Terre promise : Différence entre versions

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La Bible accorde une place très importante au thème de la terre promise. Il pourrait même être affirmé que ce thème est l’un des plus importants de l’Ancien Testament<ref>Il est peut-être exagéré pour Brueggemann de dire que la terre promise « is a central, if not the central theme of biblical faith … I suggest that land might be a way of organizing biblical theology » Walter BRUEGGEMANN, ''The Land : Overtures to Biblical Theology'', Philadelphia, Fortress Press, 1977, p.3. Bien que son insistance sur l’importance de la terre promise soit utile, il ne semble pas nécessaire de mettre ce thème à la première place de cette organisation de la théologie biblique. Plusieurs thèmes présentent une continuité dans le récit biblique (ex : alliance, création, expiation, rédemption, temple, royauté, royaume, peuple de Dieu etc..). Ce sont tous ces thèmes majeurs unis ensemble qui contribuent à construire une théologie biblique organisée.</ref>. La terre promise était le lieu de l’expression des relations entre Dieu et son peuple, Israël. Le peuple d’Israël dans l’Ancien Testament ne séparait jamais son statut de peuple de Dieu de la terre que Dieu avait choisie pour son habitation. L’identité du peuple même était liée à cette terre. De nombreuses promesses de Dieu concernant Israël étaient liées à un concept de terre promise, que ce soit la promesse initiale faite à Abraham en Genèse 12 ou la promesse d'un rétablissement futur envisagé par les prophètes. La terre promise était une préoccupation constante pour les Israélites. L’histoire d’Israël est marquée par une série de hauts et de bas où l’occupation de la terre est fréquemment mise en danger. Les Israélites sont régulièrement en attente d’une période où ils pourront librement et paisiblement vivre dans la totalité de la terre promise à Abraham.
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La Bible accorde une place très importante au thème de la terre promise<ref>Certains utilisent plutôt l'expression « pays promis ». L'expression « terre promise » a été préférée dans cet article.</ref>. Il pourrait même être affirmé que ce thème est l’un des plus importants de l’Ancien Testament<ref>Il est peut-être exagéré pour Brueggemann de dire que la terre promise « is a central, if not the central theme of biblical faith … I suggest that land might be a way of organizing biblical theology » Walter BRUEGGEMANN, ''The Land : Overtures to Biblical Theology'', Philadelphia, Fortress Press, 1977, p.3. Bien que son insistance sur l’importance de la terre promise soit utile, il ne semble pas nécessaire de mettre ce thème à la première place de cette organisation de la théologie biblique. Plusieurs thèmes présentent une continuité dans le récit biblique (ex : alliance, création, expiation, rédemption, temple, royauté, royaume, peuple de Dieu etc..). Ce sont tous ces thèmes majeurs unis ensemble qui contribuent à construire une théologie biblique organisée.</ref>. La terre promise était le lieu de l’expression des relations entre Dieu et son peuple, Israël. Le peuple d’Israël dans l’Ancien Testament ne séparait jamais son statut de peuple de Dieu de la terre que Dieu avait choisie pour son habitation. L’identité du peuple même était liée à cette terre. De nombreuses promesses de Dieu envers la nation d'Israël étaient liées à un concept de terre ou de pays, que ce soit la promesse initiale faite à Abraham en Genèse 12 ou la promesse d'un rétablissement futur envisagé par les prophètes. La terre promise était une préoccupation constante pour les Israélites. L’histoire d’Israël dans la Bible est marquée par une série de hauts et de bas où l’occupation de la terre est fréquemment mise en danger. Les Israélites sont régulièrement en attente d’une période où ils pourront librement et paisiblement vivre dans la totalité de la terre promise à Abraham.
  
Ce sujet possède un caractère controversé compte tenu de la situation politique actuelle en Israël. Bon nombre de juifs et de chrétiens croient que la terre d’Israël appartient toujours au peuple d’Israël et que cette terre dans son entièreté devrait être dès maintenant en leur possession.  Beaucoup croient également en la restauration du peuple d’Israël dans sa terre durant un millénium littéral, physique et futur. Ces questions font l’objet de débats parmi les chrétiens. Quel que soit le point de vue adopté, il n’en demeure pas moins que le thème de la terre promise dans la Bible possède un fort aspect eschatologique.
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Ce sujet possède un caractère controversé compte tenu de la situation politique actuelle en Israël. Bon nombre de Juifs et de Chrétiens croient que la terre d’Israël appartient toujours au peuple d’Israël et que cette terre dans son entièreté devrait être dès maintenant en leur possession.  Beaucoup croient également en la restauration du peuple d’Israël dans sa terre durant un millénium littéral, physique et futur. Ces questions font l’objet de débats parmi les chrétiens. Quel que soit le point de vue adopté, il n’en demeure pas moins que le thème de la terre promise dans la Bible possède un fort aspect eschatologique.
Tout de même, étudier l’eschatologie de la terre promise n’est pas tout. Il faut avoir une bonne compréhension de la place de ce thème dans toute l’histoire d’Israël. Le présent article se concentre à voir la progression du thème de la terre promise dans tout le corpus biblique.  
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Tout de même, étudier l’eschatologie de la terre promise n’est pas tout. Il faut avoir une bonne compréhension de la place de ce thème dans toute l’histoire d’Israël. Le présent article se concentre à voir la progression de ce thème dans tout le corpus biblique.  
  
 
== Dans le Pentateuque ==
 
== Dans le Pentateuque ==
La première référence explicite à la terre promise dans la Bible se produit lors de la révélation de Dieu à Abraham en Genèse 12.1-3 ; 15 ; 17.1-14. Un certain nombre de théologiens ont toutefois montré qu’il est erroné de débuter l’étude de ce thème avec Abraham. Il faudrait plutôt débuter avec Adam et Ève dans le jardin d’Éden. Plusieurs auteurs récents ont expliqué que le jardin d’Éden est une sorte d’archétype et de modèle pour des thèmes qui sont développées plus tard dans la Bible, dont celui de la terre promise<ref>Voir par exemple les ouvrages importants de Munther B. I. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed earth: a Christ-centred Biblical Theology of the Promised Land'', Thèse de doctorat, Middlesex University, 2014, 413 pp. ; Oren R. MARTIN, ''Bound for the Kingdom : The Land Promise in God’s Redemptive Plan'', Thèse de doctorat, The Southern Baptist Theological Seminary, 2013, 336 pp. ; G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology : The Unfolding of the Old Testament in the New'', chap. 19, Grand Rapids, Baker Academic, 2011, p. 614-650. </ref>. Plusieurs parallèles ressortent<ref>Les exemples ci-dessous sont résumés dans Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 150-151. Voir ces mêmes pages pour un résumé des parallèles entre Adam et Israël.</ref>: la terre promise est comparée au jardin d’Éden, surtout lorsqu'on associe le retour d’exil d’Israël à un retour à Éden (És 51.3 ; Éz 36.33-35 ; 47.12 ; Za 14.8 ; Mi 4.4 ; Jl 2.3 ; 3.18)<ref>Munther B. ISAAC ''op.cit.'', p. 156-159 ; G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 631.</ref>, la terre promise dans le Pentateuque est décrite comme un nouveau paradis ruisselant de lait et de miel (Ex 3.8 ; 13.5 ; 33.3 ; Lv 20.24 ; Nm 13.27 ; 14.8 ; Dt 6.3 ; 11.9 ; 26.9 ; 31.20 ; etc.), le jardin et la terre sont décrits comme un temple et un sanctuaire saint<ref>Voir l’argumentation dans G. K. BEALE ''op.cit.'', p. 617-622, et de façon plus approfondie dans G. K. BEALE, ''The Temple and the Church’s Mission : A Biblical Theology of the Dwelling Place of God'', New Studies in Biblical Theology, Downers Grove, InterVarsity, 2004, 458 pp.</ref>, le jardin comme la terre promise avait comme but de s’étendre à toute la terre<ref>À propos de la tâche de se multiplier et de remplir toute la terre en Genèse 1.28, Walton affirme : « if people were to fill the earth, we must conclude that they were not intended to stay in the garden in a static situation. Yet moving out of the garden would appear a hardship since the land outside the garden was not as hospitable as that inside the garden (otherwise the garden would not be distinguishable). Perhaps, then, we should surmise that people were gradually supposed to extend the garden as they went about subduing and ruling. Extending the garden would extend the food supply as well as extend sacred space (since that is what the garden represent) » John WALTON, Genesis, NIVAC, Grand Rapids, Zondervan, 2001, p. 186 cité dans G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 621-622. Voir également Beale pour une liste de 26 versets de l’Ancien Testament qui démontrent comment le royaume était prévu par Dieu pour s’étendre et dominer jusqu’aux extrémités de la terre. ''Ibid.'', p. 48-51.</ref>. Ces quelques exemples nous permettent d’affirmer qu’Éden est un cadre de référence important dans la théologie de la terre promise.  
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La première référence explicite à la terre promise dans la Bible se produit lors de la révélation de Dieu à Abraham en Genèse 12.1-3 ; 15 ; 17.1-14. Un certain nombre de théologiens ont toutefois montré qu’il est erroné de débuter l’étude de ce thème avec Abraham. Il faudrait plutôt débuter avec Adam et Ève dans le jardin d’Éden. Plusieurs auteurs récents ont expliqué que le jardin d’Éden est une sorte d’archétype et de modèle pour des thèmes qui sont développées plus tard dans la Bible, dont celui de la terre promise<ref>Voir par exemple les ouvrages importants de Munther B. I. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed earth: a Christ-centred Biblical Theology of the Promised Land'', Thèse de doctorat, Middlesex University, 2014, 413 pp. ; Oren R. MARTIN, ''Bound for the Kingdom : The Land Promise in God’s Redemptive Plan'', Thèse de doctorat, The Southern Baptist Theological Seminary, 2013, 336 pp. ; G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology : The Unfolding of the Old Testament in the New'', chap. 19, Grand Rapids, Baker Academic, 2011, p. 614-650. </ref>. Plusieurs parallèles ressortent<ref>Les exemples ci-dessous sont résumés dans Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 150-151. Voir ces mêmes pages pour un résumé des parallèles entre Adam et Israël.</ref>: la terre promise est comparée au jardin d’Éden, surtout lorsqu'on associe le retour d’exil d’Israël à un retour à Éden (És 51.3 ; Éz 36.33-35 ; 47.12 ; Za 14.8 ; Mi 4.4 ; Jl 2.3 ; 3.18)<ref>''Ibid.'', p. 156-159 ; G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 631.</ref>, la terre promise dans le Pentateuque est décrite comme un nouveau paradis ruisselant de lait et de miel (Ex 3.8 ; 13.5 ; 33.3 ; Lv 20.24 ; Nm 13.27 ; 14.8 ; Dt 6.3 ; 11.9 ; 26.9 ; 31.20 ; etc.), le jardin et la terre sont décrits comme un temple et un sanctuaire saint<ref>Voir l’argumentation dans ''Ibid.'', p. 617-622, et de façon plus approfondie dans G. K. BEALE, ''The Temple and the Church’s Mission : A Biblical Theology of the Dwelling Place of God'', New Studies in Biblical Theology, Downers Grove, InterVarsity, 2004, 458 pp.</ref>, le jardin comme la terre promise avait comme but de s’étendre à toute la terre<ref>À propos de la tâche de se multiplier et de remplir toute la terre en Genèse 1.28, Walton affirme : « if people were to fill the earth, we must conclude that they were not intended to stay in the garden in a static situation. Yet moving out of the garden would appear a hardship since the land outside the garden was not as hospitable as that inside the garden (otherwise the garden would not be distinguishable). Perhaps, then, we should surmise that people were gradually supposed to extend the garden as they went about subduing and ruling. Extending the garden would extend the food supply as well as extend sacred space (since that is what the garden represent) » John WALTON, Genesis, NIVAC, Grand Rapids, Zondervan, 2001, p. 186 cité dans G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 621-622. Voir également Beale pour une liste de 26 versets de l’Ancien Testament qui démontrent comment le royaume était prévu par Dieu pour s’étendre et dominer jusqu’aux extrémités de la terre. ''Ibid.'', p. 48-51.</ref>. Ces quelques exemples nous permettent d’affirmer qu’Éden est un cadre de référence important dans la théologie de la terre promise.  
  
 
En désobéissant au commandement de Dieu en Genèse 3, Adam et Ève sont chassés du jardin (Gn 3.23-24). Les conditions idéales et paradisiaques du jardin sont perdues. L’humanité ne possède plus une terre spéciale accordée par Dieu. Pire, l’humanité atteint une déchéance telle que Dieu amène le déluge pour l'anéantir, à l’exception de Noé et sa famille (Gn 6-8). Suite aux événements entourant la tour de Babel, l’humanité est dispersée sur toute la terre et les langues sont divisées (Gn 11.1-9). À ce stade, la situation semble sans espoir. L’humanité est dans une constante forme d’exil de la présence de Dieu. Toutefois, la promesse de Dieu en Genèse 3.15 est une clef pour comprendre le plan de Dieu pour racheter et réunir l’humanité à nouveau. Ce passage indique que Dieu interviendra en faveur de l’humanité par la semence de la femme. L’étape suivante de cette intervention se trouve dans l’alliance que Dieu fait avec Abraham à partir de Genèse 12. C’est par lui que Dieu pourra à nouveau habiter avec l’humanité et débuter une restauration du royaume de Dieu qui a été perdu à Éden <ref>Oren R. MARTIN, ''Bound for the Kingdom'', p. 125-126.</ref>.  
 
