Lumières : Différence entre versions

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Les Lumières ou Siècle des Lumières<ref>Cette période correspond à ''l’Aufklärung'' en Allemagne, le ''Verlichting'' en Hollande et à l’''Enlightenment'' en Grande-Bretagne. Toutefois, John M. FRAME, ''A History of Western philosophy and theology'', Phillipsburg, P&amp;R Publishing, 2015, p. 215 note à juste titre que l’esprit des Lumières, soit celui de l’autonomie de la raison humaine, tire ses racines de la renaissance de la philosophie séculière au XVII<sup>e</sup> siècle.
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Les Lumières, siècle des Lumières ou encore âge de la Raison, coïncident plus ou moins, en France, avec le XIX<sup>e</sup> siècle. Mouvement culturel, philosophique, littéraire et intellectuel, elles succèdent à l’ère classique et se terminent avec la période où se développe la Révolution (Révolution américaine de 1776 et la Révolution française de 1789), le Romantisme et la Restauration, et pour certains, avec la publication de la ''Critique de la raison pure'' de Kant en 1781.
</ref>, ou l’âge de la Raison<ref>Ceci souligne l’accent de la Raison durant cette époque et n’implique pas qu’elle était ignorée dans le passé selon Alister E. MCGRATH, ''Historical Theology : An Introduction to the History of Christian Thought'', Oxford, Wiley-Blackwell, 2012, 220 : « […] an emphasis upon the ability of human reason to penetrate the mysteries of the world is rightly regarded as a defining characteristic of the Enlightenment ».
 
</ref>, coïncide plus ou moins avec le XIX<sup>e</sup> siècle en France<ref>Encyclopædia Universalis, « Lumières (Philosophie des) », Vol 10, Paris, Encyclopædia Universalis France, 1974, p. 154.
 
</ref>. Mouvement culturel, philosophique, littéraire et intellectuel, la période des Lumières succède à l’ère classique et se termine avec la période où se développent la Révolution (Révolution américaine de 1776 et la Révolution française de 1789), le Romantisme, et la Restauration<ref>Le siècle des Lumières peut être divisé en trois sous-périodes : la première moitié du 18<sup>e</sup> siècle, avec Montesquieu et Voltaire, suivi d’une deuxième période rejetant l’autorité de la révélation et écrits sacrés avec Hume, Rousseau et les matérialistes français, pour finalement développer une profondeur avec la contribution allemande des Lessing, Wieland et Kant, séparant la raison en trois sphères autonomes (science, moralité et art). Neil B. MACDONALD, « Enlightenment», ''The Dictionary of Historical Theology'', Grand Rapids, Eerdmans, 2000, p. 175.
 
</ref>, et pour certains, avec la publication de la ''Critique de la raison pure'' de Kant (1781).
 
  
Suite à la Réforme, l’unité intellectuelle européenne en matière de moralité et de religion a est morcelée<ref>« Christianity not only has to deal with the consequences of the Enlightenment, it also helped to create the environment in which the Enlightenment could originate ». Gerben HEITINK, ''Practical Theology,'' Grand Rapids, Eerdmans Publishing Co., 1999, p. 20.
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== Description générale ==
</ref>, exigeant conséquemment un nouveau standard pour réunir la connaissance religieuse et les croyances. John Locke, à l’instar de René Descartes, est un précurseur de cette époque. Il tente de répondre au défi apologétique par un appel à la raison comme guide. Cette proclamation est sans équivoque : la raison autonome, avec sa pensée critique, devient reine. Selon Ramm, l’intelligentsia européenne « répudie l’autorité du passé ou de la tradition et affirme la capacité de l’homme moderne de trouver la vérité par lui-même<ref>« It repudiated the authority of the past or of tradition and affirmed modern man’s power to find the truth for himself ». Notre trad. Bernard RAMM, ''The Evangelical Heritage – A Study in historical theology'', Baker, 2000, p. 64.
 
</ref> » entraînant le rejet de l’autorité et de la tradition, séparant foi et raison par le rejet de la possibilité du miraculeux et redéfinissant l’anthropologie chrétienne.
 
