L'œuvre du Saint-Esprit dans l'histoire du salut : Différence entre versions

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Dans ''L’œuvre du Saint-Esprit dans l’histoire du salut'', Sylvain Romerowski nous présente les différentes manières dont le Saint-Esprit s’est manifesté dans le cadre du récit biblique de la rédemption. Étant donné que l’histoire du salut commence dès les premiers chapitres de la Genèse et s'étend jusqu’aux derniers de l’Apocalypse, l’auteur peut nous parler d’une action du Saint-Esprit qui parcoure l’ensemble des Écritures.  
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Dans ''L'œuvre du Saint-Esprit dans l'histoire du salut'', Sylvain Romerowski nous présente les différentes manières dont le Saint-Esprit s'est manifesté dans le cadre du récit biblique de la rédemption. Étant donné que l'histoire du salut commence dès les premiers chapitres de la Genèse et s'étend jusqu'aux derniers de l'Apocalypse, l'auteur peut nous parler d’une action du Saint-Esprit qui parcoure l'ensemble des Écritures. Le livre de Romerowski est un apport considérable à la théologie biblique. Lorsqu'il a été publié pour la première fois, en 1989, sous le titre ''L'œuvre du Saint-Esprit ancienne et nouvelle'', les livres traitant exclusivement du thème vétérotestamentaire du Saint-Esprit étaient quasi inexistants. Son but est comprendre l'articulation entre l'ancienne et la nouvelle alliance. Nous suivrons l'auteur à travers trois étapes qui représente autant de parties du livre : 1) le Saint-Esprit et son histoire dans l'Ancien Testament ; 2) l'histoire du Saint-Esprit selon le Nouveau Testament ; 3) points de vue bibliques et systématiques.
  
Le livre de Romerowski est un apport considérable à la théologie biblique. Lorsqu’il a été publié pour la première fois, en 1989, sous le titre ''L’œuvre du Saint-Esprit ancienne et nouvelle'', les livres traitant exclusivement du thème vétérotestamentaire du Saint-Esprit étaient quasi inexistants. Son but est comprendre l’articulation entre l’ancienne et la nouvelle alliance. Nous suivrons l’auteur à travers trois étapes qui représente autant de parties du livre : 1) le Saint-Esprit et son histoire dans l’Ancien Testament ; 2) l’histoire du Saint-Esprit selon le Nouveau Testament ; 3) points de vue bibliques et systématiques.
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== Le Saint-Esprit et son histoire dans l'ancien Testament ==
  
== Le Saint-Esprit et son histoire dans l’ancien Testament ==
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Dans la première partie, Romerowski étudie les occurrences de l'œuvre de l'Esprit à partir du témoignage de l'Ancien Testament, en se focalisant sur ses actes au sein du peuple d'Israël. Les personnages de l'Ancien Testament reçoivent des parts de l'Esprit Saint pour accomplir des offices particuliers. Tandis que certains peuvent en recevoir plus que d'autres (Elisée, par exemple), ce que l'Esprit de Dieu communique à ces individus, qu'il s'agisse de force, de courage, de vaillance ou de sagesse, les rend capables d'exercer des tâches variées et spécifiques (guerre, travaux d'artisanat, transmission de la Parole de Dieu, etc.). Cette action du Saint-Esprit peut être temporaire ou permanent. C'est un agir souverain, ce qui fait qu'elle ne dépend pas de la moralité de l'individu sur laquelle elle s'exerce pour agir. Durant la période vétérotestamentaire, le Saint-Esprit a habité, rempli et conduit les croyants, de sorte que, en adoptant un point de vue systématique, l'on puisse parler de régénération et d'assurance du salut à leur sujet, bien que l'Ancien Testament n'utilise pas ce vocabulaire et qu'il semble silencieux sur ce point (probablement en raison de la focalisation de l'intrigue sur la collectivité). De l'enseignement des prophètes au sujet du Saint-Esprit ressort enfin que le don régénérateur de l'Esprit est eschatologique (intrinsèquement lié à la nouvelle alliance), et s'adresse à la totalité du peuple de la nouvelle alliance, un peuple comprenant des non-juifs et des Israélites du « reste ».
 