En désobéissant au commandement de Dieu en Genèse 3, Adam et Ève sont chassés du jardin (Gn 3.23-24). Les conditions idéales et paradisiaques du jardin sont perdues. L’humanité ne possède plus une terre spéciale accordée par Dieu. Pire, l’humanité atteint une déchéance telle que Dieu amène le déluge pour l'anéantir, à l’exception de Noé et sa famille (Gn 6-8). Suite aux événements entourant la tour de Babel, l’humanité est dispersée sur toute la terre et les langues sont divisées (Gn 11.1-9). À ce stade, la situation semble sans espoir. L’humanité est dans une constante forme d’exil de la présence de Dieu. Toutefois, la promesse de Dieu en Genèse 3.15 est une clef pour comprendre le plan de Dieu pour racheter et réunir l’humanité à nouveau. Ce passage indique que Dieu interviendra en faveur de l’humanité par la semence de la femme. L’étape suivante de cette intervention se trouve dans l’alliance que Dieu fait avec Abraham à partir de Genèse 12. C’est par lui que Dieu pourra à nouveau habiter avec l’humanité et débuter une restauration du royaume de Dieu qui a été perdu à Éden <ref>Oren R. MARTIN, ''Bound for the Kingdom'', p. 125-126.</ref>.  
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Dieu répète sa promesse d’une terre au fils d’Abraham, Isaac (Gn 26.3-5 ; cf. 26.24 promesse d’une semence). Dans ces deux cas, la raison qui est donnée pour l’accomplissement de ces promesses est l’alliance que Dieu fit avec Abraham. La promesse est également répétée envers le descendant suivant, Jacob (Gn 28.3-4, 13-15 ; 35.9-12). Dieu fait ensuite descendre Jacob (Israël) et ses enfants en Égypte (Gn 46.1-7) où la descendance y séjournera durant 400 ans dans l’oppression et l’esclavage, tel que cela fut annoncé à Abraham (Gn 15.13-16 ; cf. Ac 7.6). Dieu choisit Moïse afin qu’il libère le peuple de l’esclavage et le fasse entrer dans la terre promise. Dieu dit à Moïse  « Je suis descendu pour le [le peuple] délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel, dans le lieu d’habitation du Cananéen, du Hétien, et de l’Amoréen, et du Phrézien, et du Hévien, et du Jébusien » (Ex 3.8).
 
Dieu répète sa promesse d’une terre au fils d’Abraham, Isaac (Gn 26.3-5 ; cf. 26.24 promesse d’une semence). Dans ces deux cas, la raison qui est donnée pour l’accomplissement de ces promesses est l’alliance que Dieu fit avec Abraham. La promesse est également répétée envers le descendant suivant, Jacob (Gn 28.3-4, 13-15 ; 35.9-12). Dieu fait ensuite descendre Jacob (Israël) et ses enfants en Égypte (Gn 46.1-7) où la descendance y séjournera durant 400 ans dans l’oppression et l’esclavage, tel que cela fut annoncé à Abraham (Gn 15.13-16 ; cf. Ac 7.6). Dieu choisit Moïse afin qu’il libère le peuple de l’esclavage et le fasse entrer dans la terre promise. Dieu dit à Moïse  « Je suis descendu pour le [le peuple] délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel, dans le lieu d’habitation du Cananéen, du Hétien, et de l’Amoréen, et du Phrézien, et du Hévien, et du Jébusien » (Ex 3.8).
  
Suite à la traversée de la mer Rouge pour quitter l’Égypte, Dieu fait une alliance avec le peuple à Sinaï (Ex 19). Cette fois-ci, il s’agit d’une alliance conditionnelle (cf. Ex 19.5). Avant d’entrer dans la terre promise, de sérieux avertissements sont données au peuple. S’ils obéissent, Dieu les bénira dans la terre (Lv 26.3-13 ; Dt 28.1-14). S’ils désobéissent, des calamités s’abattront sur eux et sur toute la terre, et ils seront jusqu'à expulsé de cette terre (Dt 28.15-58 ; Lv 26.14-39). Il y a tout de même une tension puisque malgré cette responsabilité à obéir, il est mentionné à plusieurs reprises que la terre promise est un don inconditionnel de Dieu et que cette terre lui appartient<ref>Voir la liste de versets dans J. G. MILLAR , « Land », ''New Dictionary of Biblical Theology : Exploring the unity & diversity of Scriptures'', T. Desmond Alexander et al. sous dir., Downers Grove, InterVarsity, 2000,  p. 623.</ref>. Martin répond à cette tension en affirmant : « Dieu possède la terre, mais il en a accordé l'usage et la jouissance à Israël (Dt 6.10-11; cf. Ex 19.5; Lv 25.23; Jos 22.19). En d’autres termes, son don est assorti de conditions, car la vie dans la terre exige l’obéissance aux commandements de Dieu. Leur obéissance affecte cependant, non pas leur réception de la terre, mais leur occupation de celle-ci (Dt 4.1, 5, 14, 45 ; 5.31 ; 6.1-3 ; 12.1) »<ref>Notre trad. Oren R. MARTIN, ''Bound for the Kingdom'', p. 159 : « God possesses the land, but he has granted the use and enjoyment of it to Israel (Deut 6.10-11 ; cf. Exod 19.5 ; Lev 25.23 ; Josh 22.19). In other words, his gift comes with conditions, for life in the land requires obedience to God’s commands. Their obedience, however, affects their occupation of the land, not their reception of it (Deut 4.1, 5, 14, 45 ; 5.31 ; 6.1-3 ; 12.1) »</ref>.
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Suite à la traversée de la mer Rouge pour quitter l’Égypte, Dieu fait une alliance avec le peuple à Sinaï (Ex 19). Cette fois-ci, il s’agit d’une alliance conditionnelle (cf. Ex 19.5). Avant d’entrer dans la terre promise, de sérieux avertissements sont données au peuple. S’ils obéissent, Dieu les bénira dans la terre (Lv 26.3-13 ; Dt 28.1-14). S’ils désobéissent, des calamités s’abattront sur eux et sur toute la terre, et ils seront jusqu'à expulsé de cette terre (Dt 28.15-58 ; Lv 26.14-39). Il y a tout de même une tension puisque malgré cette responsabilité à obéir, il est mentionné à plusieurs reprises que la terre promise est un don inconditionnel de Dieu et que cette terre lui appartient<ref>Voir la liste de versets dans J. G. MILLAR , « Land », ''New Dictionary of Biblical Theology : Exploring the unity & diversity of Scriptures'', T. Desmond Alexander et al. sous dir., Downers Grove, InterVarsity, 2000,  p. 623.</ref>. Martin répond à cette tension en affirmant : « Dieu possède la terre, mais il en a accordé l'usage et la jouissance à Israël (Dt 6.10-11; cf. Ex 19.5; Lv 25.23; Jos 22.19). En d’autres termes, son don est assorti de conditions, car la vie dans la terre exige l’obéissance aux commandements de Dieu. Leur obéissance affecte cependant, non pas leur réception de la terre, mais leur occupation de celle-ci (Dt 4.1, 5, 14, 45 ; 5.31 ; 6.1-3 ; 12.1) »<ref>Notre trad. Oren R. MARTIN, ''Bound for the Kingdom'', p. 159 : « God possesses the land, but he has granted the use and enjoyment of it to Israel (Deut 6.10-11 ; cf. Exod 19.5 ; Lev 25.23 ; Josh 22.19). In other words, his gift comes with conditions, for life in the land requires obedience to God’s commands. Their obedience, however, affects their occupation of the land, not their reception of it (Deut 4.1, 5, 14, 45 ; 5.31 ; 6.1-3 ; 12.1) ».</ref>.
 
 
 
== Dans les livres historiques ==
 
== Dans les livres historiques ==
Le livre de Josué ouvre cette mission pour Israël de prendre possession de la terre. La responsabilité pour Israël d’obéir est répétée tout au long du livre. Waltke affirme : « La fidélité à l'alliance est la condition pour prendre la terre (Jos. 1-12), la posséder (Jos. 13-21; cf. Dt. 9.26; 18.1; Jos. 24.1-27; 2 Sm. 20.19; 21.3; Jr. 2.7 ; 16.18), et la conserver (Jos. 22-24) »<ref>.  Notre trad. Bruce K. WALTKE, ''An Old Testament Theology : an Exegetical, Canonical and Thematic Approach'', Grand Rapids, Zondervan, 2007, p. 544 : « Covenant fidelity is the condition for taking the Land (Josh. 1-12), possessing it (Josh. 13-21; cf. Deut. 9.26 ; 18.1 ; Josh. 24.1-27 ; 2 Sam. 20.19 ; 21.3 ; Jer. 2.7 ; 16.18), and retaining it (Josh. 22-24) »</ref>.
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Le livre de Josué ouvre cette mission pour Israël de prendre possession de la terre. La responsabilité pour Israël d’obéir est répétée tout au long du livre. Waltke affirme : « La fidélité à l'alliance est la condition pour prendre la terre (Jos. 1-12), la posséder (Jos. 13-21; cf. Dt. 9.26; 18.1; Jos. 24.1-27; 2 Sm. 20.19; 21.3; Jr. 2.7 ; 16.18), et la conserver (Jos. 22-24) »<ref>.  Notre trad. Bruce K. WALTKE, ''An Old Testament Theology : an Exegetical, Canonical and Thematic Approach'', Grand Rapids, Zondervan, 2007, p. 544 : « Covenant fidelity is the condition for taking the Land (Josh. 1-12), possessing it (Josh. 13-21; cf. Deut. 9.26 ; 18.1 ; Josh. 24.1-27 ; 2 Sam. 20.19 ; 21.3 ; Jer. 2.7 ; 16.18), and retaining it (Josh. 22-24) ».</ref>.
  
 
La conquête de la terre promise est détaillée surtout dans les chapitres 6 à 12 de Josué<ref>Il est difficile de savoir la portée réelle de l’extermination des nations et si cela était le but ultime. Deutéronome 20:10-18 mentionne que le peuple devait d’abord faire une proposition de paix à la ville attaquée et la rendre tributaire en cas d’acceptation de paix. Plusieurs versets semblent également mentionner qu’une fois le peuple entré dans la terre promise, Dieu chassera et expulsera les nations (Ex 23.27-31 ; 33.2 ; Lv 18.24-2 ; Nb 33.51-56 ; Dt 7.1,17-23 ; 9.4 ; 11.23 ; 18.12-14 ; 19.1). Il semble que ce sont les habitants des villes résistantes à la paix ou à l’expulsion qui devaient être exterminés. Plusieurs auteurs ont critiqué l’idée que la conquête de la terre promise était un génocide ethnique et cruel. Voir par exemple Paul COPAN, Matthew FLANNAGAN, ''Did God Really Command Genocide ? Coming to terms with the justice of God'', Grand Rapids, Baker Books, 2014, 351 pp. ; Ronald BERGEY, « La conquête de Canaan : un génocide? », ''La Revue Réformée'', sommaire no. 225, vol. 5, novembre 2003, https://larevuereformee.net/articlerr/n225/la-conquete-de-canaan-un-genocide.</ref>. Cette conquête est décrite comme étant achevée en Josué 11.23 : « Et Josué prit tout le pays, selon tout ce que l’Éternel avait dit à Moise ; et Josué le donna en héritage à Israël, selon leurs distributions, selon leurs tribus. Et le pays se reposa de la guerre ». Cependant, Josué 13.1 révèle que cette tâche n’avait pas été entièrement complétée : « Et Josué était vieux, avancé en âge, et l’Éternel lui dit : Tu es devenu vieux, tu avances en âge, et il reste un très grand pays à posséder ». Les versets 2 à 6 nomment tous ces districts restants à être posséder. La suite du livre décrit la façon dont la terre fut divisée et répartie parmi les douze tribus (Jos 13-21). Plusieurs versets au fil de ces descriptions nous démontrent que plusieurs villes des nations ne furent pas dépossédées (Jos 13.13 ; 15.63 ; 16.10 ; 17.8,12). Josué 21.41-45 affirme à nouveau la possession complète de la terre promise mais Juges 1.19-36 nomme au moins 20 villes ou régions qui ne furent pas dépossédées par Israël<ref>À propos de cette tension entre une terre pleinement conquise mais pas pleinement possédée, Woudstra affirme : « The book of Joshua views the conquest of Canaan as both complete and incomplete. In 23.4-5 these two lines run side by side, an indication that the author means them to be equally valid, although the emphasis on the completeness of the conquest is predominant ». Marten H. WOUDSTRA, ''The Book of Joshua'', NICOT, Grand Rapids, Eerdmans, 1981, p. 314.</ref>. Ainsi donc, dès son arrivée en terre promise, Israël désobéit aux commandements de Dieu et ne remplit pas totalement son mandat. Ces nations resteront présentes tout au long de la vie d’Israël en terre promise et elles seront une menace, un piège ainsi qu’une occasion du chute (Jos 23.13 ; cf. Jg 2.20-23)<ref>Il est à noter qu’une annonce d’exil de la terre promise en cas de désobéissance à la loi mosaïque est présente dans ce même chapitre de Josué (23.12-13,16).</ref>.  
 