  
L’autorité de la Révélation est détrônée, car aucune autorité n’est acceptée si elle n’est justifiée par la Raison. Neil B. MacDonald exprime que, pour la théologie chrétienne, un changement de paradigme survient<ref>Neil B. MACDONALD, ''op. cit.,'' p. 176 « The emergence of critical apologetics during the seventeenth and eighteenth centuries testified to a fundamental shift in the epistemic stance of Christian theology from a “faith seeking understanding” paradigm to what may be termed a “faith requiring justification” paradigm ».
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Période de la prédominance de la Raison, les Lumières se nomment ''Aufklärung'' en Allemagne, ''Verlichting'' en Hollande et ''Enlightenment'' en Grande-Bretagne. Dans chacune de ces occurrences, l’autonomie de la raison humaine est la caractéristique dominante, résultat d’un processus entamé au moins deux siècles auparavant. John Frame note que les Lumières tirent leurs racines du renouveau de la philosophie séculière du XVII<sup>e</sup> siècle<ref>John M. FRAME, ''A History of Western Philosophy and Theology'', Phillipsburg, P&amp;R Publishing, 2015, p. 215.
</ref>: on passe d’une « foi à la recherche de compréhension » à une « foi qui requiert une justification ». Ainsi, celui qui déclare ses convictions religieuses doit en expliquer le fondement rationnel ou les abandonner. Pour certains, l’autorité biblique demeure, mais toujours sous la domination de la Raison, car « nous pouvons compter sur les vérités divines révélées seulement si nous avons été persuadés par d’autres moyens qu’elles ont été révélées<ref>« We can rely on divinely revealed truth only if we have been persuaded ''on other grounds'' that is had, in fact, been revealed ». Notre trad. Sam STORMS, « The Enlightenment », https://www.samstorms.org/all-articles/post/the-enlightenment, consulté le 18 septembre 2020.
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</ref>. Neil B. Macdonald divise le siècle des Lumières en trois sous-périodes qui représentent autant d’étapes de la montée en puissance de la Raison : la première moitié du XVIII<sup>e</sup> siècle, avec Montesquieu et Voltaire ; une période de rejet l’autorité de la Révélation et des écrits sacrés, avec Hume, Rousseau et les matérialistes français ; un approfondissement philosophique, avec la contribution allemande des Lessing, Wieland et Kant, qui séparent la raison en trois sphères autonomes (science, moralité et art)<ref>Neil B. MACDONALD, « Enlightenment », ''The Dictionary of Historical Theology'', Grand Rapids, Eerdmans, 2000, p. 175.
</ref> ». Nul ne doute que la remise en question de la doctrine de la Révélation s’applique ''mutadis mutandis'' à l’ensemble des doctrines se tenant sur ce fondement.
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</ref>. La raison humaine s’est donc progressivement acquise une position d’autorité.
  
