John Cage : Différence entre versions

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Né à Los Angeles le 5 septembre 1912 et mort le 12 août 1992 à New York, John Cage a complètement bouleversé les conceptions traditionnelles de la musique occidentale par l'emploi de l'aléatoire et l'indéterminé dans la composition et l'interprétation. Après des études en musique, notamment avec Arnold Schoenberg, il s'engage dans une pratique musicale avant-gardiste. En 1938, il invente  la technique du piano préparé qu'il expérimente à la Cornish School of the Arts de Seattle. L'année suivante il compose ''Imaginary Landscape no 1'', première œuvre de musique électronique vivante (''live electronic music''). Dès 1950, il s'initie au ''Livre des mutations'', recueil d'oracles chinois sur lequel il se base pour composer des pièces dans lesquelles le hasard sert de principe organisateur. Puis, Cage fait du silence musical le matériau principal de ses recherches avec ''4'33'''', que David Tudor interprète pour la première fois en 1952 à Woodstock. Dans les années suivantes, son intérêt se porte sur l'incommunicabilité, notamment dans ''Empty Words'' pour voix (1973 -1978). John Cage a introduit dans la musique occidentale une conception nouvelle promouvant le hasard et l'indétermination. Son intention est de laisser les sons être eux-mêmes, c'est-à-dire des éléments naturels « libre de toute forme de transcendance active au-dessus d'eux<ref>Jeremy S. BEGBIE, ''Theology, Music and Time'', Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 192.</ref>. » L'influence du [[bouddhisme]] zen sur son approche compositionnelle est notable : plusieurs stratégies visant à nier la responsabilité du sujet conscient dans le processus d'invention sont mises en place, remettant en question l'invention même. Trois mouvements principaux structurent ''4'33'''' (1952), l'une des pièces les plus radicales du compositeurs. Pour chacun de ces mouvements, la partition comporte l'annotation tacet, indiquant au(x) musicien(s) de rester silencieux pendant tout le mouvement. La pièce est ainsi traversée d'un bout à l'autre par le silence musical. Néanmoins, il est prévu par le compositeur que ce silence soit relativisé par les bruits ambiants que l'on retrouve lors de chaque interprétation de l'œuvre.
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Né à Los Angeles le 5 septembre 1912 et mort le 12 août 1992 à New York, John Cage a complètement bouleversé les conceptions traditionnelles de la musique occidentale par l'emploi de l'aléatoire et l'indéterminé dans la composition et l'interprétation. Après des études en musique, notamment avec Arnold Schoenberg, il s'engage dans une pratique musicale avant-gardiste. En 1938, il invente  la technique du piano préparé qu'il expérimente à la Cornish School of the Arts de Seattle. L'année suivante il compose ''Imaginary Landscape no 1'', première œuvre de musique électronique vivante (''live electronic music''). Dès 1950, il s'initie au ''Livre des mutations'', recueil d'oracles chinois sur lequel il se base pour composer des pièces dans lesquelles le hasard sert de principe organisateur. Puis, Cage fait du silence musical le matériau principal de ses recherches avec ''4’33’’'', que David Tudor interprète pour la première fois en 1952 à Woodstock. Dans les années suivantes, son intérêt se porte sur l'incommunicabilité, notamment dans ''Empty Words'' pour voix (1973 -1978). John Cage a introduit dans la musique occidentale une conception nouvelle promouvant le hasard et l'indétermination. Son intention est de laisser les sons être eux-mêmes, c'est-à-dire des éléments naturels « libre de toute forme de transcendance active au-dessus d'eux<ref>Jeremy S. BEGBIE, ''Theology, Music and Time'', Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 192.</ref>. » L'influence du [[bouddhisme]] zen sur son approche compositionnelle est notable : plusieurs stratégies visant à nier la responsabilité du sujet conscient dans le processus d'invention sont mises en place, remettant en question l'invention même. Trois mouvements principaux structurent ''4'33'''' (1952), l'une des pièces les plus radicales du compositeurs. Pour chacun de ces mouvements, la partition comporte l'annotation tacet, indiquant au(x) musicien(s) de rester silencieux pendant tout le mouvement. La pièce est ainsi traversée d'un bout à l'autre par le silence musical. Néanmoins, il est prévu par le compositeur que ce silence soit relativisé par les bruits ambiants que l'on retrouve lors de chaque interprétation de l'œuvre.
  
 
<div style='text-align: right;'>Pierre-Luc VERVILLE</div>
 
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Version du 10 avril 2022 à 16:27

Né à Los Angeles le 5 septembre 1912 et mort le 12 août 1992 à New York, John Cage a complètement bouleversé les conceptions traditionnelles de la musique occidentale par l'emploi de l'aléatoire et l'indéterminé dans la composition et l'interprétation. Après des études en musique, notamment avec Arnold Schoenberg, il s'engage dans une pratique musicale avant-gardiste. En 1938, il invente la technique du piano préparé qu'il expérimente à la Cornish School of the Arts de Seattle. L'année suivante il compose Imaginary Landscape no 1, première œuvre de musique électronique vivante (live electronic music). Dès 1950, il s'initie au Livre des mutations, recueil d'oracles chinois sur lequel il se base pour composer des pièces dans lesquelles le hasard sert de principe organisateur. Puis, Cage fait du silence musical le matériau principal de ses recherches avec 4’33’’, que David Tudor interprète pour la première fois en 1952 à Woodstock. Dans les années suivantes, son intérêt se porte sur l'incommunicabilité, notamment dans Empty Words pour voix (1973 -1978). John Cage a introduit dans la musique occidentale une conception nouvelle promouvant le hasard et l'indétermination. Son intention est de laisser les sons être eux-mêmes, c'est-à-dire des éléments naturels « libre de toute forme de transcendance active au-dessus d'eux[1]. » L'influence du bouddhisme zen sur son approche compositionnelle est notable : plusieurs stratégies visant à nier la responsabilité du sujet conscient dans le processus d'invention sont mises en place, remettant en question l'invention même. Trois mouvements principaux structurent 4'33'' (1952), l'une des pièces les plus radicales du compositeurs. Pour chacun de ces mouvements, la partition comporte l'annotation tacet, indiquant au(x) musicien(s) de rester silencieux pendant tout le mouvement. La pièce est ainsi traversée d'un bout à l'autre par le silence musical. Néanmoins, il est prévu par le compositeur que ce silence soit relativisé par les bruits ambiants que l'on retrouve lors de chaque interprétation de l'œuvre.

Pierre-Luc VERVILLE

Références

  1. Jeremy S. BEGBIE, Theology, Music and Time, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 192.

Bibliographie

  • BEGBIE, Jeremy S., Theology, Music and Time, Cambridge, Cambridge University Press, 2000.