La conquête de la terre promise est détaillée surtout dans les chapitres 6 à 12 de Josué<ref>Il est difficile de savoir la portée réelle de l’extermination des nations et si cela était le but ultime. Deutéronome 20:10-18 mentionne que le peuple devait d’abord faire une proposition de paix à la ville attaquée et la rendre tributaire en cas d’acceptation de paix. Plusieurs versets semblent également mentionner qu’une fois le peuple entré dans la terre promise, Dieu chassera et expulsera les nations (Ex 23.27-31 ; 33.2 ; Lv 18.24-2 ; Nb 33.51-56 ; Dt 7.1,17-23 ; 9.4 ; 11.23 ; 18.12-14 ; 19.1). Il semble que ce sont les habitants des villes résistantes à la paix ou à l’expulsion qui devaient être exterminés. Plusieurs auteurs ont critiqué l’idée que la conquête de la terre promise était un génocide ethnique et cruel. Voir par exemple Paul COPAN, Matthew FLANNAGAN, ''Did God Really Command Genocide ? Coming to terms with the justice of God'', Grand Rapids, Baker Books, 2014, 351 pp. ; Ronald BERGEY, « La conquête de Canaan : un génocide? », ''La Revue Réformée'', sommaire no. 225, vol. 5, novembre 2003, https://larevuereformee.net/articlerr/n225/la-conquete-de-canaan-un-genocide.</ref>. Cette conquête est décrite comme étant achevée en Josué 11.23 : « Et Josué prit tout le pays, selon tout ce que l’Éternel avait dit à Moise ; et Josué le donna en héritage à Israël, selon leurs distributions, selon leurs tribus. Et le pays se reposa de la guerre ». Cependant, Josué 13.1 révèle que cette tâche n’avait pas été entièrement complétée : « Et Josué était vieux, avancé en âge, et l’Éternel lui dit : Tu es devenu vieux, tu avances en âge, et il reste un très grand pays à posséder ». Les versets 2 à 6 nomment tous ces districts restants à être posséder. La suite du livre décrit la façon dont la terre fut divisée et répartie parmi les douze tribus (Jos 13-21). Plusieurs versets au fil de ces descriptions nous démontrent que plusieurs villes des nations ne furent pas dépossédées (Jos 13.13 ; 15.63 ; 16.10 ; 17.8,12). Josué 21.41-45 affirme à nouveau la possession complète de la terre promise mais Juges 1.19-36 nomme au moins 20 villes ou régions qui ne furent pas dépossédées par Israël<ref>À propos de cette tension entre une terre pleinement conquise mais pas pleinement possédée, Woudstra affirme : « The book of Joshua views the conquest of Canaan as both complete and incomplete. In 23.4-5 these two lines run side by side, an indication that the author means them to be equally valid, although the emphasis on the completeness of the conquest is predominant ». Marten H. WOUDSTRA, ''The Book of Joshua'', NICOT, Grand Rapids, Eerdmans, 1981, p. 314.</ref>. Ainsi donc, dès son arrivée en terre promise, Israël désobéit aux commandements de Dieu et ne remplit pas totalement son mandat. Ces nations resteront présentes tout au long de la vie d’Israël en terre promise et elles seront une menace, un piège ainsi qu’une occasion du chute (Jos 23.13 ; cf. Jg 2.20-23)<ref>Il est à noter qu’une annonce d’exil de la terre promise en cas de désobéissance à la loi mosaïque est présente dans ce même chapitre de Josué (23.12-13,16).</ref>.  
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Soixante-dix and plus tard, conformément à la prophétie de Jérémie (Jr 29.10-14 ; cf. Dn 9.2), Dieu ramène Juda dans sa terre<ref>Kaiser cite Elmers A. Martens qui répertorie 25 versets en Jérémie et Ezéchiel annonçant explicitement un retour dans la terre promise après l’exil. Walter C. KAISER JR,, « The Promised Land : A Biblical-Historical View », ''Bibliotheca Sacra'', vol. 138, 1981, p. 308-309.</ref>. Cette période est décrite dans les livres d’Esdras et de Néhémie. Malgré cet important retour pour le peuple, cela n’est pas encore un accomplissement des promesses faites à Abraham et David. La terre n’est pas possédée dans les dimensions qui ont été promises à Abraham (seul Juda et Benjamin sont restaurés). La terre n’appartient pas à Israël car le peuple est toujours sous le contrôle de l’empire perse<ref>En Néhémie 9.36-37, Néhémie affirme que les Israélites sont esclaves dans leur propre terre.</ref>. Le trône de David est vacant et le peuple n’est pas dans une situation de paix et de repos face à ses ennemis. L’attente de l’accomplissement des prophéties concernant la terre promise est donc toujours en cours.
 
Soixante-dix and plus tard, conformément à la prophétie de Jérémie (Jr 29.10-14 ; cf. Dn 9.2), Dieu ramène Juda dans sa terre<ref>Kaiser cite Elmers A. Martens qui répertorie 25 versets en Jérémie et Ezéchiel annonçant explicitement un retour dans la terre promise après l’exil. Walter C. KAISER JR,, « The Promised Land : A Biblical-Historical View », ''Bibliotheca Sacra'', vol. 138, 1981, p. 308-309.</ref>. Cette période est décrite dans les livres d’Esdras et de Néhémie. Malgré cet important retour pour le peuple, cela n’est pas encore un accomplissement des promesses faites à Abraham et David. La terre n’est pas possédée dans les dimensions qui ont été promises à Abraham (seul Juda et Benjamin sont restaurés). La terre n’appartient pas à Israël car le peuple est toujours sous le contrôle de l’empire perse<ref>En Néhémie 9.36-37, Néhémie affirme que les Israélites sont esclaves dans leur propre terre.</ref>. Le trône de David est vacant et le peuple n’est pas dans une situation de paix et de repos face à ses ennemis. L’attente de l’accomplissement des prophéties concernant la terre promise est donc toujours en cours.
  
== Dans les prophètes ==
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== Dans les livres prophétiques ==
Une partie de la littérature prophétique<ref>La littérature sapientielle (Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiate, Cantique des Cantiques) ne fait pas l’objet de cette étude. Il est vrai que les livres de sagesse ont peu de choses à dire à propos de la terre promise. Cependant, le livre des Psaumes parle à plusieurs reprises de la terre promise et ce, fréquemment dans des termes futuristes. Plusieurs expressions se rapprochent de ce qui est annoncé par les prophètes (Ps. 37.11,29 ; 72.16). De plus, le règne de Dieu est décrit fréquemment comme s’étendant jusqu’au bout de la terre et sur les nations (Ps. 2.8 ; 22.27-28 ; 46.10 ; 47.8-9 ; 59.13 ; 67.1-7 ; 72.8,11,17 ; 82.8 ; 86.9 ; 87 ; 98.2-4 ; 102.13-22).</ref> se concentre à avertir le peuple d’Israël qui, toujours dans la terre promise, est appelé à se repentir pour éviter l’exil. Une autre partie parle d’un futur où Israël sera ramené dans sa terre, aura de tout en abondance et sera dans la paix par rapport à ses ennemis (par ex. Es 2.2-4 ; 60.1-22 ; 65.18-25 ; Ez 36.24-30 ; 37.21-28 ; Os 2.18-23 ; Jl 3.18-21 ; Am 9.13-15 ; etc.)<ref>Le caractère très terrestre de ces descriptions a amené beaucoup de juifs de l’époque à attendre un accomplissement littéral de ces prophéties. Bien que les écrits apocryphes, pseudographiques, rabbiniques, ainsi que les manuscrits de la mer Morte démontrent majoritairement une croyance en un accomplissement littéral et futur de ces prophéties, il y avait tout de même une diversité d’idées et d’attentes sur le sujet. Il ne semble pas qu’il y avait une seule doctrine ferme et dogmatique. Voir Bruce K. WALTKE, ''An Old Testament Theology'', p. 553-557 ;  W. D. DAVIES, ''The Gospel and the Land : Early Christianity and Jewish Territorial Doctrine'', Berkeley, University of California Press, 1974, p. 90-158 ; L. H. SCHIFFMAN, « Israel, Land of », ''Dictionary of New Testament Background'', Craig A. Evans, Stanley E. Porter, sous dir., Downers Grove, InterVarsity, 2000, p. 554-558.</ref>. Israël et Juda est vu comme étant réuni à nouveau comme un seul peuple (Es 11.12-13 ; Jr 3.18 ; 30.3 ; 31.31-34 ; 33.7,14 ; Os 1.11). En plus de décrire un retour physique dans la terre promise, des changements drastiques doivent s’opérer à la venue de ce temps eschatologique : une transformation du cœur du peuple s’opérera (Éz 11.16-20 ; Jr 31.31-34 ; cf. Dt 30.1-10), un roi régnera dans une justice absolue (Es 32.1 ; Dn 7.13-14), la terre promise sera purifiée et renouvelée (Ez 47.1-12)<ref>Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 148.</ref>. Une lecture attentive de tous ces passages démontre que ces prophéties n’ont pas été accomplies dans l’histoire d’Israël national<ref>  Le retour d’exil n’a pas pu être un accomplissement de ces prophéties car deux prophètes postexiliques, Zacharie et Malachie, ont prophétisé sur un règne eschatologique futur (Za 9.9-11 ; 10.4-12 ; 14.8-11 ; Ml 3.1-3 ; 4.1-6). Ils ne croyaient donc pas que le retour d’exil était un accomplissement des prophéties. Les prophètes Agée et Malachie expriment clairement que le peuple retourné d’exil est rapidement retombé dans la désobéissance à Dieu. Ils ne démontraient pas de signe de transformation intérieure.</ref>.
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Une partie de la littérature prophétique<ref>La littérature sapientielle (Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiate, Cantique des Cantiques) ne fait pas l’objet de cette étude. Il est vrai que ces livres ont peu de choses à dire à propos de la terre promise. Cependant, le livre des Psaumes parle à plusieurs reprises de la terre promise dans des termes futuristes. Plusieurs expressions se rapprochent de ce qui est annoncé par les prophètes (Ps. 37 ; 72.16). De plus, le règne de Dieu est décrit fréquemment comme s’étendant jusqu’au bout de la terre et sur les nations (Ps. 2.8 ; 22.27-28 ; 46.10 ; 47.8-9 ; 59.13 ; 67.1-7 ; 72.8,11,17 ; 82.8 ; 86.9 ; 87 ; 98.2-4 ; 102.13-22).</ref> se concentre à avertir le peuple d’Israël qui, toujours dans la terre promise, est appelé à se repentir pour éviter l’exil. Une autre partie parle d’un futur où Israël sera ramené dans sa terre, aura de tout en abondance et sera dans la paix par rapport à ses ennemis (par ex. Es 2.2-4 ; 60.1-22 ; 65.18-25 ; Ez 36.24-30 ; 37.21-28 ; Os 2.18-23 ; Jl 3.18-21 ; Am 9.13-15 ; etc.)<ref>Le caractère très terrestre de ces descriptions a amené beaucoup de juifs de l’époque à attendre un accomplissement littéral de ces prophéties. Bien que les écrits apocryphes, pseudographiques, rabbiniques, ainsi que les manuscrits de la mer Morte démontrent majoritairement une croyance en un accomplissement littéral et futur de ces prophéties, il y avait tout de même une diversité d’idées et d’attentes sur le sujet. Il ne semble pas qu’il y avait une seule doctrine ferme et dogmatique. Voir Bruce K. WALTKE, ''An Old Testament Theology'', p. 553-557 ;  W. D. DAVIES, ''The Gospel and the Land : Early Christianity and Jewish Territorial Doctrine'', Berkeley, University of California Press, 1974, p. 90-158 ; L. H. SCHIFFMAN, « Israel, Land of », ''Dictionary of New Testament Background'', Craig A. Evans, Stanley E. Porter, sous dir., Downers Grove, InterVarsity, 2000, p. 554-558.</ref>. Israël et Juda est vu comme étant réuni à nouveau comme un seul peuple (Es 11.12-13 ; Jr 3.18 ; 30.3 ; 31.31-34 ; 33.7,14 ; Os 1.11). En plus de décrire un retour physique dans la terre promise, des changements drastiques doivent s’opérer à la venue de ce temps eschatologique : une transformation du cœur du peuple s’opérera (Éz 11.16-20 ; Jr 31.31-34 ; cf. Dt 30.1-10), un roi régnera dans une justice absolue (Es 32.1 ; Dn 7.13-14), la terre promise sera purifiée et renouvelée (Ez 47.1-12)<ref>Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 148.</ref>. Une lecture attentive de tous ces passages démontre que ces prophéties n’ont pas été accomplies dans l’histoire d’Israël national<ref>  Le retour d’exil n’a pas pu être un accomplissement de ces prophéties car deux prophètes postexiliques, Zacharie et Malachie, ont prophétisé sur un règne eschatologique futur (Za 9.9-11 ; 10.4-12 ; 14.8-11 ; Ml 3.1-3 ; 4.1-6). Ils ne croyaient donc pas que le retour d’exil était un accomplissement des prophéties. Les prophètes Agée et Malachie expriment clairement que le peuple retourné d’exil est rapidement retombé dans la désobéissance à Dieu. Ils ne démontraient pas de signe de transformation intérieure.</ref>.
  