La chrétienté doit être dépouillée de son bagage surnaturel, superstitieux et miraculeux. La christologie, qui historiquement associe le Christ de la foi et le Christ historique, a vu ces deux propositions fondamentales être séparées par les rationalistes sur la base du rejet de la possibilité du miracle ultime de la résurrection, provoquant les quêtes pour le Jésus historique. Selon Harris, l’école de théologie de Tübingen a milité en faveur d’une relecture de la Bible à partir d’une perspective théologique non miraculeuse. La théologie académique, soumise à la démolition de sa métaphysique par la philosophie et du triomphe de l’historicisme dans les universités allemandes, a dû développer des alternatives comme fondement à la doctrine de la divinité du Christ<ref>H. HARRIS, « Tübingen school», New Dictionary of Theology, Downers Grove, IVP, 1988, p. 696,
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La Réforme protestante a contribué à la domination de la Raison en morcelant l’unité intellectuelle européenne dans les domaines de la moralité et de la religion<ref>Gerben HEITINK, ''op. cit,'' p. 20.
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</ref>. En effet, cette fragmentation appelait un nouveau standard pour fédérer la connaissance religieuse et les croyances. John Locke, à l’instar de René Descartes, est un précurseur de cette époque. Il s’efforce de répondre au défi apologétique avec un appel à la Raison comme guide. Cette proclamation est sans équivoque : la raison autonome, avec sa pensée critique, devient reine. Selon Bernard Ramm, l’intelligentsia européenne « répudie l’autorité du passé ou de la tradition et affirme la capacité de l’homme moderne de trouver la vérité par lui-même<ref>Bernard RAMM, ''The Evangelical Heritage — A Study in historical theology'', Grand Rapids, Baker, 2000, p. 64.
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</ref> ». Le rationalisme continental et l’empirisme britannique deviennent les philosophies prédominantes qui imposent leurs méthodes comme étant les seules jugées scientifiquement viables. Pour Zimmermann, Cette devise dépendait toujours d’une condition transcendantale pour l’acquisition de la connaissance. Tout dépend de la priorité accordée à l’une des deux facultés humaines comme source du connaître, soit la raison ou l’expérience humaine, soit de manière déductive ou inductive. La Manche a traditionnellement servi de frontière à la philosophie : l’Europe continentale étant rationaliste (Descartes, Spinoza, Leibniz) et les Britanniques étant empiristes (Locke, Berkeley, Hume)<ref>Jens ZIMMERMANN, ''Recovering theological hermeneutics – An incarnational-Trinitarian theory of Interpretation'', Grand Rapids, Baker Academic, 2004, p. 136.
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</ref>. Ce changement a pour conséquences d'entraîner le rejet de l’autorité et de la tradition, de séparer foi et raison par le rejet de la possibilité du miraculeux et de redéfinir l’anthropologie chrétienne avec des conséquences désastreuses sur les doctrines théologiques, telles que la Trinité et l’expiation.
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== Le rejet de l’autorité de la révélation ==
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Aucune autorité n’est acceptée, sauf si la raison la justifie, ce qui détrône l’autorité de la Révélation. En effet, Alister E. McGrath distingue trois étapes dans le développement des Lumières face à la notion d’autorité de la Révélation, soit que les croyances du christianisme sont rationnelles ; les croyances sont rationnelles et peuvent être dérivées de la raison et donc, la révélation est une réaffirmation des vérités morales déjà disponibles ; et la raison est habilitée à juger la Révélation, les croyances et pratiques chrétiennes afin d’enlever les éléments irrationnels et superstitieux<ref>Alister E. MCGRATH, ''Historical Theology: An Introduction to the History of Christian Thought'', Oxford, Wiley-Blackwell, 2012, p. 184- 185.
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</ref>. Par conséquent, Neil B. MacDonald exprime que, pour la théologie chrétienne, un changement de paradigme survient<ref>Neil B. MACDONALD, ''op. cit.'', p. 176.
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</ref> : on passe d’une « foi à la recherche de compréhension » à une « foi qui requiert une justification ». Ainsi, celui qui déclare ses convictions religieuses doit en expliquer le fondement rationnel ou les abandonner. Pour certains, l’autorité biblique demeure, mais sous la domination de la raison, car selon Sam Storms « nous pouvons compter sur les vérités divines révélées seulement si nous avons été persuadés par d’autres moyens qu’elles ont été révélées<ref>Sam STORMS, « The Enlightenment », ''https://www.samstorms.org/all-articles/post/the-enlightenment'', consulté le 18 septembre 2020.
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</ref> ». Par conséquent, la Bible ne doit plus posséder un statut différent des autres types de littérature et doit être approchée d’une manière critique. Nul ne doute que la remise en question de la doctrine de la révélation s’applique ''mutadis mutandis'' à l’ensemble des doctrines qui se tiennent sur ce fondement.
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== Le rejet du miraculeux ==
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La chrétienté doit être dépouillée de son bagage surnaturel, superstitieux et miraculeux. David Hume (''Essay on Miracles'' de 1748) expose les évidences de l’impossibilité des miracles. Yannick Imbert décrit les quatre arguments principaux pour le rejet du miraculeux : « Les miracles manquent d’attestations et de témoins compétents, pour juger de leur véracité ; les miracles sont souvent le fruit de la propension humaine à l’exagération ; la croyance aux miracles abonde chez les peuples barbares ; et enfin les miracles des différentes religions s’annulent les uns les autres et il est en fin de compte impossible de séparer le vrai miracle du pseudo-miracle, ni même de distinguer le miracle opéré par le Dieu de la révélation biblique d’un autre miracle<ref>Yannick IMBERT, « Miracle(s) », ''La foi chrétienne et les défis du monde contemporain'', Charols, Editions Excelsis, 2013, p. 92.
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</ref>. »
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La christologie a toujours associé le Christ de la foi et le Christ historique. Sur la base de l’impossibilité du miracle ultime de la résurrection, les rationalistes ont séparé ces deux propositions fondamentales, ce qui a provoqué les quêtes pour le Jésus historique. Selon H. Harris, l’école de théologie de Tübingen a milité en faveur d’une relecture de la Bible à partir d’une perspective théologique non miraculeuse<ref>H. HARRIS, « Tübingen School », ''New Dictionary of Theology'', Downers Grove, IVP, 1988, p. 696.
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</ref>. La théologie académique, soumise à la démolition de sa métaphysique par la philosophie et par le triomphe de l’historicisme dans les universités allemandes, a dû développer des alternatives pour fonder la doctrine de la divinité du Christ.
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== Le rejet de l’anthropologie chrétienne ==
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Au moins deux éléments majeurs de l’anthropologie chrétienne sont affectés. L’humain, en établissant sa raison comme ''norme normante'', se met à la place de Dieu au lieu d’être une créature dotée d’un statut spécial dans le monde de Dieu. L’humanité se retrouve paradoxalement « détrônée de sa position élevée au centre de la création et a également perdu son statut de création spéciale de Dieu qui se tient au-dessus du reste de la Création<ref>Sam STORMS, « The Enlightenment ». Notre traduction.
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</ref> ». Selon Paul Tillich, cette période rejette la doctrine du péché originel et de la nature corrompue de l’humain afin d’éviter la possibilité d’une raison affaiblie : « le point d’attaque le plus passionné des Lumières contre le christianisme est la doctrine du péché originel<ref>Paul TILLICH, ''op. cit.'', p. 363.
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</ref> ». Le péché originel est rejeté par Voltaire et Rousseau, car ce concept limite les habiletés humaines et freine le développement humain. L’élimination ou la diminution des conséquences du péché originel sur l’humain altère l’importance des effets de la chute de l’humanité et de la nécessité d’une rédemption. L’expiation est réduite à une théorie morale selon Alistair McGrath : « La mort de Jésus sur la croix a été réinterprétée en termes d’un exemple moral suprême de don de soi et de dévouement destiné à inspirer le même dévouement et le don de soi de la part de ses disciples<ref>Alister E. MCGRATH, ''op. cit.'', p. 186. Notre traduction.
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</ref> ». La doctrine de la Trinité, quant à elle, est déclarée absurde d’un point de vue mathématique.
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Dans la foulée, avec la percée du Romantisme contre ce rationalisme froid, la théologie met l’accent sur le sentiment humain ; les personnes deviennent le sujet de leur propre expérience. Cette nouvelle réalité provoque une nouvelle compréhension de la religion et de l’Église. Nous pourrions résumer ce changement ainsi : la « foi subjective des chrétiens (''fides qua creditur'') » prend le dessus sur la « foi objective (''fides quæ creditur'') ». Ces nouvelles réalités entrainent la rébellion des croyants contre la suprématie de l’Église et sa tradition. L’auto-illumination propre aux Lumières permet la libération de l’autorité ecclésiale remplaçant la dépendance prémoderne à l’illumination divine pour toute forme de connaissance. Cette pensée sera triomphante jusqu’à Gadamer qui dénoncera ce préjugé contre les préjugés et ainsi les réhabilitera. Selon ce dernier, le rejet systématique par le rationalisme moderne de la tradition, des préjugés et de l’autorité est lui-même, ironiquement, un mauvais préjugé qu’il faut démasquer et rejeter<ref>Hans-Georg GADAMER, ''Vérité et méthode'', Paris, Seuil, 1996, p. 297.
 
