par écrit ses disciples[19]. Un des premiers recueils bouddhistes est le Canon Pali[20]. Il y a aussi un code complexe de règles appelé « discipline » (Vinaya). Ensuite, il y a ces nombreuses prédications qui ont été regroupées comme le «fil» (Sutras). Enfin, le troisième groupe de textes est la «discussion philosophique»[21]. Malgré les enseignements de base, divers courants ont émergé au fil du temps[22]. Chacun avait ses écrits respectifs[23][24], les trois principaux étant le Theravâda ou Petit véhicule (Hînayâna), Mahâyâna ou Grand véhicule et le Vajrayâna ou véhicule du Diamant (Tantrayana)[25],[26],[27],[28],[29]. À l’origine, pour atteindre le salut bouddhique, soit l’illumination, il fallait pratiquer à plusieurs exercices et techniques que seule une élite de moines pouvait accomplir[30] (bouddhisme Hinayana). Ainsi, peu de personnes avaient accès à l'illumination. Par la suite, le bouddhisme Mahayana a été créé afin de donner un moyen aux personnes laïcs d’atteindre l’illumination[31].
La voie moyenne
La jeunesse de Gautama est marquée par le luxe où il vécut en goutant à tous les plaisirs des sens. Néanmoins, il réalise que ceux-ci ne menaient pas au bonheur véritable. De plus, il découvre la souffrance du monde par la rencontre avec un vieillard, un malade, un cadavre et un ascète[32]. Tout cela l’amène à plusieurs constats. D’une part, la souffrance dans le monde provient en général de la maladie, de la vieillesse, de la mort et de ce dont les gens avaient besoin. D’autre part, le plaisir sensuel pour soulager la souffrance est rarement satisfaisant. Ainsi, vers 30 ans, il réalise la vanité de son existence et il décide de mener une vie d’ascétisme extrême par les privations et l’abstinence. Malgré cela, après une pratique de six ans, ce mode de vie est tout aussi insatisfaisant et ne même pas au bonheur[33]. Gautama arrive à la conclusion que le bonheur véritable ou l'illumination doit se situer entre les deux extrêmes qu’il a vécus qu’il appelle la voie moyenne. Celle-ci devrait se situer entre la recherche du plaisir et la mortification. Par conséquent, il médite sur sa propre existence afin de découvrir la voie moyenne et espère atteindre l’illumination[34].
La souffrance
Pour Gautama, la souffrance est universelle et elle fait partie intégrante de l’existence. La cause fondamentale de la souffrance est la non-satisfaction des désirs ou des attachements et des espoirs. Les attachements sont non seulement les convoitises matérielles et les appétits des sens, mais aussi la conservation de soi. Selon cette conception, la satisfaction des attachements n’apporte pas le bonheur, mais procure seulement une jouissance de courte durée.
Les Quatre Nobles Vérités
Le raisonnement de Gautama sur la souffrance et le bonheur a produit les « Quatre Nobles Vérités »[35][36][37][38][39] :
Vérité | Définition | Implication |
---|---|---|
de la souffrance (Dukkha) | La souffrance fait partie de la vie, de la naissance à la mort, en passant par la maladie et la vieillesse. | Rien n'est permanent (tout est en constant changement, en flux) et que tout est source de déception. |
des causes de la souffrance (Samudaya) | L’origine de la souffrance est le désir attaché aux plaisirs de la chair, à la recherche des biens matériels et du pouvoir. | La formation du karma et le cycle d'existence (samsara). |
de l’extinction de la souffrance (Nirodha) | La souffrance est éliminée par le détachement de soi et le renoncement au monde. | Modalité pour atteindre le nirvana |
de la voie vers l’extinction de la souffrance (Magga) | Le Chemin octuple permet la cessation de toute forme d’insatisfaction. | Indique le chemin de la délivrance, soit l'éthique bouddhique. |
Le non-soi
Selon le raisonnement de Gautama, pour échapper à la souffrance, il faut éliminer les attachements. Il pose ainsi que l’origine des attachements est l’attachement à soi-même. Ceci révèle l’égocentrisme de l’être humain. Afin de se libérer des attachements, il faut renoncer aux désirs matériels, mais aussi aux désirs de soi-même. En d’autres mots, il faut venir à bout de son « moi ». Pourtant, la nature humaine est composée de désirs, d’espoirs et d’ambition au point d’être des raisons de vivre. Pour Gautama, le monde du moi est illusoire. En effet, il considère que toute chose résulte d’une action qui l’a précédée et par conséquent, chaque être humain est une partie transitoire de ce processus éternel. Avec cette conception, la souffrance se résume à l’incapacité de concevoir que le « soi » trouve son origine dans le « non-soi » éternel. Ainsi, il faut délaisser l’idée que l’être humain est un « soi » unique pour se libérer de l’attachement et échapper à la souffrance.