 
Bien que décrivant des réalités de la terre d'Israël restaurée (par ex. Ez 40-48), les prophètes élargissent les dimensions du règne de Dieu pour inclure toute la terre<ref>Millar fait une observation intéressante sur le lien entre l’exil et l’universalisation du règne de Dieu: « It was only when the land was lost that the idea of a new covenant, transcending geographical boundaries, was developed in detail (Jer 30-31 ; 32.36-44 ; Ezek 36-37) […] the removal of the land from the heart of their [Israel] relationship with God was a preparation for the broadening of his purposes in the world to embrace the Gentiles in a way that Israel had never envisaged » J. G. MILLAR, ''Land'', p. 625-626.</ref>  (Dn 2.34-35, 44-45 ; 7.13-14 ; cf. Ps 72.8-11, 17-19). Le règne du Messie est spécialement décrit comme s’étendant à toute la terre  (Es 9.7 ; 11.6-10 ; 49.6 ; Za 9.10 ; Mi 5.2)<ref>Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 144-146.</ref>. Les nations sont également vues comme faisant partie de l’héritage de Dieu (Es 11.1-12 ; 19.19-25 ; 25 ; 42.6 ; 45.22  ; 49.6 ; 56.7 ; Jr. 16.19 ; Am 9.12 ; Za 8.20-23), voire même du peuple de Dieu (Za 2.11)<ref>Christopher WRIGHT, ''A Christian Approach To Old Testament Prophecy Concerning Israel'', p. 2.</ref>. De plus, Ésaie décrit ce règne eschatologique comme se produisant dans « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » (Es 65.17ss). La terre d'Israël est vue comme étant restauré sur une terre renouvelée. Ainsi, chez les prophètes, les limites de la terre promise à Israël semblent être élargies pour inclure toute la terre<ref>Cette section nous ramène au premier chapitre où la mission d’Adam de se multiplier et de remplir toute la terre annonçait déjà un élargissement et une universalisation du règne de Dieu (Gn 1.28).</ref> (Es 27.6 ; 54.1-3)<ref>G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 751-755.</ref>. Les promesses semblent donc être plus grandes qu’un retour eschatologique d’Israël dans sa terre.
 
Bien que décrivant des réalités de la terre d'Israël restaurée (par ex. Ez 40-48), les prophètes élargissent les dimensions du règne de Dieu pour inclure toute la terre<ref>Millar fait une observation intéressante sur le lien entre l’exil et l’universalisation du règne de Dieu: « It was only when the land was lost that the idea of a new covenant, transcending geographical boundaries, was developed in detail (Jer 30-31 ; 32.36-44 ; Ezek 36-37) […] the removal of the land from the heart of their [Israel] relationship with God was a preparation for the broadening of his purposes in the world to embrace the Gentiles in a way that Israel had never envisaged » J. G. MILLAR, ''Land'', p. 625-626.</ref>  (Dn 2.34-35, 44-45 ; 7.13-14 ; cf. Ps 72.8-11, 17-19). Le règne du Messie est spécialement décrit comme s’étendant à toute la terre  (Es 9.7 ; 11.6-10 ; 49.6 ; Za 9.10 ; Mi 5.2)<ref>Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 144-146.</ref>. Les nations sont également vues comme faisant partie de l’héritage de Dieu (Es 11.1-12 ; 19.19-25 ; 25 ; 42.6 ; 45.22  ; 49.6 ; 56.7 ; Jr. 16.19 ; Am 9.12 ; Za 8.20-23), voire même du peuple de Dieu (Za 2.11)<ref>Christopher WRIGHT, ''A Christian Approach To Old Testament Prophecy Concerning Israel'', p. 2.</ref>. De plus, Ésaie décrit ce règne eschatologique comme se produisant dans « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » (Es 65.17ss). La terre d'Israël est vue comme étant restauré sur une terre renouvelée. Ainsi, chez les prophètes, les limites de la terre promise à Israël semblent être élargies pour inclure toute la terre<ref>Cette section nous ramène au premier chapitre où la mission d’Adam de se multiplier et de remplir toute la terre annonçait déjà un élargissement et une universalisation du règne de Dieu (Gn 1.28).</ref> (Es 27.6 ; 54.1-3)<ref>G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 751-755.</ref>. Les promesses semblent donc être plus grandes qu’un retour eschatologique d’Israël dans sa terre.
  
 
== Dans le Nouveau Testament ==
 
== Dans le Nouveau Testament ==
De façon étonnante, le Nouveau Testament ne fait pas de référence explicite à la restauration de la terre promise telle qu’espérée par Israël. Plusieurs thèmes faisant partie des réalités de la terre promise sont mentionnés dans le Nouveau Testament (Jérusalem, Sion, le temple, les sacrifices, la royauté, le peuple de Dieu, etc.<ref>Waltke affirme que puisque le terme de terre promise n’est pas mentionné explicitement dans le Nouveau Testament, il faut travailler avec ces autres termes équivalents afin de mieux comprendre la place de la terre promise dans le Nouveau Testament. Bruce K. WALTKE, ''An Old Testament Theology'', p. 559.</ref>), mais l’expression même de terre promise dans une optique eschatologique n’est pas mentionnée. Cette absence est significative compte tenu de l’attente d’un accomplissement littéral et imminent que ce sujet suscitait en Israël à l’époque du Nouveau Testament<ref>Les apôtres ont posé directement la question à Jésus en Actes 1:6 : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël? » La réponse énigmatique de Jésus laisse planer un doute sur la façon dont ce rétablissement aura lieu. Tout de même, Jésus mentionne clairement la mission de l’Église de témoigner de l’Évangile dans tout Israël et jusqu’au bout de la terre (v.8). Il semble donc y avoir une connexion entre le rétablissement du royaume et la mission de l’Église.</ref>. Tout de même, cela ne veut pas dire que le thème de la terre promise n’est pas important dans le Nouveau Testament. Il est plutôt traité différemment car ce thème est maintenant associé à la personne de Jésus-Christ.  
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De façon étonnante, le Nouveau Testament ne fait pas de référence explicite à la restauration de la terre promise telle qu’espérée par Israël. Plusieurs thèmes faisant partie des réalités de la terre promise sont mentionnés dans le Nouveau Testament (Jérusalem, Sion, le temple, les sacrifices, la royauté, le peuple de Dieu, etc.<ref>Waltke affirme que puisque la terre promise n’est pas mentionné explicitement dans le Nouveau Testament, il faut travailler avec ces autres thèmes afin de mieux comprendre la place de la terre promise dans le Nouveau Testament. Bruce K. WALTKE, ''An Old Testament Theology'', p. 559.</ref>), mais l’expression même de terre promise dans une optique eschatologique n’est pas mentionnée. Cette absence est significative compte tenu de l’attente d’un accomplissement littéral et imminent que ce sujet suscitait en Israël à l’époque du Nouveau Testament<ref>Les apôtres ont posé directement la question à Jésus en Actes 1:6 : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël? » La réponse énigmatique de Jésus laisse planer un doute sur la façon dont ce rétablissement aura lieu. Tout de même, Jésus mentionne clairement la mission de l’Église de témoigner de l’Évangile dans tout Israël et jusqu’au bout de la terre (v.8). Il semble donc y avoir une connexion entre le rétablissement du royaume et la mission de l’Église.</ref>. Tout de même, cela ne veut pas dire que le thème de la terre promise n’est pas important dans le Nouveau Testament. Il est plutôt traité différemment car ce thème est maintenant associé à la personne de Jésus-Christ.  
  
 
Les chrétiens qui croient que le Nouveau Testament fait explicitement mention d’une terre physique promise à Israël adhèrent habituellement à une eschatologie prémillénariste, c’est-à-dire à une croyance que l’accomplissement des promesses d’une terre pour Israël se produira durant une période intermédiaire de mille ans appelée le millénium (Ap 20.4, 6, 7), entre le retour de Christ pour juger le monde et la création des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Le Nouveau Testament ne semble pas favoriser ce point de vue. Lorsque les auteurs du Nouveau Testament traitent de la question du retour futur de Jésus-Christ et de son règne éternel dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, aucun ne fait allusion à cette période intermédiaire (Mt 25.31-46 ; Jn 5.28-29 ; Rm 8.18-23 ; 1 Co 15.22-28 ; 15.50-57 ; 2 Th 1.5-10 ; 2 P 3.8-13).<ref>Voir une exposition de tous ces passages dans Sam STORMS, ''Kingdom Come : The Amillennial Alternative'', Fearn, Christian Focus, 2012, p. 144-165.</ref>. Dans chacun de ces passages, le retour de Jésus-Christ en jugement est immédiatement suivi par le règne éternel dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Également, la vérité de l’unité du peuple de Dieu (Rm 9.6-7 ; 11.17-24 ; Ep 2.11-22 ; Ga 3 ; 6.16 ; cf. Ac 15.14-18 ; Rm 9.25-26)<ref>''Ibid.'', p. 178-207.</ref>  pose un sérieux problème au prémillénarisme qui défend l’idée qu’il y a deux peuples de Dieu : le peuple céleste (l’Église) et le peuple terrestre (Israël) avec lequel Dieu reprendra ses relations peu avant et durant le millénium<ref>Plusieurs prémillénaristes font appel à Romains 11.25-26 pour défendre qu’un Israël national existera à nouveau dans le millénium. Pour une réfutation détaillée, voir ''ibid.'', p. 303-334.</ref>. Un retour aux rituels de la loi durant le millénium (Éz 40-48) est aussi en conflit avec le fait que Christ a accompli la loi par sa mort et sa résurrection (Ga 3.19 ; Ép 2.15 ; Col 2.14 ; Hb 7.18 ; 8.13 ; etc.). Il ne semble pas y avoir d'utilité à ce que la loi soit réinstaurée.  
 
Les chrétiens qui croient que le Nouveau Testament fait explicitement mention d’une terre physique promise à Israël adhèrent habituellement à une eschatologie prémillénariste, c’est-à-dire à une croyance que l’accomplissement des promesses d’une terre pour Israël se produira durant une période intermédiaire de mille ans appelée le millénium (Ap 20.4, 6, 7), entre le retour de Christ pour juger le monde et la création des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Le Nouveau Testament ne semble pas favoriser ce point de vue. Lorsque les auteurs du Nouveau Testament traitent de la question du retour futur de Jésus-Christ et de son règne éternel dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, aucun ne fait allusion à cette période intermédiaire (Mt 25.31-46 ; Jn 5.28-29 ; Rm 8.18-23 ; 1 Co 15.22-28 ; 15.50-57 ; 2 Th 1.5-10 ; 2 P 3.8-13).<ref>Voir une exposition de tous ces passages dans Sam STORMS, ''Kingdom Come : The Amillennial Alternative'', Fearn, Christian Focus, 2012, p. 144-165.</ref>. Dans chacun de ces passages, le retour de Jésus-Christ en jugement est immédiatement suivi par le règne éternel dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Également, la vérité de l’unité du peuple de Dieu (Rm 9.6-7 ; 11.17-24 ; Ep 2.11-22 ; Ga 3 ; 6.16 ; cf. Ac 15.14-18 ; Rm 9.25-26)<ref>''Ibid.'', p. 178-207.</ref>  pose un sérieux problème au prémillénarisme qui défend l’idée qu’il y a deux peuples de Dieu : le peuple céleste (l’Église) et le peuple terrestre (Israël) avec lequel Dieu reprendra ses relations peu avant et durant le millénium<ref>Plusieurs prémillénaristes font appel à Romains 11.25-26 pour défendre qu’un Israël national existera à nouveau dans le millénium. Pour une réfutation détaillée, voir ''ibid.'', p. 303-334.</ref>. Un retour aux rituels de la loi durant le millénium (Éz 40-48) est aussi en conflit avec le fait que Christ a accompli la loi par sa mort et sa résurrection (Ga 3.19 ; Ép 2.15 ; Col 2.14 ; Hb 7.18 ; 8.13 ; etc.). Il ne semble pas y avoir d'utilité à ce que la loi soit réinstaurée.  
  