 
Dans la première partie, Romerowski étudie les occurrences de l’œuvre de l’Esprit à partir du témoignage de l’Ancien Testament, en se focalisant sur ses actes au sein du peuple d’Israël. Les personnages de l’Ancien Testament reçoivent des parts de l’Esprit Saint pour accomplir des offices particuliers. Tandis que certains peuvent en recevoir plus que d’autres (Elisée, par exemple), ce que l’Esprit de Dieu communique à ces individus, qu’il s’agisse de force, de courage, de vaillance ou de sagesse, les rend capables d’exercer des tâches variées et spécifiques (guerre, travaux d’artisanat, transmission de la Parole de Dieu, etc.). Cette action du Saint-Esprit peut être temporaire ou permanent. C’est un agir souverain, ce qui fait qu’elle ne dépend pas de la moralité de l’individu sur laquelle elle s’exerce pour agir. Durant la période vétérotestamentaire, le Saint-Esprit a habité, rempli et conduit les croyants, de sorte que, en adoptant un point de vue systématique, l’on puisse parler de régénération et d’assurance du salut à leur sujet, bien que l’Ancien Testament n’utilise pas ce vocabulaire et qu’il semble silencieux sur ce point (probablement en raison de la focalisation de l’intrigue sur la collectivité). De l’enseignement des prophètes au sujet du Saint-Esprit ressort enfin que le don régénérateur de l’Esprit est eschatologique (intrinsèquement lié à la nouvelle alliance), et s’adresse à la totalité du peuple de la nouvelle alliance, un peuple comprenant des non-juifs et des Israélites du « reste ».
 
  
 