Le noble Chemin octuple
Le noble Chemin octuple est un code d’éthique qui contient les prescriptions pour mener une bonne vie permettant d’atteindre le bonheur. Il est à noter que l'éthique morale de Gautama implique les dix interdits qui sont destinés à éteindre peu à peu le feu des passions[40]. À l’aide du Chemin octuple, il est possible de surmonter son ego pour vivre sans souffrance et ne plus être dans le cycle de la souffrance. Par conséquent, la personne ne fait plus qu’un avec le « non-soi » éternel. Ceci représente le stade du nirvana qui signifie littéralement « extinction » ou illumination. Dès lors, il est question de « non-désir » et de « non-être ». Il est important de remarquer ici que lorsqu’il est question de ne faire qu’un avec le « non-soi » éternel, Gautama évite toute référence à une quelconque déité. En effet, à son époque, dans le brahmanisme et dans l’hindouisme qui a suivi, atteindre le nirvana signifiait ne faire qu’un avec la divinité. Donc, pour Gautama, le nirvana est un état éternel, immuable de « non-être » et l’affranchissement de toutes les souffrances de l’existence.
Le noble Chemin octuple contient les huit éléments suivants[41][42][43][44] :
La sagesse | la compréhension juste (croyance) | le bouddhisme |
---|---|---|
la pensée juste | le renoncement au désir | |
la parole juste | des paroles ni dures, ni frivoles, ni mensongères | |
La moralité | l’action juste | ni vol, ni impureté, ni violence |
le moyen d’existence juste (occupation) | qui ne porte pas de préjudice à un autre être vivant | |
La concentration | l’effort juste | pour atteindre le but |
l’attention juste | la méditation | |
l’absorption juste | le nirvana |
Il est à noter qu’il y a une relation circulaire, soit une dépendance entre les huit éléments du chemin octuple où un élément en affecte un autre[45].
Le karma et le samsara
Le karma dans le bouddhisme se distingue du karma dans l’hindouisme dans la mesure où il nie l’existence de l’âme. Les bouddhistes postulent plutôt que la renaissance par la transmigration soit la continuité des impressions sensorielles et non comme le mouvement de l’âme d’un corps à un autre[46]. Ainsi, tous les êtres humains sont emprisonnés dans la « roue de l’existence » (samsara). Selon la conception bouddhiste, les personnes ne sont pas conscientes du samsara et ce qu’ils expérimentent comme leur vie est une illusion. C’est le karma qui empêche de voir la réalité du samsara et qui crée l’illusion de l’individu et d’une création permanente alors que tout est un flux constant. Ainsi, c’est seulement lorsqu’on réussit à voir à travers le l’illusion que l’on réalise qu’on doit se libérer du samsara[47]. Donc, même s’il n’est pas possible de comprendre le nirvana, il est possible de l’atteindre[48].
Point de contact
Après avoir décrit les fondements du bouddhisme, nous remarquons que ceux-ci sont très différents du christianisme. Pourtant, il existe des points de contact entre les deux religions.