Je partage la conclusion de Beale qui résume comment cet accomplissement de la terre promise se produit dans le Nouveau Testament : « Mon argument […] est que les promesses de la terre seront accomplies sous une forme physique, mais que l'inauguration de cet accomplissement est principalement spirituelle jusqu'à ce qu'il y ait consommation finale dans un nouveau ciel et une nouvelle terre entièrement physiques »<ref>Notre trad. G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 751 : « My contention […] is that the Land promises will be fulfilled in a physical form, but that the inauguration of this fulfillment is mainly spiritual until the final consummation in a fully physical new heaven and earth »</ref>.
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Je partage la conclusion de Beale qui résume comment cet accomplissement de la terre promise se produit dans le Nouveau Testament : « Mon argument […] est que les promesses de la terre seront accomplies sous une forme physique, mais que l'inauguration de cet accomplissement est principalement spirituelle jusqu'à ce qu'il y ait consommation finale dans un nouveau ciel et une nouvelle terre entièrement physiques »<ref>Notre trad. G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 751 : « My contention […] is that the Land promises will be fulfilled in a physical form, but that the inauguration of this fulfillment is mainly spiritual until the final consummation in a fully physical new heaven and earth ».</ref>.
  
Plusieurs textes bibliques mènent à la conclusion que l’accomplissement des promesses d’une terre pour Israël sont inaugurées de façon spirituelle par la mort et la résurrection de Jésus-Christ et par sa mission et celle de l’Église d’apporter l’Évangile et le salut à Israël, ainsi qu’aux nations jusqu’au bout de la terre <ref>Isaac apporte une mise à garde utile à l’interprétation de Beale qui parle de cette inauguration en utilisant les termes « invisible » et « spirituel ». Isaac affirme qu’il ne faut pas faire une dichotomie entre l’inauguration spirituelle et l’accomplissement physique, comme si l’inauguration n’avait rien de physique et que la mission de l’Église dans ce monde était seulement spirituelle. Voir Munther B. ISAAC, From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth, p. 359-360. Beale reconnait l’existence d’éléments physiques dans l’inauguration mais insiste davantage sur un accomplissement spirituel. Voir G. K. BEALE, ''op.cit.'', p. 770-772.</ref>(Ac 1.8). Cependant, le Nouveau Testament affirme que ces promesses seront ultimement accomplies, non pas dans la terre de Canaan, mais dans de nouveaux cieux physiques et une nouvelle terre physique (Ap 21.1-22.5 ; És 65.17)<ref>Isaac affirme que les nouveaux cieux et la nouvelle terre ne seront pas déplacés dans un autre endroit dans l’univers mais seront sur cette terre-ci : « The NT shares the hope of the OT of a new heaven and a new earth. It is a hope of universal restoration. This means that the ultimate hope of the people of God is not to go to “heaven”. Rather, chapters 21-22 of Revelation clearly show that the ultimate hope is an actual place on earth. The city comes down from heaven to earth. The new garden is a heavenly one that is located on this earth. The transformation of this earth is only possible when the heavenly realities touch and embrace it. In other words, the earth will be surely renewed, but it will still be “earthly” ».  Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 344.</ref>. Il s’agit donc d’un accomplissement déjà/pas encore des promesses de l’Ancien Testament.
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Plusieurs textes bibliques mènent à la conclusion que l’accomplissement des promesses d’une terre pour Israël sont inaugurées de façon spirituelle par la mort et la résurrection de Jésus-Christ et par sa mission et celle de l’Église d’apporter l’Évangile et le salut à Israël, ainsi qu’aux nations jusqu’au bout de la terre <ref>Isaac apporte une mise à garde utile à l’interprétation de Beale qui parle de cette inauguration en utilisant les termes « invisible » et « spirituel ». Isaac affirme qu’il ne faut pas faire une dichotomie entre l’inauguration spirituelle et l’accomplissement physique, comme si l’inauguration n’avait rien de physique et que la mission de l’Église dans ce monde était seulement spirituelle. Voir Munther B. ISAAC, From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth, p. 359-360. Beale reconnait l’existence d’éléments physiques dans l’inauguration mais insiste davantage sur un accomplissement spirituel. Voir G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 770-772.</ref>(Ac 1.8). Cependant, le Nouveau Testament affirme que ces promesses seront ultimement accomplies, non pas dans la terre de Canaan, mais dans de nouveaux cieux physiques et une nouvelle terre physique (Ap 21.1-22.5 ; És 65.17)<ref>Isaac affirme que les nouveaux cieux et la nouvelle terre ne seront pas déplacés dans un autre endroit dans l’univers mais seront sur cette terre-ci : « The NT shares the hope of the OT of a new heaven and a new earth. It is a hope of universal restoration. This means that the ultimate hope of the people of God is not to go to “heaven”. Rather, chapters 21-22 of Revelation clearly show that the ultimate hope is an actual place on earth. The city comes down from heaven to earth. The new garden is a heavenly one that is located on this earth. The transformation of this earth is only possible when the heavenly realities touch and embrace it. In other words, the earth will be surely renewed, but it will still be “earthly” ».  Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 344.</ref>. Il s’agit donc d’un accomplissement déjà/pas encore des promesses de l’Ancien Testament.
  
Le Nouveau Testament atteste que Jésus incarne en lui-même les réalités de la terre promise<ref>Cette section est tirée de Oren R. MARTIN, ''Bound for the Kingdom'', p.  220, 276, 287-288.</ref>. Jésus a accompli une nouvelle création par sa mort et sa résurrection. Chaque croyant uni à lui par la foi est également une nouvelle création (2 Co 5.17). Jésus remplace le temple de Jérusalem (Jn 2.19-22) et chaque croyant est une pierre de ce temple (1 P 2.4-7). Il est la présence et la gloire de Dieu qui était promise de demeurer avec le peuple pour toujours (Jn 1.14  ; Mt 28.20 ; cf. Ez 43.5-7)<ref>Bruce K. WALTKE, ''An Old Testament Theology'', p. 576.</ref>. Il inaugure ainsi le règne et le royaume de Dieu sur la terre. Il est celui qui s’est assis sur le trône de David par sa résurrection (Ac 2.29-36), non pas sur un trône physique mais sur un trône céleste. Il donne le repos à ceux qui viennent à lui (Hb 4). Cette inauguration en Jésus peut aussi être vue par sa mission et ses actes qui montrent qu’il est en réalité le nouvel Israël<ref>Voir G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 406-422 pour une exposition détaillée de la façon dont Jésus est le nouvel Israël. Wright, comme Beale, affirme que Jésus a compris sa propre mission comme étant l’accomplissement de la restauration d’Israël. Il donne huit raisons en faveur de cette compréhension de la part de Jésus : sa soumission au baptême de Jean, l’utilisation des Écriture en relation avec lui-même, son choix de douze disciples, sa compréhension du Temple, son entrée triomphale à Jérusalem, la nouvelle alliance accomplie par sa mort, sa compréhension de la résurrection et la mission qu’il a donné aux disciples d’être ses témoins.  Voir Christopher WRIGHT « A Christian Approach To Old Testament Prophecy Concerning Israel », p. 9-12.</ref>. Il redéfinit ce que signifie être Israël. Isaac affirme : « Israël comprend maintenant des peuples de toutes les nations, et la base de l'inclusion dans le peuple de Dieu est la fidélité de Jésus. L'appartenance au peuple de Dieu dépend de la foi en Jésus – et non de l'obéissance à la loi. Naturellement, si Jésus est identifié à Israël, la terre d'Israël est maintenant la terre de Jésus. Puisque le peuple de Dieu s'est élargi, la terre promise doit également s'élargir pour rendre possible l'incorporation de peuples de toutes les nations. En Christ, la terre promise trouve son potentiel et s'universalise »<ref>Notre trad. Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 355 : « Israel now includes peoples from all the nations, and the basis of inclusion in the people of God is the faithfulness of Jesus. Membership in the people of God is dependent upon faith in Jesus – and not upon obedience to the law. Naturally, if Jesus is identified with Israel, then the land of Israel is now the land of Jesus. Since the people of God expanded, the land also must expand to make possible the incorporation of peoples from all the nations. In Christ, the land finds its potential, and is universalized »</ref>.  
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Le Nouveau Testament atteste que Jésus incarne en lui-même les réalités de la terre promise<ref>Cette section est tirée de Oren R. MARTIN, ''Bound for the Kingdom'', p.  220, 276, 287-288.</ref>. Jésus a accompli une nouvelle création par sa mort et sa résurrection. Chaque croyant uni à lui par la foi est également une nouvelle création (2 Co 5.17). Jésus remplace le temple de Jérusalem (Jn 2.19-22) et chaque croyant est une pierre de ce temple (1 P 2.4-7). Il est la présence et la gloire de Dieu qui était promise de demeurer avec le peuple pour toujours (Jn 1.14  ; Mt 28.20 ; cf. Ez 43.5-7)<ref>Bruce K. WALTKE, ''An Old Testament Theology'', p. 576.</ref>. Il inaugure ainsi le règne et le royaume de Dieu sur la terre. Il est celui qui s’est assis sur le trône de David par sa résurrection (Ac 2.29-36), non pas sur un trône physique mais sur un trône céleste. Il donne le repos à ceux qui viennent à lui (Hb 4). Cette inauguration en Jésus peut aussi être vue par sa mission et ses actes qui montrent qu’il est en réalité le nouvel Israël<ref>Voir G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 406-422 pour une exposition détaillée de la façon dont Jésus est le nouvel Israël. Wright, comme Beale, affirme que Jésus a compris sa propre mission comme étant l’accomplissement de la restauration d’Israël. Il donne huit raisons en faveur de cette compréhension de la part de Jésus : sa soumission au baptême de Jean, l’utilisation des Écriture en relation avec lui-même, son choix de douze disciples, sa compréhension du Temple, son entrée triomphale à Jérusalem, la nouvelle alliance accomplie par sa mort, sa compréhension de la résurrection et la mission qu’il a donné aux disciples d’être ses témoins.  Voir Christopher WRIGHT « A Christian Approach To Old Testament Prophecy Concerning Israel », p. 9-12.</ref>. Il redéfinit ce que signifie être Israël. Isaac affirme : « Israël comprend maintenant des peuples de toutes les nations, et la base de l'inclusion dans le peuple de Dieu est la fidélité de Jésus. L'appartenance au peuple de Dieu dépend de la foi en Jésus – et non de l'obéissance à la loi. Naturellement, si Jésus est identifié à Israël, la terre d'Israël est maintenant la terre de Jésus. Puisque le peuple de Dieu s'est élargi, la terre promise doit également s'élargir pour rendre possible l'incorporation de peuples de toutes les nations. En Christ, la terre promise trouve son potentiel et s'universalise »<ref>Notre trad. Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 355 : « Israel now includes peoples from all the nations, and the basis of inclusion in the people of God is the faithfulness of Jesus. Membership in the people of God is dependent upon faith in Jesus – and not upon obedience to the law. Naturally, if Jesus is identified with Israel, then the land of Israel is now the land of Jesus. Since the people of God expanded, the land also must expand to make possible the incorporation of peoples from all the nations. In Christ, the land finds its potential, and is universalized ».</ref>.  
  
La mission donnée aux apôtres au début du livre des Actes des Apôtres inaugure aussi le royaume de Dieu sur la terre et la restauration d’Israël : « vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout de la terre » (Ac 1.8). Les apôtres sont appelés à être les témoins de Jésus d’abord « à Jérusalem » par la puissance de l’Esprit. En étendant cette mission à « toute la Judée, dans la Samarie », l’unité qui était perdue entre Israël et Juda est recréée. Les prophéties du rétablissement de l’unité entre Israël et Juda sont donc inaugurées à la création de l’Église.  La mission est ensuite portée « jusqu’au bout de la terre » pour atteindre toutes les nations<ref>Cette progression de la mission peut être vue au sein même du livre des Actes : Jérusalem (Ac 1-7), Judée et Samarie (Ac 8-12) et jusqu’au bout de la terre (Ac 13-28).</ref>. Ainsi, la restauration de la terre d’Israël est universalisée par la proclamation de l’Évangile dans la puissance de l’Esprit par un reste fidèle d’Israël pour atteindre la terre entière. L’Église accomplit donc le mandat donné à Abraham et à Israël de témoigner de Dieu et d’être une lumière pour les nations<ref>Munther B. ISAAC, ''op.cit.'', p. 263-264.</ref>.
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La mission donnée aux apôtres au début du livre des Actes des Apôtres inaugure aussi le royaume de Dieu sur la terre et la restauration d’Israël : « vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout de la terre » (Ac 1.8). Les apôtres sont appelés à être les témoins de Jésus d’abord « à Jérusalem » par la puissance de l’Esprit. En étendant cette mission à « toute la Judée, dans la Samarie », l’unité qui était perdue entre Israël et Juda est recréée. Les prophéties du rétablissement de l’unité entre Israël et Juda sont donc inaugurées à la création de l’Église.  La mission est ensuite portée « jusqu’au bout de la terre » pour atteindre toutes les nations<ref>Cette progression de la mission peut être vue au sein même du livre des Actes : Jérusalem (Ac 1-7), Judée et Samarie (Ac 8-12) et jusqu’au bout de la terre (Ac 13-28).</ref>. Ainsi, la restauration de la terre d’Israël est universalisée par la proclamation de l’Évangile dans la puissance de l’Esprit par un reste fidèle d’Israël pour atteindre la terre entière. L’Église accomplit donc le mandat donné à Abraham et à Israël de témoigner de Dieu et d’être une lumière pour les nations<ref>''Ibid.'', p. 263-264.</ref>.
  