== Le Saint-Esprit et son histoire selon le Nouveau Testament ==
 
== Le Saint-Esprit et son histoire selon le Nouveau Testament ==
  
Dans la deuxième partie, c’est le Nouveau Testament qui est interrogé sur ce qu’il a à dire concernant l’œuvre pneumatique. Dans Luc, on voit que le baptême pneumatique est l’œuvre expiatrice du Christ ressuscité et glorieux. Par le baptême dans l’Esprit, le Christ se constitue un peuple spirituel, nouvel Israël de Dieu, le purifie et le renouvelle intérieurement. Dans les Actes, les apôtres reçoivent l’Esprit à la pentecôte en tant que nouveaux patriarches et représentants de cet Israël eschatologique. Pour Luc, la pentecôte réalise la prophétie de Joël 3. Le don de l’Esprit au nouveau peuple de Dieu s’accompagne d’une activité prophétique à des fins d’évangélisation et d’édification de l’Église. L’Esprit est reçu en présence des nouveaux patriarches, les apôtres, par les trois catégories de personnes constituant le nouveau peuple de Dieu : les Juifs, les Samaritains et les non-Juifs. Dans le cadre de la nouvelle alliance, la nouveauté de l’œuvre pneumatique réside en ce qu’elle procède du Messie ressuscité, qui la répand se rend ainsi présent dans les croyants. Il y a aussi nouveauté en ce que la fonction prophétique des apôtres pour laquelle l’Esprit les qualifie est conditionnée par l’œuvre accomplie par le Christ. Enfin, la création par Jésus d’un nouveau peuple de Dieu à travers le baptême dans l’Esprit est une troisième nouveauté. L’ère eschatologique de l’accomplissement des prophéties est ainsi inaugurée. En Jean aussi le don de l’Esprit, purificateur et vivifiant, est la conséquence de la croix de Christ. C’est l’accomplissement des prophéties d’Esaïe, d’Ezéchiel (36 ; 47) et de Zacharie (12.10 ; 13.1 ; 14.8). Ce don d’un autre ''paraklètos'' (défenseur en justice) est promis par Jésus aux apôtres en Jean 14 à 16 pour leur mission apostolique de témoin de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Inspiré par l’Esprit ''paraklètos'', le témoignage des apôtres sera normatif pour la foi en Christ. En outre, Jean relate un don pneumatique pré-pentecôte. Au soir du dimanche pascal, Jésus apparaît aux disciples et souffle sur eux en leur disant de recevoir le Saint-Esprit. Les apôtres sont ainsi chargés de lui succéder en tant que missionnaires apostoliques. Enfin, chez Paul l’œuvre vivifiante et régénératrice du Saint-Esprit résulte aussi de la mort et de la résurrection de Christ. Les croyants bénéficient du don spirituel grâce à l’expiation de leurs péchés par Jésus à la croix. Par l’Esprit ils sont unis à Christ et les uns aux autres pour former un seul corps (l’Église) constitué de juifs et païens.
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Dans la deuxième partie, c'est le Nouveau Testament qui est interrogé sur ce qu'il a à dire concernant l'œuvre pneumatique. Dans Luc, on voit que le baptême pneumatique est l'œuvre expiatrice du Christ ressuscité et glorieux. Par le baptême dans l'Esprit, le Christ se constitue un peuple spirituel, nouvel Israël de Dieu, le purifie et le renouvelle intérieurement. Dans les Actes, les apôtres reçoivent l'Esprit à la pentecôte en tant que nouveaux patriarches et représentants de cet Israël eschatologique. Pour Luc, la pentecôte réalise la prophétie de Joël 3. Le don de l'Esprit au nouveau peuple de Dieu s'accompagne 'une activité prophétique à des fins d’évangélisation et d'édification de l'Église. L'Esprit est reçu en présence des nouveaux patriarches, les apôtres, par les trois catégories de personnes constituant le nouveau peuple de Dieu : les Juifs, les Samaritains et les non-Juifs. Dans le cadre de la nouvelle alliance, la nouveauté de l'œuvre pneumatique réside en ce qu'elle procède du Messie ressuscité, qui la répand se rend ainsi présent dans les croyants. Il y a aussi nouveauté en ce que la fonction prophétique des apôtres pour laquelle l'Esprit les qualifie est conditionnée par l'œuvre accomplie par le Christ. Enfin, la création par Jésus d'un nouveau peuple de Dieu à travers le baptême dans l'Esprit est une troisième nouveauté. L'ère eschatologique de l'accomplissement des prophéties est ainsi inaugurée. En Jean aussi le don de l'Esprit, purificateur et vivifiant, est la conséquence de la croix de Christ. C'est l'accomplissement des prophéties d'Ésaïe, d'Ézéchiel (36 ; 47) et de Zacharie (12.10 ; 13.1 ; 14.8). Ce don d'un autre ''paraklètos'' (défenseur en justice) est promis par Jésus aux apôtres en Jean 14 à 16 pour leur mission apostolique de témoin de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Inspiré par l'Esprit ''paraklètos'', le témoignage des apôtres sera normatif pour la foi en Christ. En outre, Jean relate un don pneumatique pré-pentecôte. Au soir du dimanche pascal, Jésus apparaît aux disciples et souffle sur eux en leur disant de recevoir le Saint-Esprit. Les apôtres sont ainsi chargés de lui succéder en tant que missionnaires apostoliques. Enfin, chez Paul l'œuvre vivifiante et régénératrice du Saint-Esprit résulte aussi de la mort et de la résurrection de Christ. Les croyants bénéficient du don spirituel grâce à l'expiation de leurs péchés par Jésus à la croix. Par l'Esprit ils sont unis à Christ et les uns aux autres pour former un seul corps (l'Église) constitué de juifs et païens.
  