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Au moins deux éléments majeurs de l’anthropologie chrétienne sont affectés. L’humain, en établissant sa Raison comme ''norme normante'', se met à la place de Dieu au lieu d’être une créature dotée d’un statut spécial dans le monde de Dieu. L’humanité est ainsi paradoxalement « détrônée de sa position élevée au centre de la création et a également perdu son statut de création spéciale de Dieu se tenant au-dessus du reste de la Création<ref>Sams STORMS, ''op. cit.'' citant Grenz et Olson « Dethroned from their lofty position at the center of creation, they likewise lost their status as a special creation of God standing above the rest of the created order ». Notre trad.
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== Naissance de la théologie libérale ==
</ref> ». Selon Paul Tillich, cette période rejette la doctrine du péché originel et de la nature corrompue de l’humain afin d’éviter la possibilité d’une Raison affaiblie : « le point d’attaque le plus passionné des Lumières contre le christianisme est la doctrine du péché originel<ref>« The most passionate point of attack of the Enlightenment against Christianity dealt with the doctrine of original sin » Notre trad. Paul TILLICH, A History of Christian Thought – From its Judaic and Hellenistic Origins to Existentialism, New York, Touchstone, 1967 – 1968, p. 363.
 
</ref> ». Toutefois, l’élimination ou la diminution des conséquences du péché originel sur l’humain altère l’importance des effets de la chute de l’humanité et de la nécessité d’une Rédemption.
 
  
Dans la foulée, la théologie met l’accent sur le sentiment humain ; les personnes deviennent le sujet de leur propre expérience les amenant à une nouvelle compréhension de la religion et de l’Église. Nous pourrions résumer ce changement ainsi : la « foi subjective des chrétiens (''fides qua creditur'') » prend le dessus sur la « foi objective (''fides quæ creditur'') ». Cette nouvelle réalité entraîne la rébellion des croyants contre la suprématie de l’Église et sa tradition<ref>L’auto-illumination propre aux Lumières permet la libération de l’autorité ecclésiale remplaçant la dépendance pré-moderne à l’illumination divine pour toute forme de connaissance. Cette pensée sera triomphante jusqu’à Gadamer qui dénoncera ce préjugé contre les préjugés et ainsi les réhabilitera. Selon ce dernier, le rejet systématique par le rationalisme moderne de la tradition, des préjugés et de l’autorité est lui-même, ironiquement, un mauvais préjugé qu’il faut démasquer et rejeter. Hans-Georg GADAMER, ''Vérité et méthode'', Paris, Seuil, 1996, p. 297.
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Subséquemment, la théologie libérale naît lorsque des chrétiens construisent leur théologie sur les bases de ces philosophies. Il n’est pas étonnant que John Frame, théologien réformé américain, définisse la théologie libérale comme toute forme de théologie qui ne se soumet pas à l’infaillibilité de la Bible. Il précise qu’il y a deux présupposés de base de la théologie libérale: le premier est de prendre les présupposés philosophiques comme fondements de la théologie et le deuxième est d’avoir une vue naturaliste de l’Écriture en considérant la Bible comme un document humain qui peut être critiqué et non comme parole de Dieu. L’ère de la théologie libérale protestante a débuté avec le classique de Schleiermacher (''On Religion—Speeches to Its Cultured Despisers)'' et s’est terminée avec la publication du commentaire de Karl Barth sur l’épitre de Paul aux Romains<ref>John M. FRAME, ''op. cit.'', p. 216.
</ref>. Le rationalisme continental et l’empirisme britannique deviennent les philosophies prédominantes et imposent leurs méthodes comme étant les seules jugées scientifiquement viables<ref>Tout dépend de la priorité accordée à l’une des deux facultés humaines comme source du connaître, soit la raison ou l’expérience humaine, soit de manière déductive ou inductive. La Manche a traditionnellement servi de frontière à la philosophie : l’Europe continentale étant rationaliste (Descartes, Spinoza, Leibniz) et les Britanniques étant empiristes (Locke, Berkeley, Hume). Pour Jens ZIMMERMANN, ''Recovering theological hermeneutics—An incarnational—Trinitarian theory of Interpretation'', Grand Rapids, Baker Academic, 2004, p. 136 « Neither rationalism nor empiricism, however, escapes a mind-body dualism, and both methods are a departure from the earlier theological motto of « fait seeking understanding». Ce motto dépendait toujours d’une condition transcendantale pour l’acquisition de la connaissance.
 