Plusieurs versets du Nouveau Testament élargissent aussi à toute la terre entière les promesses d'une terre pour Israël<ref>Ces exemples sont décrits dans G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 756-760 et Sam STORMS, ''Kingdom Come'', p. 208-212.</ref>. Romains 4.13 atteste qu’Abraham n’était pas seulement héritier d’Israël mais du monde entier<ref>Certains critiques de ce point de vue affirment que ce verset ne parle pas d’étendre les promesses de la terre d'Israël mais plutôt d’hériter un peuple qui est d’entre toutes les nations du monde. Voir Nelson S. HSICH, « Abraham as ‘Heir of the World’ : Does Romans 4.13 Expand the Old Testament Abrahamic Land Promises? », ''The Master Seminary Journal'', vol. 26, no. 1, Spring 2015, p. 95–110.</ref>. Hébreux 11.8-16 affirme que la terre espérée par les patriarches n’était pas la terre de Canaan mais la « Jérusalem céleste » (Hb 12.22 ; cf. Ga 4.26 ; Ap 3.12 ; 21.2) préparée pour eux par Dieu. La terre de Canaan espéré par les patriarches était donc, d’une manière plus grande, la nouvelle Jérusalem dans de nouveaux cieux et une nouvelle terre. Isaac résume cette universalisation de la terre promise en trois points : une expansion, une reproduction et une consommation : « Ces trois aspects de l'universalisation (expansion, reproduction, accomplissement) de la terre promise forment ensemble un tableau complet. La terre promise est universalisée à mesure qu'elle s'étend au-delà de Jérusalem vers de nouvelles terres. Cette expansion comprend un élément de décentralisation, qui ne nécessite plus que Jérusalem continue à jouer un rôle central dans l'histoire de la rédemption. Au contraire, de nouvelles réalités (foncières?)  sont créées dans de nouvelles terres, à mesure que le modèle d’Israël est reproduit dans de nouveaux endroits. Ce processus aboutit à un «nouveau ciel et une nouvelle terre» lorsque Dieu intervient dans le temps et l'espace - en apportant la rédemption complète à l'univers »<ref>Notre trad. Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 362-365 : « These three aspects of the universalization (expansion, reproduction, consummation) of the land together make a complete picture. The land is universalized as it expands beyond Jerusalem into new lands. This expansion includes an element of decentralization, which no longer necessitates that Jerusalem continues to play a central role in redemptive history. Rather, new land realities are created in new lands, as Israel’s model is replicated in new places. This process culminates in a “new heavens and a new earth” when God intervenes in time and space – by bringing complete redemption to the universe »</ref>.
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Plusieurs versets du Nouveau Testament élargissent aussi à toute la terre entière les promesses d'une terre pour Israël<ref>Ces exemples sont décrits dans G. K. BEALE, ''A New Testament Biblical Theology'', p. 756-760 et Sam STORMS, ''Kingdom Come'', p. 208-212.</ref>. Romains 4.13 atteste qu’Abraham n’était pas seulement héritier d’Israël mais du monde entier<ref>Certains critiques de ce point de vue affirment que ce verset ne parle pas d’étendre les promesses de la terre d'Israël mais plutôt d’hériter un peuple qui est d’entre toutes les nations du monde. Voir Nelson S. HSICH, « Abraham as ‘Heir of the World’ : Does Romans 4.13 Expand the Old Testament Abrahamic Land Promises? », ''The Master Seminary Journal'', vol. 26, no. 1, Spring 2015, p. 95–110.</ref>. Hébreux 11.8-16 affirme que la terre espérée par les patriarches n’était pas la terre de Canaan mais la « Jérusalem céleste » (Hb 12.22 ; cf. Ga 4.26 ; Ap 3.12 ; 21.2) préparée pour eux par Dieu. La terre de Canaan espéré par les patriarches était donc, d’une manière plus grande, la nouvelle Jérusalem dans de nouveaux cieux et une nouvelle terre. Isaac résume cette universalisation de la terre promise en trois points : une expansion, une reproduction et une consommation : « Ces trois aspects de l'universalisation (expansion, reproduction, accomplissement) de la terre promise forment ensemble un tableau complet. La terre promise est universalisée à mesure qu'elle s'étend au-delà de Jérusalem vers de nouvelles terres. Cette expansion comprend un élément de décentralisation, qui ne nécessite plus que Jérusalem continue à jouer un rôle central dans l'histoire de la rédemption. Au contraire, de nouvelles réalités foncières sont créées dans de nouvelles terres, à mesure que le modèle d’Israël est reproduit dans de nouveaux endroits. Ce processus aboutit à un «nouveau ciel et une nouvelle terre» lorsque Dieu intervient dans le temps et l'espace - en apportant la rédemption complète à l'univers »<ref>Notre trad. Munther B. ISAAC, ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth'', p. 362-365 : « These three aspects of the universalization (expansion, reproduction, consummation) of the land together make a complete picture. The land is universalized as it expands beyond Jerusalem into new lands. This expansion includes an element of decentralization, which no longer necessitates that Jerusalem continues to play a central role in redemptive history. Rather, new land realities are created in new lands, as Israel’s model is replicated in new places. This process culminates in a “new heavens and a new earth” when God intervenes in time and space – by bringing complete redemption to the universe ».</ref>.
  
 
La description ultime de ces nouveaux cieux et nouvelle terre se trouve en Apocalypse 21.1-22.5. Plusieurs versets permettent d’affirmer que la nouvelle terre est en quelque sorte un Éden restauré (Ap 22.1-5). Dieu habitera de façon permanente avec l’humanité rachetée (Ap 21.3), non dans un lieu géographique limité, mais sur toute la terre.  Cette nouvelle terre est décrite dans des termes symboliques comme une cité en reprenant plusieurs éléments de la vision d’Ézéchiel du temple futur dans la terre promise (Ez 40-48). Cependant, dans l’Apocalypse, cette vision du temple d’Ézéchiel est réinterprétée à la lumière de Dieu et de l’Agneau : « Et je ne vis pas de temple en elle [la cité]; car le Seigneur, Dieu, le Tout-Puissant, et l’Agneau, en sont le temple » (Ap 21.22). Jésus-Christ ayant accompli tous les éléments de cette cité et de ce temple par sa mort et sa résurrection (lieu saint, autel, sacrifices, prêtrise, fêtes de l’Éternel, rétablissement d’Israël, etc.) nous ne pouvons pas nous attendre à un accomplissement littéral de tous les détails de la vision d’Ézéchiel<ref>Certains ont même démontré qu’Ézéchiel ne cherchait pas à décrire un temple localisé en Israël à la fin des temps mais plutôt un temple céleste. Voir par exemple G. K. BEALE, ''The Temple and the Church’s Mission'', p. 335-364.</ref>. Martin affirme : « Apocalypse 21-22 interprète davantage l'accomplissement encore futur d'Ézéchiel en comprimant le temple, la ville et la terre en une seule image de la fin des temps, et décrit l'accomplissement des promesses de l'alliance de Dieu »<ref>Notre trad. Oren R. MARTIN, ''Bound for the Kingdom'', p. 212 : « Revelation 21-22 further interprets the yet-future fulfillment of Ezekiel by collapsing temple, city, and land into one end-time picture, and describes the fulfillment of God’s covenant promises ».</ref>.  
 
La description ultime de ces nouveaux cieux et nouvelle terre se trouve en Apocalypse 21.1-22.5. Plusieurs versets permettent d’affirmer que la nouvelle terre est en quelque sorte un Éden restauré (Ap 22.1-5). Dieu habitera de façon permanente avec l’humanité rachetée (Ap 21.3), non dans un lieu géographique limité, mais sur toute la terre.  Cette nouvelle terre est décrite dans des termes symboliques comme une cité en reprenant plusieurs éléments de la vision d’Ézéchiel du temple futur dans la terre promise (Ez 40-48). Cependant, dans l’Apocalypse, cette vision du temple d’Ézéchiel est réinterprétée à la lumière de Dieu et de l’Agneau : « Et je ne vis pas de temple en elle [la cité]; car le Seigneur, Dieu, le Tout-Puissant, et l’Agneau, en sont le temple » (Ap 21.22). Jésus-Christ ayant accompli tous les éléments de cette cité et de ce temple par sa mort et sa résurrection (lieu saint, autel, sacrifices, prêtrise, fêtes de l’Éternel, rétablissement d’Israël, etc.) nous ne pouvons pas nous attendre à un accomplissement littéral de tous les détails de la vision d’Ézéchiel<ref>Certains ont même démontré qu’Ézéchiel ne cherchait pas à décrire un temple localisé en Israël à la fin des temps mais plutôt un temple céleste. Voir par exemple G. K. BEALE, ''The Temple and the Church’s Mission'', p. 335-364.</ref>. Martin affirme : « Apocalypse 21-22 interprète davantage l'accomplissement encore futur d'Ézéchiel en comprimant le temple, la ville et la terre en une seule image de la fin des temps, et décrit l'accomplissement des promesses de l'alliance de Dieu »<ref>Notre trad. Oren R. MARTIN, ''Bound for the Kingdom'', p. 212 : « Revelation 21-22 further interprets the yet-future fulfillment of Ezekiel by collapsing temple, city, and land into one end-time picture, and describes the fulfillment of God’s covenant promises ».</ref>.  
Ligne 57 : Ligne 57 :
 
Les livres historiques suivants décrivent différents affronts avec les peuples restants dans les limites de la terre promise. Nous y trouvons une série de conquêtes et de pertes de territoire. Israël possédera pleinement la terre promise seulement à l’époque du roi Salomon pour une courte période. Suite à la division du royaume entre les tribus du Nord et du Sud, la désobéissance à Dieu et à la loi augmentent et mènent les deux royaumes en exil à l’extérieur de la terre promise. Soixante-dix ans plus tard, en accord avec ses promesses, Dieu ramène Juda dans la terre promise.  
 
Les livres historiques suivants décrivent différents affronts avec les peuples restants dans les limites de la terre promise. Nous y trouvons une série de conquêtes et de pertes de territoire. Israël possédera pleinement la terre promise seulement à l’époque du roi Salomon pour une courte période. Suite à la division du royaume entre les tribus du Nord et du Sud, la désobéissance à Dieu et à la loi augmentent et mènent les deux royaumes en exil à l’extérieur de la terre promise. Soixante-dix ans plus tard, en accord avec ses promesses, Dieu ramène Juda dans la terre promise.  
  
Ce n’est toutefois pas encore le retour eschatologie dans la terre promise prédit par les prophètes préexiliques et postexiliques. Les prophètes entrevoient une période où les douze tribus réunies vivront dans la terre promise dans la paix et le repos de leurs ennemis sur une terre renouvelée. Cependant, ces promesses semblent être plus grandes qu’un retour eschatologique d’Israël dans sa terre. Un roi davidique est décrit comme régnant sur toute la terre et les nations sont décrites comme faisant partie du peuple de Dieu. Plusieurs éléments permettent d’affirmer que les limites de la terre promise à Israël sont élargies pour inclure toute la terre et toutes les nations.
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Ce n’est toutefois pas encore le retour eschatologie prédit par les prophètes préexiliques et postexiliques. Les prophètes entrevoient une période où les douze tribus réunies vivront dans la paix et le repos de leurs ennemis. Cependant, ces promesses semblent être plus grandes qu’un retour eschatologique d’Israël dans sa terre. Un roi davidique est décrit comme régnant sur toute la terre et les nations sont décrites comme faisant partie du peuple de Dieu. Plusieurs éléments permettent d’affirmer que les limites de la terre promise à Israël sont élargies pour inclure toute la terre et toutes les nations.
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Dans le Nouveau Testament, l’accomplissement des promesses d’une terre pour Israël est inauguré de façon spirituelle par la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Le Nouveau Testament atteste que Jésus incarne en lui-même les réalités de la terre promise. Cette inauguration peut aussi être vue par la mission de Jésus-Christ et de l’Église d’apporter l’Évangile et le salut à Israël ainsi qu’aux nations jusqu’au bout de la terre. Le royaume de Dieu et la restauration d’Israël sont ainsi inaugurés à la première venue de Jésus-Christ et lors de la création de l’Église. De plus, plusieurs versets du Nouveau Testament élargissent à toute la terre le territoire promis à Israël. Le Nouveau Testament affirme également que ces promesses seront accomplies dans une réalité physique, non pas dans la terre de Canaan, mais dans de nouveaux cieux et une nouvelle terre où le péché et la mort n’existeront plus. Ainsi, ce qui a été promis à Israël dans l’Ancien Testament reçoit un accomplissement encore plus grand et plus vaste dans le Nouveau Testament, car cela est maintenant lié à la personne de Jésus-Christ et à l’aspect universel de son œuvre de rédemption.
 