 
== Points de vue bibliques et systématiques ==
 
== Points de vue bibliques et systématiques ==
  
Dans la troisième partie, l’auteur entend discerner la progression de l’histoire du salut à partir de son étude de la Bible. Il montre les bémols que celle-ci apporte à la théologie de l’alliance. D’abord, pour Romerowski, à l’encontre des théologien de l’alliance, il y plus discontinuité que continuité entre Israël et l’Église. Bien qu’une certaine continuation, qui est essentiellement typologique, existe entre les deux, celle-ci n’est pas celle-là. Ensuite, Romerowski n’est pas non plus d’accord avec la position de la théologie réformée traditionnelle qui voit une unité entre l’ancienne et la nouvelle alliance. Pour les théologiens de l’alliance, la nouvelle alliance est l’aboutissement et l’accomplissement des promesses et des alliances de l’Ancien Testament. Pour Robertson il n’y a changement que de forme et non de substance. Romerowski nous rappelle que l’ancien et la nouvelle alliance sont dans les écrits néotestamentaires antithétiques. La première se rattache à la mort, la seconde à la vie. L’ancienne à la condamnation, la nouvelle à la justice. L’une est l’ombre, tandis que l’autre est la réalité. L’ancienne alliance se distingue de la nouvelle en ce que la première est un temps de préparation et d’anticipation, tandis que la seconde en est un d’accomplissement eschatologique. Ce qui se passe dans l’Ancien Testament sous l’action du Saint-Esprit est typologique : Christ vient accomplir ce qui était préfiguré sous l’ancienne alliance. C’est donc par anticipation de l’œuvre rédemptrice de Jésus-Christ que le Saint-Esprit régénérait les fidèles de l’ancienne économie.
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Dans la troisième partie, l’auteur entend discerner la progression de l’histoire du salut à partir de son étude de la Bible. Il montre les hésitations que celle-ci apporte à la théologie de l’alliance. D’abord, pour Romerowski, à l'encontre des théologien de l'alliance, il y plus discontinuité que continuité entre Israël et l'Église. Bien qu'une certaine continuation, qui est essentiellement typologique, existe entre les deux, celle-ci n'est pas celle-là. Ensuite, Romerowski n'est pas non plus d'accord avec la position de la théologie réformée traditionnelle qui voit une unité entre l'ancienne et la nouvelle alliance. Pour les théologiens de l'alliance, la nouvelle alliance est l'aboutissement et l'accomplissement des promesses et des alliances de l'Ancien Testament. Pour Robertson il n'y a changement que de forme et non de substance. Romerowski nous rappelle que l'ancien et la nouvelle alliance sont dans les écrits néotestamentaires antithétiques. La première se rattache à la mort, la seconde à la vie. L'ancienne à la condamnation, la nouvelle à la justice. L'une est l'ombre, tandis que l'autre est la réalité. L'ancienne alliance se distingue de la nouvelle en ce que la première est un temps de préparation et d'anticipation, tandis que la seconde en est un d'accomplissement eschatologique. Ce qui se passe dans l'Ancien Testament sous l'action du Saint-Esprit est typologique : Christ vient accomplir ce qui était préfiguré sous l'ancienne alliance. C'est donc par anticipation de l'œuvre rédemptrice de Jésus-Christ que le Saint-Esprit régénérait les fidèles de l'ancienne économie.
  
Ainsi, les croyants de l’ancienne alliance ne pouvaient être sauvés que par anticipation de la nouvelle.
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Ainsi, les croyants de l'ancienne alliance ne pouvaient être sauvés que par anticipation de la nouvelle.
  
 
== Conclusion ==
 
== Conclusion ==
Le livre de Romerowski est très instructif en ce qu’il rassemble les faits bibliques concernant le Saint-Esprit. C'est toute l'histoire de la rédemption qui se déploie alors sous nos yeux, dans la perspective de l’Esprit qui régénère dans l’Ancien Testament (déjà mais pas encore) ceux qui mette leur confiance en Yahvé et dans le Nouveau Testament ceux qui croit en celui dont les prophètes ont parlé lorsqu’ils annonçaient un Messie qui ferait que tous les membres du nouveau peuple serait remplis du Saint-Esprit. Bien plus, il y est proposé une position mitoyenne entre la théologie de l’alliance et le dispensationnalisme concernant le rapport entre l’Ancien et le Nouveau Testament quant à l’œuvre du Saint-Esprit dans l’histoire du salut.
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Le livre de Romerowski est très instructif dans la mesure où il rassemble les faits bibliques concernant le Saint-Esprit. Toute l'histoire de la rédemption se déroule sous nos yeux, dans la perspective de l'Esprit qui régénère dans l'Ancien Testament (déjà mais pas encore) ceux qui mettent leur confiance en Yahvé et dans le Nouveau Testament ceux qui croient en celui dont les prophètes ont parlé lorsqu'ils ont annoncé un Messie qui ferait que tous les membres du nouveau peuple seraient remplis du Saint-Esprit. En outre, Romerowski propose un moyen terme entre la théologie de l'alliance et le dispensationalisme concernant la relation entre l'Ancien et le Nouveau Testament en ce qui concerne l'œuvre du Saint-Esprit dans l'histoire du salut.
  
 
<div style='text-align: right;'>Pierre-Luc VERVILLE</div>
 
<div style='text-align: right;'>Pierre-Luc VERVILLE</div>
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== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
  
* ROMEROWSKI, Sylvain, ''L’œuvre du Saint-Esprit dans l’histoire du salut'', Cléon d’Andran/Nogent-Sur-Marne, Excelsis/Éditions de l'Institut Biblique, 2005.
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* ROMEROWSKI, Sylvain, ''L'œuvre du Saint-Esprit dans l’histoire du salut'', Cléon d'Andran/Nogent-Sur-Marne, Excelsis/Éditions de l'Institut Biblique, 2005.