 
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Subséquemment, la théologie libérale naît lorsque des chrétiens ont construit leur théologie sur les bases de ces philosophies. Il n’est pas étonnant que John Frame, théologien réformé américain, ait défini la théologie libérale comme toute forme de théologie ne se soumettant pas à l’autorité infaillible de la Bible<ref>John M. FRAME, ''A History of Western philosophy and theology'', ''op. cit''., p. 216 précise qu’il y a deux présupposés de base de la théologie libérale, le premier étant de prendre les présupposés philosophiques comme fondements de la théologie et le deuxième est d’avoir une vue naturaliste de l’Écriture en considérant la Bible comme un document humain pouvant être critiqué et non comme parole de Dieu. L’ère de la théologie libérale protestante a débuté avec le classique de SCHLEIERMACHER (''On religion—Speeches to Its Cultured Despisers)'' et s’est terminé avec la publication du commentaire de Karl Barth sur l'épître de Paul aux Romains.
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Toutefois, malgré cette nouvelle manière de lire la Bible à partir d’une vision du monde qui exclut le surnaturel, ces philosophes et théologiens libéraux conservent la religion pour son utilité morale en prenant soin de la garder à l’intérieur des limites de leur horizon.
</ref>. Toutefois, malgré cette nouvelle manière de lire la Bible à partir d’une vision du monde qui exclut le surnaturel, il est commun pour ces philosophes et théologiens libéraux de conserver la religion pour son utilité morale en prenant soin de toujours la garder à l’intérieur des limites de leur horizon.
 
 
 
  
Sébastien MORRISSETTE
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<div style='text-align: right;'>Sébastien MORRISSETTE</div>
  
== Références ==
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== Notes et références ==
  
 
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== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
  
Encyclopædia Universalis, « Lumières (Philosophie des) », vol. 10, Paris, Encyclopædia Universalis France, 1974, p. 154 – 160.
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* FRAME, John M., ''A history of western philosophy and theology'', Phillipsburg, P&amp;R publishing, 2015.
  
FRAME, John M., ''A history of western philosophy and theology'', Phillipsburg, P&amp;R publishing, 2015, 875 p.
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* GADAMER, Hans-Georg, ''Vérité et méthode'', Paris, Seuil, 1996.
  
GADAMER, Hans-Georg, ''Vérité et méthode'', Paris, Seuil, 1996, 533 p.
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* HARRIS, H., « Tübingen school », ''New Dictionary of Theology,'' Downers Grove, IVP, 1988, p. 696–697.
  
HARRIS, H., « Tübingen school », ''New Dictionary of Theology,'' Downers Grove, IVP, 1988, p. 696–697.
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* HEITINK, Gerben, ''Practical theology'', Grand Rapids, Eerdmans Publishing Co., 1999.
  
HEITINK, Gerben, ''Practical theology'', Grand Rapids, Eerdmans Publishing Co., 1999, 358 p.
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* IMBERT, Yannick, « Miracle(s) », ''La foi chrétienne et les défis du monde contemporain'', Charols, Editions Excelsis, 2013, p. 88-95.
  
MACDONALD, Neil B., « Enlightenment», ''The Dictionary of Historical Theology'', Grand Rapids, Eerdmans, 2000, p. 175–184.
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* MACDONALD, Neil B., « Enlightenment», ''The Dictionary of Historical Theology'', Grand Rapids, Eerdmans, 2000, p. 175–184.
  