Le bouddhisme et le christianisme reconnaissent que l’être humain est affligé par une « maladie » spirituelle et qu’il a besoin d’un « remède ».
Le bouddhisme et le christianisme sont des religions missionnaires selon les directives de leur fondateur respectif[49][50]. De ce fait, il y a dans l’histoire plusieurs contacts entre les deux religions dans plusieurs pays[51].
Il existe des similitudes entre Bouddha et Jésus. Tous les deux sont des prêcheurs ambulants qui se sont entourés de disciples et ils parlent dans la langue vernaculaire (Pali/Araméen) et non pas dans une langue sacrée (Sanscrit/Hébreux)[52]. Ils ont dans une certaine mesure réinterprété les idées de religions précédentes (Hindouisme/Judaïsme) avec un message d’urgence (Dharma/Évangile) caractérisé par une « voie du milieu », soit entre les extrêmes que sont l’ascétisme et l’hédonisme.
Divergences
Après avoir souligné les points de contact qui existent entre les deux religions, il y a certaines divergences qu'il est important de souligner.
Il faut se rappeler que Bouddha est un homme qui provenait d’une famille riche et qui vivait en dehors de la société. À l’opposé, Jésus est né dans une famille modeste et il a vécu avec le peuple. Bouddha proclame avoir découvert la vérité ultime tandis que Jésus proclame être la vérité[53]. Pour les bouddhistes, la possibilité d’être « libéré » est entre les mains de l’individu qui pratiquent les principes du bouddhisme. Pour les chrétiens, ils doivent suivre Jésus ainsi que ses enseignements et ils sont accompagnés par le Saint-Esprit afin d’être en communion avec Dieu.
Bouddha a trouvé une voie pour transcender la souffrance alors que Jésus est entré dans la souffrance afin de permettre à l’humanité de donner un sens à la souffrance. Il est mort, crucifié pour ensuite être glorifié et élevé à la droite de Dieu[54]. Pour les bouddhistes, la mort de Bouddha par empoisonnement est pratiquement sans importance et n’a pas de signification particulière pour les pratiquants.
Ultimement, le salut dans le bouddhisme est acquis par ses propres efforts tandis que c’est tout le contraire dans le christianisme. C’est par le don gratuit de la grâce de Dieu que les chrétiens peuvent dire qu’ils sont sauvés. C’est par cette même grâce qu’ils ont compassion des pauvres, veuves et orphelins. Toutefois, même si la compassion est présente dans le bouddhisme, elle est reliée au karma et ultimement, à une meilleure renaissance (samsara) qui rapproche de plus en plus du nirvana. Donc, elle n’est pas désintéressée comme dans le christianisme.
Le salut dans le bouddhisme et dans le christianisme
Maintenant que les notions de bases du bouddhisme ont été étudiées, nous les utiliserons pour voir comment le salut est compris et atteint dans le bouddhisme, puis nous le comparerons avec le salut dans le christianisme.
Réponse du bouddhisme
En fonction du nirvana
Pour comprendre le salut dans le bouddhisme, il faut parler du nirvana ou de l’illumination. Selon les enseignements de Gautama, le nirvana est comparable à éteindre la flamme d’une chandelle. Toutefois, il reste à savoir où s’en va cette flamme? Cette interrogation n’est pas réellement ou totalement répondue par Gautama. Une autre façon de décrire le nirvana est tel une personne qui traverse à l’aide d’un radeau une rivière si large qu’il est impossible de voir l’autre côté de la rivière jusqu’à ce qu’il l’atteigne. Dans cette analogie, le nirvana est inconnu et le radeau représente les enseignements[55]. Par ailleurs, les bouddhistes disent qu’il n’est pas possible de dire ce qu’est réellement le nirvana parce qu’il n’est pas conditionné par l’univers de cause et effet. Donc, le nirvana est au-delà de la compréhension humaine[56].