Dans le Nouveau Testament, l’accomplissement des promesses d’une terre pour Israël est inauguré de façon spirituelle par la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Le Nouveau Testament atteste que Jésus incarne en lui-même les réalités de la terre promise. Cette inauguration peut aussi être vue par la mission de Jésus-Christ et de l’Église d’apporter l’Évangile et le salut à Israël ainsi qu’aux nations jusqu’au bout de la terre. Le royaume de Dieu et la restauration d’Israël sont ainsi inaugurés à la première venue de Jésus-Christ et lors de la création de l’Église. De plus, plusieurs versets du Nouveau Testament élargissent à toute la terre le territoire promis à Israël. Le Nouveau Testament affirme également que ces promesses seront accomplies dans une réalité physique, non pas dans la terre de Canaan, mais dans de nouveaux cieux et une nouvelle terre où le péché et la mort n’existeront plus. Ainsi, ce qui a été promis à Israël dans l’Ancien Testament reçoit un accomplissement encore plus grand et plus vaste dans le Nouveau Testament, car cela est maintenant lié à la personne de Jésus-Christ et à l’aspect universel de son œuvre de rédemption.
  
 
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<div style='text-align: right;'>Carl OUIMET</div>
Carl OUIMET
 
  
 
== Notes et références ==
 
== Notes et références ==
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== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
  
* BEALE, G. K., ''A New Testament Biblical Theology : The Unfolding of the Old Testament in the New'', Grand Rapids, Baker Academic, 2011, 1072 pp.
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* BEALE, G. K., ''A New Testament Biblical Theology : The Unfolding of the Old Testament in the New'', Grand Rapids, Baker Academic, 2011.
  
* BEALE, G. K., ''The Temple and the Church’s Mission : A Biblical Theology of the Dwelling Place of God'', New Studies in Biblical Theology, Downers Grove, InterVarsity, 2004, 458 pp.
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* BEALE, G. K., ''The Temple and the Church’s Mission : A Biblical Theology of the Dwelling Place of God'', New Studies in Biblical Theology, Downers Grove, InterVarsity, 2004.
  
 
* BERGEY, Ronald « La conquête de Canaan : un génocide? », ''La Revue Réformée'', no. 225, https://larevuereformee.net/articlerr/n225/la-conquete-de-canaan-un-genocide. Consulté le 4 novembre 2018.
 
* BERGEY, Ronald « La conquête de Canaan : un génocide? », ''La Revue Réformée'', no. 225, https://larevuereformee.net/articlerr/n225/la-conquete-de-canaan-un-genocide. Consulté le 4 novembre 2018.
  
* BIRCH, Bruce C et al., ''A Theological Introduction to the Old Testament'', Nashville, Abingdon Press, 1999, 475 pp.
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* BIRCH, Bruce C et al., ''A Theological Introduction to the Old Testament'', Nashville, Abingdon Press, 1999.
  
* BRUEGGEMANN, Walter, ''The Land : Overtures to Biblical Theology'', Philadelphia, Fortress Press, 1977, 203 pp.
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* BRUEGGEMANN, Walter, ''The Land : Overtures to Biblical Theology'', Philadelphia, Fortress Press, 1977.
  
* COPAN, Paul, FLANNAGAN, Matthew, ''Did God Really Command Genocide ? Coming to terms with the justice of God'', Grand Rapids, Baker Books, 2014, 351 pp.
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* COPAN, Paul, FLANNAGAN, Matthew, ''Did God Really Command Genocide ? Coming to terms with the justice of God'', Grand Rapids, Baker Books, 2014.
  
* DAVIES, W. D., ''The Gospel and the Land : Early Christianity and Jewish Territorial Doctrine'', Berkeley, University of California Press, 1974, 521 pp.
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* DAVIES, W. D., ''The Gospel and the Land : Early Christianity and Jewish Territorial Doctrine'', Berkeley, University of California Press, 1974.
  
 
* HSICH, Nelson S., « Abraham as ‘Heir of the World’ : Does Romans 4:13 Expand the Old Testament Abrahamic Land Promises? », ''The Master Seminary Journal'', vol. 26, no. 1, Spring 2015, p. 95–110.
 
* HSICH, Nelson S., « Abraham as ‘Heir of the World’ : Does Romans 4:13 Expand the Old Testament Abrahamic Land Promises? », ''The Master Seminary Journal'', vol. 26, no. 1, Spring 2015, p. 95–110.
  
* ISAAC, Munther B. I., ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth: a Christ-centred Biblical Theology of the Promised Land'', Thèse de doctorat, Middlesex University, 2014, 413 pp, http://eprints.mdx.ac.uk/13711/1/MIsaac_thesis.pdf. Consulté le 28 septembre 2018.
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* ISAAC, Munther B. I., ''From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth: a Christ-centred Biblical Theology of the Promised Land'', Thèse de doctorat, Middlesex University, 2014, http://eprints.mdx.ac.uk/13711/1/MIsaac_thesis.pdf. Consulté le 28 septembre 2018.
  
 
* KAISER JR, Walter C., « The Promised Land : A Biblical-Historical View », Bibliotheca Sacra, vol. 138, 1981, p. 302-312.
 
* KAISER JR, Walter C., « The Promised Land : A Biblical-Historical View », Bibliotheca Sacra, vol. 138, 1981, p. 302-312.
  
* MARTIN, Oren R., ''Bound for the Kingdom : The Land Promise in God’s Redemptive Plan'', Thèse de doctorat, The Southern Baptist Theological Seminary, 2013, 336 pp, http://digital.library.sbts.edu/bitstream/handle/10392/4292/Martin_sbts_0207D_10148.pdf?sequence=1. Consulté le 28 septembre 2018.
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* MARTIN, Oren R., ''Bound for the Kingdom : The Land Promise in God’s Redemptive Plan'', Thèse de doctorat, The Southern Baptist Theological Seminary, 2013, http://digital.library.sbts.edu/bitstream/handle/10392/4292/Martin_sbts_0207D_10148.pdf?sequence=1. Consulté le 28 septembre 2018.
  
 
* MILLAR, J. G., « Land », ''New Dictionary of Biblical Theology : Exploring the unity & diversity of Scriptures'', T. Desmond Alexander et al. sous dir., Downers Grove, InterVarsity, 2000,  p. 623-627.
 
* MILLAR, J. G., « Land », ''New Dictionary of Biblical Theology : Exploring the unity & diversity of Scriptures'', T. Desmond Alexander et al. sous dir., Downers Grove, InterVarsity, 2000,  p. 623-627.
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* SCHIFFMAN, L. H., « Israel, Land of », Dictionary of New Testament Background, Craig A. Evans, Stanley E. Porter, sous dir., Downers Grove, InterVarsity, 2000, p. 554-558.
 
* SCHIFFMAN, L. H., « Israel, Land of », Dictionary of New Testament Background, Craig A. Evans, Stanley E. Porter, sous dir., Downers Grove, InterVarsity, 2000, p. 554-558.
  
* STORMS, Sam, ''Kingdom Come : The Amillennial Alternative'', Fearn, Christian Focus, 2012, 592 pp.
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* STORMS, Sam, ''Kingdom Come : The Amillennial Alternative'', Fearn, Christian Focus, 2012.
  
* WALKER, P. W. L., ''Jesus and the Holy City : New Testament Perspectives on Jerusalem'', Grand Rapids, Eerdmans, 1996, 370 pp.
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* WALKER, P. W. L., ''Jesus and the Holy City : New Testament Perspectives on Jerusalem'', Grand Rapids, Eerdmans, 1996.
  
* WALTKE, Bruce K., ''An Old Testament Theology : an Exegetical, Canonical and Thematic Approach'', Grand Rapids, Zondervan, 2007, 1040 pp.
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* WALTKE, Bruce K., ''An Old Testament Theology : an Exegetical, Canonical and Thematic Approach'', Grand Rapids, Zondervan, 2007.
  
* WOUDSTRA, Marten H., ''The Book of Joshua'', NICOT, Grand Rapids, Eerdmans, 1981, 410 pp.
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* WOUDSTRA, Marten H., ''The Book of Joshua'', NICOT, Grand Rapids, Eerdmans, 1981.
  
 
* WRIGHT, Christopher, « A Christian Approach To Old Testament Prophecy Concerning Israel », ''Jerusalem Past and Present in the Purposes of God'', P. W. L. Walker, sous dir., Cambridge, Tyndale House, 1992, p. 1-19.
 
* WRIGHT, Christopher, « A Christian Approach To Old Testament Prophecy Concerning Israel », ''Jerusalem Past and Present in the Purposes of God'', P. W. L. Walker, sous dir., Cambridge, Tyndale House, 1992, p. 1-19.

Version actuelle datée du 11 novembre 2021 à 07:41

La Bible accorde une place très importante au thème de la terre promise[1]. Il pourrait même être affirmé que ce thème est l’un des plus importants de l’Ancien Testament[2]. La terre promise était le lieu de l’expression des relations entre Dieu et son peuple, Israël. Le peuple d’Israël dans l’Ancien Testament ne séparait jamais son statut de peuple de Dieu de la terre que Dieu avait choisie pour son habitation. L’identité du peuple même était liée à cette terre. De nombreuses promesses de Dieu envers la nation d'Israël étaient liées à un concept de terre ou de pays, que ce soit la promesse initiale faite à Abraham en Genèse 12 ou la promesse d'un rétablissement futur envisagé par les prophètes. La terre promise était une préoccupation constante pour les Israélites. L’histoire d’Israël dans la Bible est marquée par une série de hauts et de bas où l’occupation de la terre est fréquemment mise en danger. Les Israélites sont régulièrement en attente d’une période où ils pourront librement et paisiblement vivre dans la totalité de la terre promise à Abraham.

Ce sujet possède un caractère controversé compte tenu de la situation politique actuelle en Israël. Bon nombre de Juifs et de Chrétiens croient que la terre d’Israël appartient toujours au peuple d’Israël et que cette terre dans son entièreté devrait être dès maintenant en leur possession. Beaucoup croient également en la restauration du peuple d’Israël dans sa terre durant un millénium littéral, physique et futur. Ces questions font l’objet de débats parmi les chrétiens. Quel que soit le point de vue adopté, il n’en demeure pas moins que le thème de la terre promise dans la Bible possède un fort aspect eschatologique. Tout de même, étudier l’eschatologie de la terre promise n’est pas tout. Il faut avoir une bonne compréhension de la place de ce thème dans toute l’histoire d’Israël. Le présent article se concentre à voir la progression de ce thème dans tout le corpus biblique.

Dans le Pentateuque

La première référence explicite à la terre promise dans la Bible se produit lors de la révélation de Dieu à Abraham en Genèse 12.1-3 ; 15 ; 17.1-14. Un certain nombre de théologiens ont toutefois montré qu’il est erroné de débuter l’étude de ce thème avec Abraham. Il faudrait plutôt débuter avec Adam et Ève dans le jardin d’Éden. Plusieurs auteurs récents ont expliqué que le jardin d’Éden est une sorte d’archétype et de modèle pour des thèmes qui sont développées plus tard dans la Bible, dont celui de la terre promise[3]. Plusieurs parallèles ressortent[4]: la terre promise est comparée au jardin d’Éden, surtout lorsqu'on associe le retour d’exil d’Israël à un retour à Éden (És 51.3 ; Éz 36.33-35 ; 47.12 ; Za 14.8 ; Mi 4.4 ; Jl 2.3 ; 3.18)[5], la terre promise dans le Pentateuque est décrite comme un nouveau paradis ruisselant de lait et de miel (Ex 3.8 ; 13.5 ; 33.3 ; Lv 20.24 ; Nm 13.27 ; 14.8 ; Dt 6.3 ; 11.9 ; 26.9 ; 31.20 ; etc.), le jardin et la terre sont décrits comme un temple et un sanctuaire saint[6], le jardin comme la terre promise avait comme but de s’étendre à toute la terre[7]. Ces quelques exemples nous permettent d’affirmer qu’Éden est un cadre de référence important dans la théologie de la terre promise.