MCGRATH, Alister E., ''Historical Theology: An Introduction to the History of Christian Thought'', Oxford, Wiley-Blackwell, 2012, 320 p.
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* MCGRATH, Alister E., ''Historical Theology: An Introduction to the History of Christian Thought'', Oxford, Wiley-Blackwell, 2012.
  
RAMM, Bernard, ''The Evangelical Heritage – A Study in historical theology'', Baker, 2000, 180 p.
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* RAMM, Bernard, ''The Evangelical Heritage – A Study in historical theology'', Baker, 2000.
  
STORMS, Sam, « The Enlightenment », [https://www.samstorms.org/all-articles/post/the-enlightenment ''https://www.samstorms.org/all-articles/post/the-enlightenment''], consulté le 18 septembre 2020.
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* STORMS, Sam, « The Enlightenment », [https://www.samstorms.org/all-articles/post/the-enlightenment ''https://www.samstorms.org/all-articles/post/the-enlightenment''], consulté le 18 septembre 2020.
  
TILLICH, Paul, ''A History of Christian Thought – From its Judaic and Hellenistic Origins to Existentialism'', New York, Touchstone, 1967 – 1968, 541 p.
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* TILLICH, Paul, ''A History of Christian Thought – From its Judaic and Hellenistic Origins to Existentialism'', New York, Touchstone, 1967 – 1968.
  
ZIMMERMANN, Jens, ''Recovering theological hermeneutics—An incarnational-Trinitarian theory of Interpretation'', Grand Rapids, Baker Academic, 2004, 345 p.
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* ZIMMERMANN, Jens, ''Recovering theological hermeneutics—An incarnational-Trinitarian theory of Interpretation'', Grand Rapids, Baker Academic, 2004.

Version actuelle datée du 11 novembre 2021 à 08:00

Les Lumières, siècle des Lumières ou encore âge de la Raison, coïncident plus ou moins, en France, avec le XIXe siècle. Mouvement culturel, philosophique, littéraire et intellectuel, elles succèdent à l’ère classique et se terminent avec la période où se développe la Révolution (Révolution américaine de 1776 et la Révolution française de 1789), le Romantisme et la Restauration, et pour certains, avec la publication de la Critique de la raison pure de Kant en 1781.

Description générale

Période de la prédominance de la Raison, les Lumières se nomment Aufklärung en Allemagne, Verlichting en Hollande et Enlightenment en Grande-Bretagne. Dans chacune de ces occurrences, l’autonomie de la raison humaine est la caractéristique dominante, résultat d’un processus entamé au moins deux siècles auparavant. John Frame note que les Lumières tirent leurs racines du renouveau de la philosophie séculière du XVIIe siècle[1]. Neil B. Macdonald divise le siècle des Lumières en trois sous-périodes qui représentent autant d’étapes de la montée en puissance de la Raison : la première moitié du XVIIIe siècle, avec Montesquieu et Voltaire ; une période de rejet l’autorité de la Révélation et des écrits sacrés, avec Hume, Rousseau et les matérialistes français ; un approfondissement philosophique, avec la contribution allemande des Lessing, Wieland et Kant, qui séparent la raison en trois sphères autonomes (science, moralité et art)[2]. La raison humaine s’est donc progressivement acquise une position d’autorité.

La Réforme protestante a contribué à la domination de la Raison en morcelant l’unité intellectuelle européenne dans les domaines de la moralité et de la religion[3]. En effet, cette fragmentation appelait un nouveau standard pour fédérer la connaissance religieuse et les croyances. John Locke, à l’instar de René Descartes, est un précurseur de cette époque. Il s’efforce de répondre au défi apologétique avec un appel à la Raison comme guide. Cette proclamation est sans équivoque : la raison autonome, avec sa pensée critique, devient reine. Selon Bernard Ramm, l’intelligentsia européenne « répudie l’autorité du passé ou de la tradition et affirme la capacité de l’homme moderne de trouver la vérité par lui-même[4] ». Le rationalisme continental et l’empirisme britannique deviennent les philosophies prédominantes qui imposent leurs méthodes comme étant les seules jugées scientifiquement viables. Pour Zimmermann, Cette devise dépendait toujours d’une condition transcendantale pour l’acquisition de la connaissance. Tout dépend de la priorité accordée à l’une des deux facultés humaines comme source du connaître, soit la raison ou l’expérience humaine, soit de manière déductive ou inductive. La Manche a traditionnellement servi de frontière à la philosophie : l’Europe continentale étant rationaliste (Descartes, Spinoza, Leibniz) et les Britanniques étant empiristes (Locke, Berkeley, Hume)[5]. Ce changement a pour conséquences d'entraîner le rejet de l’autorité et de la tradition, de séparer foi et raison par le rejet de la possibilité du miraculeux et de redéfinir l’anthropologie chrétienne avec des conséquences désastreuses sur les doctrines théologiques, telles que la Trinité et l’expiation.