En fonction des quatre nobles vérités
Selon la première vérité, tout est éphémère. Il est en résulte qu’il n’existe pas de Créateur unique, ni de Dieu suprême, ni de Pouvoir absolu ni de Parole plénière[57]. En fait, tout est un flux en continuel changement. Pour l’être humain, il en ressort qu’il n’y a rien sur quoi prendre appui tel que l’âme, le moi personnel, le soi unique ou le soi. En fait, le soi[58] n’existe pas, mais seulement ces composantes qui changent dans le temps. La seule constante est les états transitoires et les êtres changeants. Cette conception affecte aussi le désir ou plutôt la soif de désirs. En effet, il y a une « soif » de la pensée et des sens qui mène à l’insatisfaction puisqu’il n’y a rien de permanent[59]. Pour illustrer ce principe, l’image d’une chandelle est appropriée. La flamme est constituée de divers éléments, mais elles changent de forme dans le temps et elle finit par s’éteindre[60]. Donc, l’être humain de la naissance à la mort se transforme constamment et il ne reste qu’un flux de phénomènes[61].
Selon la deuxième vérité, il ne faut pas miser sur un Seigneur compatissant, mais sur l’action volontairement posée et réfléchie[62]. Le bouddhisme est donc une voie de libération. Il est important de préciser que malgré la présence de nombreuses divinités chez les bouddhistes, elles ne viennent d’aucune façon en aide au bouddhiste pour atteindre le nirvana. Ceci découle du fait que Bouddha est supérieur à tous les dieux et déesses[63].
Selon la troisième vérité, la libération est possible par la cessation. L'extinction des désirs va mener à l’extinction du soi. Ceci mène à la libération du cycle de renaissance (samsara) et par conséquent, au nirvana où le karma n’est plus[64]. Si les passions et les désirs peuvent être représentés par un feu, l’extinction de ce feu est l’état où les passions et les désirs sont supprimés, soit le nirvana[65]. Il en est de même du but du bouddhisme qui est que le soi s’éteigne. Pour atteindre ce stade, la quatrième noble vérité décrit le mode d’emploi, soit le noble Chemin octuple.
En fonction du non-soi
Dans le bouddhisme, il n’y a pas vraiment de « soi » et le salut exclu l’individu tel que compris par les Occidentaux. Étant donné que tous les êtres vivants sont soumis au cycle de renaissance après la mort, les bouddhistes tentent de mettre fin à ce cycle en se libérant des fardeaux physiques et mentaux du «soi».[66]
Analogie de la maladie
Il est possible de résumer cette pensée en utilisant l'analogie de la maladie. Pour expliquer ces vérités, Gautama se compare à un médecin qui intervient pour soigner un malade[67]. Dans le bouddhisme, la « maladie » est la nature insatisfaisante de vivre de façon transitoire et dépendante (ignorance). La cause est la mauvaise interprétation de sa propre personne qui endure la souffrance à travers le temps (fausse compréhension à propos du soi). Le « remède » est l’expérience du détachement (nirvana) par l’acceptation de la réalité des choses décrite par Bouddha[68] (connaissance et compréhension; voir les choses telles qu’elles sont réellement). Ce faisant, il n’est pas question de spéculation, mais bien de pragmatisme.
Réponse du christianisme
Pour bien comprendre l’importance du salut, il faut être capable de transmettre certaines notions. Il faut traiter des notions de Dieu, de l’être humain, du mal, du péché et du salut[69].
Dans le christianisme, le problème ou la « maladie » est le péché. La cause est la mauvaise utilisation de la liberté que possédait l’homme qui le poussa à être indépendant de Dieu. Le « remède » à cette maladie est fourni par la grâce de Dieu dans l’action rédemptrice de Jésus-Christ et par la repentance et la foi en Dieu[70]. En effet, Jésus est le seul moyen de parvenir à la guérison puisqu’il est le seul chemin qui mène à Dieu[71] et qui donne la vie[72]. Ceci est très différent de Gautama qui a simplement indiqué aux humains comment atteindre le salut bouddhique. Ainsi, le salut ne dépend pas d'une conception telle que le karma, mais uniquement de Dieu.