Version actuelle datée du 25 mai 2022 à 09:16

Dans L'œuvre du Saint-Esprit dans l'histoire du salut, Sylvain Romerowski nous présente les différentes manières dont le Saint-Esprit s'est manifesté dans le cadre du récit biblique de la rédemption. Étant donné que l'histoire du salut commence dès les premiers chapitres de la Genèse et s'étend jusqu'aux derniers de l'Apocalypse, l'auteur peut nous parler d’une action du Saint-Esprit qui parcoure l'ensemble des Écritures. Le livre de Romerowski est un apport considérable à la théologie biblique. Lorsqu'il a été publié pour la première fois, en 1989, sous le titre L'œuvre du Saint-Esprit ancienne et nouvelle, les livres traitant exclusivement du thème vétérotestamentaire du Saint-Esprit étaient quasi inexistants. Son but est comprendre l'articulation entre l'ancienne et la nouvelle alliance. Nous suivrons l'auteur à travers trois étapes qui représente autant de parties du livre : 1) le Saint-Esprit et son histoire dans l'Ancien Testament ; 2) l'histoire du Saint-Esprit selon le Nouveau Testament ; 3) points de vue bibliques et systématiques.

Le Saint-Esprit et son histoire dans l'ancien Testament

Dans la première partie, Romerowski étudie les occurrences de l'œuvre de l'Esprit à partir du témoignage de l'Ancien Testament, en se focalisant sur ses actes au sein du peuple d'Israël. Les personnages de l'Ancien Testament reçoivent des parts de l'Esprit Saint pour accomplir des offices particuliers. Tandis que certains peuvent en recevoir plus que d'autres (Elisée, par exemple), ce que l'Esprit de Dieu communique à ces individus, qu'il s'agisse de force, de courage, de vaillance ou de sagesse, les rend capables d'exercer des tâches variées et spécifiques (guerre, travaux d'artisanat, transmission de la Parole de Dieu, etc.). Cette action du Saint-Esprit peut être temporaire ou permanent. C'est un agir souverain, ce qui fait qu'elle ne dépend pas de la moralité de l'individu sur laquelle elle s'exerce pour agir. Durant la période vétérotestamentaire, le Saint-Esprit a habité, rempli et conduit les croyants, de sorte que, en adoptant un point de vue systématique, l'on puisse parler de régénération et d'assurance du salut à leur sujet, bien que l'Ancien Testament n'utilise pas ce vocabulaire et qu'il semble silencieux sur ce point (probablement en raison de la focalisation de l'intrigue sur la collectivité). De l'enseignement des prophètes au sujet du Saint-Esprit ressort enfin que le don régénérateur de l'Esprit est eschatologique (intrinsèquement lié à la nouvelle alliance), et s'adresse à la totalité du peuple de la nouvelle alliance, un peuple comprenant des non-juifs et des Israélites du « reste ».