Le rejet de l’autorité de la révélation

Aucune autorité n’est acceptée, sauf si la raison la justifie, ce qui détrône l’autorité de la Révélation. En effet, Alister E. McGrath distingue trois étapes dans le développement des Lumières face à la notion d’autorité de la Révélation, soit que les croyances du christianisme sont rationnelles ; les croyances sont rationnelles et peuvent être dérivées de la raison et donc, la révélation est une réaffirmation des vérités morales déjà disponibles ; et la raison est habilitée à juger la Révélation, les croyances et pratiques chrétiennes afin d’enlever les éléments irrationnels et superstitieux[6]. Par conséquent, Neil B. MacDonald exprime que, pour la théologie chrétienne, un changement de paradigme survient[7] : on passe d’une « foi à la recherche de compréhension » à une « foi qui requiert une justification ». Ainsi, celui qui déclare ses convictions religieuses doit en expliquer le fondement rationnel ou les abandonner. Pour certains, l’autorité biblique demeure, mais sous la domination de la raison, car selon Sam Storms « nous pouvons compter sur les vérités divines révélées seulement si nous avons été persuadés par d’autres moyens qu’elles ont été révélées[8] ». Par conséquent, la Bible ne doit plus posséder un statut différent des autres types de littérature et doit être approchée d’une manière critique. Nul ne doute que la remise en question de la doctrine de la révélation s’applique mutadis mutandis à l’ensemble des doctrines qui se tiennent sur ce fondement.

Le rejet du miraculeux

La chrétienté doit être dépouillée de son bagage surnaturel, superstitieux et miraculeux. David Hume (Essay on Miracles de 1748) expose les évidences de l’impossibilité des miracles. Yannick Imbert décrit les quatre arguments principaux pour le rejet du miraculeux : « Les miracles manquent d’attestations et de témoins compétents, pour juger de leur véracité ; les miracles sont souvent le fruit de la propension humaine à l’exagération ; la croyance aux miracles abonde chez les peuples barbares ; et enfin les miracles des différentes religions s’annulent les uns les autres et il est en fin de compte impossible de séparer le vrai miracle du pseudo-miracle, ni même de distinguer le miracle opéré par le Dieu de la révélation biblique d’un autre miracle[9]. »

La christologie a toujours associé le Christ de la foi et le Christ historique. Sur la base de l’impossibilité du miracle ultime de la résurrection, les rationalistes ont séparé ces deux propositions fondamentales, ce qui a provoqué les quêtes pour le Jésus historique. Selon H. Harris, l’école de théologie de Tübingen a milité en faveur d’une relecture de la Bible à partir d’une perspective théologique non miraculeuse[10]. La théologie académique, soumise à la démolition de sa métaphysique par la philosophie et par le triomphe de l’historicisme dans les universités allemandes, a dû développer des alternatives pour fonder la doctrine de la divinité du Christ.

Le rejet de l’anthropologie chrétienne

Au moins deux éléments majeurs de l’anthropologie chrétienne sont affectés. L’humain, en établissant sa raison comme norme normante, se met à la place de Dieu au lieu d’être une créature dotée d’un statut spécial dans le monde de Dieu. L’humanité se retrouve paradoxalement « détrônée de sa position élevée au centre de la création et a également perdu son statut de création spéciale de Dieu qui se tient au-dessus du reste de la Création[11] ». Selon Paul Tillich, cette période rejette la doctrine du péché originel et de la nature corrompue de l’humain afin d’éviter la possibilité d’une raison affaiblie : « le point d’attaque le plus passionné des Lumières contre le christianisme est la doctrine du péché originel[12] ». Le péché originel est rejeté par Voltaire et Rousseau, car ce concept limite les habiletés humaines et freine le développement humain. L’élimination ou la diminution des conséquences du péché originel sur l’humain altère l’importance des effets de la chute de l’humanité et de la nécessité d’une rédemption. L’expiation est réduite à une théorie morale selon Alistair McGrath : « La mort de Jésus sur la croix a été réinterprétée en termes d’un exemple moral suprême de don de soi et de dévouement destiné à inspirer le même dévouement et le don de soi de la part de ses disciples[13] ». La doctrine de la Trinité, quant à elle, est déclarée absurde d’un point de vue mathématique.