Les chrétiens ont pleinement confiance dans l'enseignement de Jésus puisqu'ils ont l'assurance qu'il est la Révélation par excellence de Dieu. Dans une certaine mesure, le christianisme est d'accord avec le bouddhisme sur le fait que tout est flux et changement. Toutefois, la Parole de Dieu est permanente et elle ne change pas[73]. Ainsi, cette Parole de Dieu devient une fondation ferme pour la vie. Enfin, le salut n'est pas de s'éteindre, mais plutôt d'être dans la présence de Dieu pour l'éternité afin de l'adorer.
Application à la vie chrétienne
Après avoir étudié les bases du bouddhisme, il est possible de retenir certains éléments utiles pour la vie chrétienne.
L’importance accordée à l’impermanence de toutes les choses est un important rappel pour les chrétiens que la vie est fugace. La vie de l’homme sur Terre n’est pas éternelle. En effet, malgré toutes les avancées technologiques et scientifiques, tous meurent un jour ou l’autre. De la même manière, l’identité ne doit pas reposer sur des possessions. Au contraire, Jésus dit qu'il faut chercher le royaume des cieux et non les biens de ce monde[74].
Le bouddhisme insiste énormément sur le fait que tout le monde souffre sans exception. Pour les bouddhistes, la souffrance n'est pas quelque chose de surprenant. Au contraire, elle fait partie de la vie. Ceci leurs permet de ne pas prendre trop personnellement ce qui leurs arrive et d’être moins critiques par rapport à la souffrance. En tant que chrétien, il faut se rappeler que non seulement les disciples de Dieu ont souffert, mais que Jésus dit que tous ses disciples subiront le même traitement et qu’ils seront victorieux dans la souffrance[75].
Conclusion
Ce travail a permis d'étudier les notions de base du bouddhisme. Tout d'abord, en prenant connaissance de son fondateur, soit Siddhârta Gautama. C'est par sa vie et ses expériences qu'il a découvert la vérité qu’il proclame sur la réalité des choses. Ceci lui a permis de devenir illuminé et de proposer les quatre nobles vérités pour expliquer la souffrance des êtres humains. Ensuite, il a établi le noble Chemin octuple comme code d'éthique et comme moyen d'atteindre l'illumination. En ayant une meilleure compréhension du karma et du cycle d'existence, il en ressort que le salut bouddhique est le nirvana ou l'illumination qui vise l'extinction du soi comme une chandelle soufflée. Surtout, le salut bouddhiste est acquit par un effort personnel.
Pour les chrétiens, le salut vient de Dieu, il en est un don. En effet, c'est la donation de son Fils, mort à notre place à la croix pour nos péchés, qui nous assure la rédemption. Ce n'est pas par ses propres moyens que l'homme se sauve, mais seulement par la grâce de Dieu. Voilà qui distingue radicalement le christianisme du bouddhisme. Il faut insister sur cela qui rend unique le message de l'Évangile. Enfin, le christianisme perce dans une société bouddhiste, lorsque l'accent est placé dans la grâce de Dieu[76]. Donc, il faut se demander s’il faut suivre « l’illuminé » ou le « crucifié »?
Augusto HERNANDEZ
Notes et références
- ↑ Le bouddhisme représentait 7% de la population mondiale avec 500 millions d’adhérents en 2010 : C. E. FARHADIAN, Introducing World Religions – A Christian Engagement, Baker Publishing group, Grand Rapids, 2015, p.51.
- ↑ K. YANDELL et H. NETLAND, Buddhism – A Christian Exploration and Appraisal, InterVarsity Press Academic, Downers Grove, 2009, p.viii.
- ↑ Chaire en gestion de la diversité culturelle et religieuse, Le patrimoine religieux du Québec, Le bouddhisme au Québec, 2012, http://www.gdcr.umontreal.ca/patrimoine/connaissance/bouddhisme/bouddhisme.html, consulté le 19 novembre 2016
- ↑ Siddartha Gautama est considéré comme le Bouddha historique puisqu’il y aurait eu d’autres incarnations de Bouddha: C. E. Farhadian, opt. cit., p.122.