Le Saint-Esprit et son histoire selon le Nouveau Testament

Dans la deuxième partie, c'est le Nouveau Testament qui est interrogé sur ce qu'il a à dire concernant l'œuvre pneumatique. Dans Luc, on voit que le baptême pneumatique est l'œuvre expiatrice du Christ ressuscité et glorieux. Par le baptême dans l'Esprit, le Christ se constitue un peuple spirituel, nouvel Israël de Dieu, le purifie et le renouvelle intérieurement. Dans les Actes, les apôtres reçoivent l'Esprit à la pentecôte en tant que nouveaux patriarches et représentants de cet Israël eschatologique. Pour Luc, la pentecôte réalise la prophétie de Joël 3. Le don de l'Esprit au nouveau peuple de Dieu s'accompagne 'une activité prophétique à des fins d’évangélisation et d'édification de l'Église. L'Esprit est reçu en présence des nouveaux patriarches, les apôtres, par les trois catégories de personnes constituant le nouveau peuple de Dieu : les Juifs, les Samaritains et les non-Juifs. Dans le cadre de la nouvelle alliance, la nouveauté de l'œuvre pneumatique réside en ce qu'elle procède du Messie ressuscité, qui la répand se rend ainsi présent dans les croyants. Il y a aussi nouveauté en ce que la fonction prophétique des apôtres pour laquelle l'Esprit les qualifie est conditionnée par l'œuvre accomplie par le Christ. Enfin, la création par Jésus d'un nouveau peuple de Dieu à travers le baptême dans l'Esprit est une troisième nouveauté. L'ère eschatologique de l'accomplissement des prophéties est ainsi inaugurée. En Jean aussi le don de l'Esprit, purificateur et vivifiant, est la conséquence de la croix de Christ. C'est l'accomplissement des prophéties d'Ésaïe, d'Ézéchiel (36 ; 47) et de Zacharie (12.10 ; 13.1 ; 14.8). Ce don d'un autre paraklètos (défenseur en justice) est promis par Jésus aux apôtres en Jean 14 à 16 pour leur mission apostolique de témoin de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Inspiré par l'Esprit paraklètos, le témoignage des apôtres sera normatif pour la foi en Christ. En outre, Jean relate un don pneumatique pré-pentecôte. Au soir du dimanche pascal, Jésus apparaît aux disciples et souffle sur eux en leur disant de recevoir le Saint-Esprit. Les apôtres sont ainsi chargés de lui succéder en tant que missionnaires apostoliques. Enfin, chez Paul l'œuvre vivifiante et régénératrice du Saint-Esprit résulte aussi de la mort et de la résurrection de Christ. Les croyants bénéficient du don spirituel grâce à l'expiation de leurs péchés par Jésus à la croix. Par l'Esprit ils sont unis à Christ et les uns aux autres pour former un seul corps (l'Église) constitué de juifs et païens.

Points de vue bibliques et systématiques

Dans la troisième partie, l’auteur entend discerner la progression de l’histoire du salut à partir de son étude de la Bible. Il montre les hésitations que celle-ci apporte à la théologie de l’alliance. D’abord, pour Romerowski, à l'encontre des théologien de l'alliance, il y plus discontinuité que continuité entre Israël et l'Église. Bien qu'une certaine continuation, qui est essentiellement typologique, existe entre les deux, celle-ci n'est pas celle-là. Ensuite, Romerowski n'est pas non plus d'accord avec la position de la théologie réformée traditionnelle qui voit une unité entre l'ancienne et la nouvelle alliance. Pour les théologiens de l'alliance, la nouvelle alliance est l'aboutissement et l'accomplissement des promesses et des alliances de l'Ancien Testament. Pour Robertson il n'y a changement que de forme et non de substance. Romerowski nous rappelle que l'ancien et la nouvelle alliance sont dans les écrits néotestamentaires antithétiques. La première se rattache à la mort, la seconde à la vie. L'ancienne à la condamnation, la nouvelle à la justice. L'une est l'ombre, tandis que l'autre est la réalité. L'ancienne alliance se distingue de la nouvelle en ce que la première est un temps de préparation et d'anticipation, tandis que la seconde en est un d'accomplissement eschatologique. Ce qui se passe dans l'Ancien Testament sous l'action du Saint-Esprit est typologique : Christ vient accomplir ce qui était préfiguré sous l'ancienne alliance. C'est donc par anticipation de l'œuvre rédemptrice de Jésus-Christ que le Saint-Esprit régénérait les fidèles de l'ancienne économie.

Ainsi, les croyants de l'ancienne alliance ne pouvaient être sauvés que par anticipation de la nouvelle.

Conclusion

Le livre de Romerowski est très instructif dans la mesure où il rassemble les faits bibliques concernant le Saint-Esprit. Toute l'histoire de la rédemption se déroule sous nos yeux, dans la perspective de l'Esprit qui régénère dans l'Ancien Testament (déjà mais pas encore) ceux qui mettent leur confiance en Yahvé et dans le Nouveau Testament ceux qui croient en celui dont les prophètes ont parlé lorsqu'ils ont annoncé un Messie qui ferait que tous les membres du nouveau peuple seraient remplis du Saint-Esprit. En outre, Romerowski propose un moyen terme entre la théologie de l'alliance et le dispensationalisme concernant la relation entre l'Ancien et le Nouveau Testament en ce qui concerne l'œuvre du Saint-Esprit dans l'histoire du salut.

Pierre-Luc VERVILLE

Bibliographie

  • ROMEROWSKI, Sylvain, L'œuvre du Saint-Esprit dans l’histoire du salut, Cléon d'Andran/Nogent-Sur-Marne, Excelsis/Éditions de l'Institut Biblique, 2005.