Dans la foulée, avec la percée du Romantisme contre ce rationalisme froid, la théologie met l’accent sur le sentiment humain ; les personnes deviennent le sujet de leur propre expérience. Cette nouvelle réalité provoque une nouvelle compréhension de la religion et de l’Église. Nous pourrions résumer ce changement ainsi : la « foi subjective des chrétiens (fides qua creditur) » prend le dessus sur la « foi objective (fides quæ creditur) ». Ces nouvelles réalités entrainent la rébellion des croyants contre la suprématie de l’Église et sa tradition. L’auto-illumination propre aux Lumières permet la libération de l’autorité ecclésiale remplaçant la dépendance prémoderne à l’illumination divine pour toute forme de connaissance. Cette pensée sera triomphante jusqu’à Gadamer qui dénoncera ce préjugé contre les préjugés et ainsi les réhabilitera. Selon ce dernier, le rejet systématique par le rationalisme moderne de la tradition, des préjugés et de l’autorité est lui-même, ironiquement, un mauvais préjugé qu’il faut démasquer et rejeter[14].

Naissance de la théologie libérale

Subséquemment, la théologie libérale naît lorsque des chrétiens construisent leur théologie sur les bases de ces philosophies. Il n’est pas étonnant que John Frame, théologien réformé américain, définisse la théologie libérale comme toute forme de théologie qui ne se soumet pas à l’infaillibilité de la Bible. Il précise qu’il y a deux présupposés de base de la théologie libérale: le premier est de prendre les présupposés philosophiques comme fondements de la théologie et le deuxième est d’avoir une vue naturaliste de l’Écriture en considérant la Bible comme un document humain qui peut être critiqué et non comme parole de Dieu. L’ère de la théologie libérale protestante a débuté avec le classique de Schleiermacher (On Religion—Speeches to Its Cultured Despisers) et s’est terminée avec la publication du commentaire de Karl Barth sur l’épitre de Paul aux Romains[15].

Toutefois, malgré cette nouvelle manière de lire la Bible à partir d’une vision du monde qui exclut le surnaturel, ces philosophes et théologiens libéraux conservent la religion pour son utilité morale en prenant soin de la garder à l’intérieur des limites de leur horizon.

Sébastien MORRISSETTE

Notes et références

  1. John M. FRAME, A History of Western Philosophy and Theology, Phillipsburg, P&R Publishing, 2015, p. 215.
  2. Neil B. MACDONALD, « Enlightenment », The Dictionary of Historical Theology, Grand Rapids, Eerdmans, 2000, p. 175.
  3. Gerben HEITINK, op. cit, p. 20.
  4. Bernard RAMM, The Evangelical Heritage — A Study in historical theology, Grand Rapids, Baker, 2000, p. 64.
  5. Jens ZIMMERMANN, Recovering theological hermeneutics – An incarnational-Trinitarian theory of Interpretation, Grand Rapids, Baker Academic, 2004, p. 136.
  6. Alister E. MCGRATH, Historical Theology: An Introduction to the History of Christian Thought, Oxford, Wiley-Blackwell, 2012, p. 184- 185.
  7. Neil B. MACDONALD, op. cit., p. 176.
  8. Sam STORMS, « The Enlightenment », https://www.samstorms.org/all-articles/post/the-enlightenment, consulté le 18 septembre 2020.
  9. Yannick IMBERT, « Miracle(s) », La foi chrétienne et les défis du monde contemporain, Charols, Editions Excelsis, 2013, p. 92.
  10. H. HARRIS, « Tübingen School », New Dictionary of Theology, Downers Grove, IVP, 1988, p. 696.
  11. Sam STORMS, « The Enlightenment ». Notre traduction.
  12. Paul TILLICH, op. cit., p. 363.
  13. Alister E. MCGRATH, op. cit., p. 186. Notre traduction.
  14. Hans-Georg GADAMER, Vérité et méthode, Paris, Seuil, 1996, p. 297.
  15. John M. FRAME, op. cit., p. 216.

Bibliographie

  • FRAME, John M., A history of western philosophy and theology, Phillipsburg, P&R publishing, 2015.
  • GADAMER, Hans-Georg, Vérité et méthode, Paris, Seuil, 1996.
  • HARRIS, H., « Tübingen school », New Dictionary of Theology, Downers Grove, IVP, 1988, p. 696–697.
  • HEITINK, Gerben, Practical theology, Grand Rapids, Eerdmans Publishing Co., 1999.
  • IMBERT, Yannick, « Miracle(s) », La foi chrétienne et les défis du monde contemporain, Charols, Editions Excelsis, 2013, p. 88-95.
  • MACDONALD, Neil B., « Enlightenment», The Dictionary of Historical Theology, Grand Rapids, Eerdmans, 2000, p. 175–184.
  • MCGRATH, Alister E., Historical Theology: An Introduction to the History of Christian Thought, Oxford, Wiley-Blackwell, 2012.
  • RAMM, Bernard, The Evangelical Heritage – A Study in historical theology, Baker, 2000.
  • TILLICH, Paul, A History of Christian Thought – From its Judaic and Hellenistic Origins to Existentialism, New York, Touchstone, 1967 – 1968.
  • ZIMMERMANN, Jens, Recovering theological hermeneutics—An incarnational-Trinitarian theory of Interpretation, Grand Rapids, Baker Academic, 2004.