- ↑ Le consensus sur ces dates a été remis en question. Pour plus de détails, voir : A. COUTURE, Sur la piste des dieux: initiation à l’étude des religions, Éditions Médiaspaul Canada, 2009, Canada, p.125-126.
- ↑ Pour plus de détails ainsi que pour des légendes concernant sa naissance, voir : A. Couture, op. cit., p.126-127.
- ↑ M. ELIADE; I. P. Couliano ; H. S. WIESNER, The Harpercollins Guide To World Religions – The A-To-Z Encyclopedia Of All The Major Religious Traditions, HarperSanFransisco, 1991, USA, p.25.
- ↑ Pour une version de la vie de Gautama contenant plusieurs légendes, voir I. HEXHAM, Understanding World Religions – An Interdisciplinary Approach, Zondervan, 2011, Grand Rapids, p.180-186.
- ↑ Certains affirment qu’il est difficile de connaitre l’histoire du début du bouddhisme ainsi que le Gautama historique. En effet, c’est ce que les générations suivantes ont dit qu’il a enseigné qui est connu de nos jours. I. HEXHAM, op. cit., p.195.
- ↑ C. PAYA; N. FARELLY ; H. WIHER, La foi chrétienne et les défis du monde contemporain, Éditions Excelsis, 2013, Lavis, p.417.
- ↑ Pour une ligne du temps des événements majeurs du bouddhisme, voir : C. E. FARHADIAN, op. cit., 2015, p.172-173.
- ↑ W. BUCKINGHAM; D. BURNHAM; C. HILL; P. J. KING; J. MARENBON; M. WEEKS, Philosophes: Les grandes idées tout simplement, Éditions France Loisirs, 2015, Paris, p.30.
- ↑ Pour plus de détails sur la période védique et brahmanique, voir : C. PAYA; N. FARELLY ; H. WIHER, op. cit., p. 415.
- ↑ Ibid. p.416.
- ↑ I. HEXHAM op. cit., p.203.
- ↑ Ibid., p.203-205.
- ↑ Toutefois, il faut noter que, chez les pratiquants de la religion bouddhiste, il y a la croyance en plusieurs forces divines ainsi que des dieux. Pour les exemples, voir : A. COUTURE, op. cit., p.120-125.
- ↑ Le mot dharma signifie tout d'abord l'ordre ou la loi immanente, éternelle et incréée de l'univers. C. PAYA et N. FARELLY ; H. WIHER, op. cit., p. 417.
- ↑ Les premiers écrits datent entre 200 et 300 ans après la mort de Gautama. I. HEXHAM op. cit., p. 200-202.
- ↑ Ibid., p. 202.
- ↑ C. E. FARHADIAN, op. cit., p. 137-138.
- ↑ Pour un résumé concis des différentes branches du bouddhisme, voir: M. ELIADE ; I. P. COULIANO ; H. S. WIESNER, op. cit. p. 27-41.
- ↑ Pour plus de détails sur la fragmentation du bouddhisme, voir : A. COUTURE, op. cit., p. 139-142.
- ↑ C. E. FAARHADIAN, op. cit. p. 140-142.
- ↑ Pour plus de détails, voir : C. PAYA; N. FARELLY ; H. WIHER, op. cit. p. 418-421.
- ↑ Pour le Petit Véhicule, voir : A. COUTURE, op. cit., p.116-117. Pour le Grand véhicule et le véhicule du Diamant, voir : p.142-147.
- ↑ C. E. FARHADIAN, op. cit., p.117-120; 146-171.
- ↑ Il existe d’autres écoles de pensées à travers l’histoire et en fonction du pays. Pour une vue d’ensemble, voir : K. YANDELL, H. NETLAND, op. cit. p.33-67.
- ↑ Pour une compréhension de l’arrivée et de l’adaptation du bouddhisme en Occident: loc. cit., p.69-103.
- ↑ I. HEXHAM, op. cit., p. 196.
- ↑ Ibid., p. 197.
- ↑ C. E. FARHADIAN, op. cit., p.123-125.
- ↑ M. ELIADE; I. P. COULIANOS; H. S. WIESNER, op. cit., p.26.
- ↑ C. E. FARHADIAN, op. cit., p.125-126.
- ↑ C. Paya; N. Farelly ; H. WIHER, op. cit., p.418.
- ↑ A. COUTURE, op. cit., p.132-139.
- ↑ C. E. RARHADIAN, op. cit., p.131-137.
- ↑ I. HEXHAM, op. cit., p.205.
- ↑ T. C. MUCK, H. A. NETLAND, G. R. MCDERMOTT, Handbook of Religion – A Christian Engagement with Traditions. Teachings, and Practices, Baker Publishing Group, Grand Rapids, 2014, p.83-84.
- ↑ Pour plus de détails, voir: C. PAYA; N. FARELLY ; H. WIHER, op. cit., p. 418.
- ↑ W. Buckingham; D. Burnham; C. Hill; P. J. King; J. Marenbon; M. Weeks, op. cit., p.31.
- ↑ C. PAYA; N. FARELLY ; H. WIHER, op. cit., p. 418.
- ↑ A. COUTURE, op. cit., p. 137-138.
- ↑ I. HEXHAM, op. cit., p. 205-206.
- ↑ C. E. FARHADIAN, Introducing World Religions – A Christian Engagement, Baker Publishing group, Grand Rapids, 2015, p.136-137.
- ↑ I. HEXHAM, op. cit., p.207
- ↑ Loc. cit.
- ↑ Ibid., p.208.
- ↑ Les disciples dans les deux religions avaient pour mandat de prêcher et d’enseigner partout dans le monde. T. C. MUCK, H. A. NETLAND, G. R. MCDERMOTT, op. cit., p.87.
- ↑ Les missionnaires ont été grandement appuyés par les rois et/ou dirigeants convertis au bouddhisme. I. Hexham op. cit., p.186-189.
- ↑ T. C. MUCK, H. A. NETLAND, G. R. MCDERMOTT, op. cit., p.88-94.
- ↑ C. E. FARHADIAN, op. cit., p.130.
- ↑ Jean 14.6
- ↑ Hébreux 12.2.
- ↑ I. HEXHAM, op. cit., p.206.
- ↑ Ibid., p.208.
- ↑ A. Couture, op. cit., p.134.
- ↑ C. E. FARHADIAN, op. cit., p.133-134.
- ↑ Ibid., p.135.
- ↑ Ibid., p.134.
- ↑ A. COUTURE, op. cit., p.134-135.
- ↑ Ibid.p.135.
- ↑ A. Couture, op. cit. p.124.
- ↑ C. E. FARHADIAN, op. cit. p.135-136.
- ↑ Ce concept est dans certains difficile à comprendre puisqu’il est défini par des termes négatifs. A. Couture, op. cit. p.136-137.
- ↑ I. HEXHAM, op. cit., p. 207.
- ↑ A. COUTURE, op. cit., p.132.
- ↑ K. YANDELL, H. NETLAND, op. cit., p.106; 110.
- ↑ C. PAYA, N. FARELLY; H. WIHER, op. cit., p.423.
- ↑ K. YANDELL, H. NETLAND, op. cit., p.106.
- ↑ Jean 14.6 ; Actes 4.12.
- ↑ Jean 3.36
- ↑ 1 Pierre 1.23.
- ↑ Matthieu 6.32-33.
- ↑ Romains 8.35-39.
- ↑ T. C. MUCK, H. A. NETLAND, G. R. MCDERMOTT, Handbook of Religion – A Christian Engagement with Traditions. Teachings, and Practices, Baker Publishing Group, Grand Rapids, 2014, p.98.
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