En désobéissant au commandement de Dieu en Genèse 3, Adam et Ève sont chassés du jardin (Gn 3.23-24). Les conditions idéales et paradisiaques du jardin sont perdues. L’humanité ne possède plus une terre spéciale accordée par Dieu. Pire, l’humanité atteint une déchéance telle que Dieu amène le déluge pour l'anéantir, à l’exception de Noé et sa famille (Gn 6-8). Suite aux événements entourant la tour de Babel, l’humanité est dispersée sur toute la terre et les langues sont divisées (Gn 11.1-9). À ce stade, la situation semble sans espoir. L’humanité est dans une constante forme d’exil de la présence de Dieu. Toutefois, la promesse de Dieu en Genèse 3.15 est une clef pour comprendre le plan de Dieu pour racheter et réunir l’humanité à nouveau. Ce passage indique que Dieu interviendra en faveur de l’humanité par la semence de la femme. L’étape suivante de cette intervention se trouve dans l’alliance que Dieu fait avec Abraham à partir de Genèse 12. C’est par lui que Dieu pourra à nouveau habiter avec l’humanité et débuter une restauration du royaume de Dieu qui a été perdu à Éden [8].

À partir de Genèse 12, Dieu fait des promesses à Abraham associées à une triple bénédiction : il lui accordera une descendance (Gn 12.2 ; 17.4-7), il donnera une terre à cette descendance (Gn 12.1 ; 15.7, 18 ; 17.8) et Abraham sera une bénédiction pour toutes les nations (Gn 12.3 ; 17.6). Dieu s’engage par alliance avec la descendance d’Abraham. Il est dit que ce sera une « alliance perpétuelle » et que la terre promise sera une « possession perpétuelle » (Gn 13.15 ; 17.8 ; 48.4; cf. Ex 32.13 ; Jos 14.9). Il s’agit d’une alliance inconditionnelle. Dieu n’exige aucune réponse de la part d’Abraham pour accomplir ces promesses. Dans la scène de Genèse 15 où Dieu fait passer une flamme entre les pièces des animaux sacrifiées par Abraham, Dieu s’engage par lui-même à accomplir les termes de ses promesses. Par Abraham, la fondation est donc posée en ce qui concerne une descendance dans une terre promise. Il est toutefois important de noter que cette alliance revêt déjà un caractère universel, puisqu’il est fait mention d’une bénédiction pour toutes les nations de la terre. Il y a donc déjà un indice du fait qu’une terre délimitée n’est pas une fin en soi. Wright affirme : « L'élection d'Israël et la promesse de la terre doivent donc être placées dans le contexte du dessein ultime de Dieu pour le salut de l'humanité et la recréation de toute la terre. Elles n'étaient pas une fin en soi, mais des moyens pour une plus grande fin. L'engagement de Dieu envers Israël doit donc être considéré comme un dérivé de son engagement envers l'humanité, non antérieur ou séparé de cette dernière. L'élection implique en effet l'utilisation de moyens particuliers, mais pour un objectif universel »[9].

Dieu répète sa promesse d’une terre au fils d’Abraham, Isaac (Gn 26.3-5 ; cf. 26.24 promesse d’une semence). Dans ces deux cas, la raison qui est donnée pour l’accomplissement de ces promesses est l’alliance que Dieu fit avec Abraham. La promesse est également répétée envers le descendant suivant, Jacob (Gn 28.3-4, 13-15 ; 35.9-12). Dieu fait ensuite descendre Jacob (Israël) et ses enfants en Égypte (Gn 46.1-7) où la descendance y séjournera durant 400 ans dans l’oppression et l’esclavage, tel que cela fut annoncé à Abraham (Gn 15.13-16 ; cf. Ac 7.6). Dieu choisit Moïse afin qu’il libère le peuple de l’esclavage et le fasse entrer dans la terre promise. Dieu dit à Moïse « Je suis descendu pour le [le peuple] délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays-là dans un pays bon et spacieux, dans un pays ruisselant de lait et de miel, dans le lieu d’habitation du Cananéen, du Hétien, et de l’Amoréen, et du Phrézien, et du Hévien, et du Jébusien » (Ex 3.8).

Suite à la traversée de la mer Rouge pour quitter l’Égypte, Dieu fait une alliance avec le peuple à Sinaï (Ex 19). Cette fois-ci, il s’agit d’une alliance conditionnelle (cf. Ex 19.5). Avant d’entrer dans la terre promise, de sérieux avertissements sont données au peuple. S’ils obéissent, Dieu les bénira dans la terre (Lv 26.3-13 ; Dt 28.1-14). S’ils désobéissent, des calamités s’abattront sur eux et sur toute la terre, et ils seront jusqu'à expulsé de cette terre (Dt 28.15-58 ; Lv 26.14-39). Il y a tout de même une tension puisque malgré cette responsabilité à obéir, il est mentionné à plusieurs reprises que la terre promise est un don inconditionnel de Dieu et que cette terre lui appartient[10]. Martin répond à cette tension en affirmant : « Dieu possède la terre, mais il en a accordé l'usage et la jouissance à Israël (Dt 6.10-11; cf. Ex 19.5; Lv 25.23; Jos 22.19). En d’autres termes, son don est assorti de conditions, car la vie dans la terre exige l’obéissance aux commandements de Dieu. Leur obéissance affecte cependant, non pas leur réception de la terre, mais leur occupation de celle-ci (Dt 4.1, 5, 14, 45 ; 5.31 ; 6.1-3 ; 12.1) »[11].

Dans les livres historiques

Le livre de Josué ouvre cette mission pour Israël de prendre possession de la terre. La responsabilité pour Israël d’obéir est répétée tout au long du livre. Waltke affirme : « La fidélité à l'alliance est la condition pour prendre la terre (Jos. 1-12), la posséder (Jos. 13-21; cf. Dt. 9.26; 18.1; Jos. 24.1-27; 2 Sm. 20.19; 21.3; Jr. 2.7 ; 16.18), et la conserver (Jos. 22-24) »[12].

La conquête de la terre promise est détaillée surtout dans les chapitres 6 à 12 de Josué[13]. Cette conquête est décrite comme étant achevée en Josué 11.23 : « Et Josué prit tout le pays, selon tout ce que l’Éternel avait dit à Moise ; et Josué le donna en héritage à Israël, selon leurs distributions, selon leurs tribus. Et le pays se reposa de la guerre ». Cependant, Josué 13.1 révèle que cette tâche n’avait pas été entièrement complétée : « Et Josué était vieux, avancé en âge, et l’Éternel lui dit : Tu es devenu vieux, tu avances en âge, et il reste un très grand pays à posséder ». Les versets 2 à 6 nomment tous ces districts restants à être posséder. La suite du livre décrit la façon dont la terre fut divisée et répartie parmi les douze tribus (Jos 13-21). Plusieurs versets au fil de ces descriptions nous démontrent que plusieurs villes des nations ne furent pas dépossédées (Jos 13.13 ; 15.63 ; 16.10 ; 17.8,12). Josué 21.41-45 affirme à nouveau la possession complète de la terre promise mais Juges 1.19-36 nomme au moins 20 villes ou régions qui ne furent pas dépossédées par Israël[14]. Ainsi donc, dès son arrivée en terre promise, Israël désobéit aux commandements de Dieu et ne remplit pas totalement son mandat. Ces nations resteront présentes tout au long de la vie d’Israël en terre promise et elles seront une menace, un piège ainsi qu’une occasion du chute (Jos 23.13 ; cf. Jg 2.20-23)[15].

Les livres historiques suivants (Juges à Samuel) rapportent régulièrement des conflits avec les nations avoisinantes. Nous y trouvons une série de conquêtes et de pertes de territoire. Israël n’arrive pas à posséder pleinement la terre tel qu’elle fut promise et décrite à Abraham (Gn 15.18 ; cf. Jos 1.4). Il faut attendre l’époque de Salomon pour que cette conquête complète soit réalisée (1 R 4.21-25)[16]. Par contre, la situation dégénère rapidement. Il s’agira du seul moment dans l’histoire où Israël possédera entièrement ou presque la terre promise.

Le royaume d’Israël se divise ensuite en deux royaumes à cause du péché de Salomon (1 R 11.13) : le royaume du Nord (les dix tribus) et du Sud (Juda et Benjamin). Le Royaume du Nord, du moment de sa création jusqu’à l’exil, ne possède aucune période de fidélité à Dieu. Il court inévitablement vers l’exil en tant que conséquence de la désobéissance à la loi mosaïque[17]. Amos et Osée sont les deux prophètes du Nord qui annoncent la conséquence de l’exil si le peuple ne revient pas à Dieu avec repentance. Le royaume du Sud possède quelques moments positifs où des rois marchent dans l’obéissance à la Loi (Ézéchias, Josias). Malgré ces exceptions, le peuple ne peut pas être décrit comme étant fidèle à la Loi et à l’alliance. Le peuple reçoit également les appels de prophètes à la repentance afin d’éviter l’exil (surtout Ésaïe, Michée et Jérémie) mais la fin est inévitable. Les deux royaumes d’Israël sont donc exilés de la terre promise : le royaume du Nord est exilé en Assyrie vers 721 av. J-C et le royaume du Sud est exilé à Babylone vers 586 av. J-C. Israël soupire dans une terre étrangère et pleure la perte de sa terre (cf. Ps 137 ; Lm). Il a été affirmé à juste titre : « Ainsi, la mémoire d’Israël est toujours dialectique: sans terre espérant avoir une terre / dans la terre mais sur le point de la perdre. Sans terre, Israël espère passionnément. Dans la terre, Israël possède de manière précaire »[18].

Le peuple d’Israël à ce stade-ci peut se poser la question : qu’en est-il des promesses d’une terre à perpétuité selon l’alliance avec Abraham? Dieu a-t-il abandonné son peuple ou demeurera-t-il fidèle à ses promesses? Qu’en est-il de la promesse de Dieu d’une descendance perpétuelle d’un roi sur le trône d’Israël selon l’alliance avec David (2 S 7.16) ?[19]

Soixante-dix and plus tard, conformément à la prophétie de Jérémie (Jr 29.10-14 ; cf. Dn 9.2), Dieu ramène Juda dans sa terre[20]. Cette période est décrite dans les livres d’Esdras et de Néhémie. Malgré cet important retour pour le peuple, cela n’est pas encore un accomplissement des promesses faites à Abraham et David. La terre n’est pas possédée dans les dimensions qui ont été promises à Abraham (seul Juda et Benjamin sont restaurés). La terre n’appartient pas à Israël car le peuple est toujours sous le contrôle de l’empire perse[21]. Le trône de David est vacant et le peuple n’est pas dans une situation de paix et de repos face à ses ennemis. L’attente de l’accomplissement des prophéties concernant la terre promise est donc toujours en cours.

Dans les livres prophétiques

Une partie de la littérature prophétique[22] se concentre à avertir le peuple d’Israël qui, toujours dans la terre promise, est appelé à se repentir pour éviter l’exil. Une autre partie parle d’un futur où Israël sera ramené dans sa terre, aura de tout en abondance et sera dans la paix par rapport à ses ennemis (par ex. Es 2.2-4 ; 60.1-22 ; 65.18-25 ; Ez 36.24-30 ; 37.21-28 ; Os 2.18-23 ; Jl 3.18-21 ; Am 9.13-15 ; etc.)[23]. Israël et Juda est vu comme étant réuni à nouveau comme un seul peuple (Es 11.12-13 ; Jr 3.18 ; 30.3 ; 31.31-34 ; 33.7,14 ; Os 1.11). En plus de décrire un retour physique dans la terre promise, des changements drastiques doivent s’opérer à la venue de ce temps eschatologique : une transformation du cœur du peuple s’opérera (Éz 11.16-20 ; Jr 31.31-34 ; cf. Dt 30.1-10), un roi régnera dans une justice absolue (Es 32.1 ; Dn 7.13-14), la terre promise sera purifiée et renouvelée (Ez 47.1-12)[24]. Une lecture attentive de tous ces passages démontre que ces prophéties n’ont pas été accomplies dans l’histoire d’Israël national[25].

Bien que décrivant des réalités de la terre d'Israël restaurée (par ex. Ez 40-48), les prophètes élargissent les dimensions du règne de Dieu pour inclure toute la terre[26] (Dn 2.34-35, 44-45 ; 7.13-14 ; cf. Ps 72.8-11, 17-19). Le règne du Messie est spécialement décrit comme s’étendant à toute la terre (Es 9.7 ; 11.6-10 ; 49.6 ; Za 9.10 ; Mi 5.2)[27]. Les nations sont également vues comme faisant partie de l’héritage de Dieu (Es 11.1-12 ; 19.19-25 ; 25 ; 42.6 ; 45.22 ; 49.6 ; 56.7 ; Jr. 16.19 ; Am 9.12 ; Za 8.20-23), voire même du peuple de Dieu (Za 2.11)[28]. De plus, Ésaie décrit ce règne eschatologique comme se produisant dans « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » (Es 65.17ss). La terre d'Israël est vue comme étant restauré sur une terre renouvelée. Ainsi, chez les prophètes, les limites de la terre promise à Israël semblent être élargies pour inclure toute la terre[29] (Es 27.6 ; 54.1-3)[30]. Les promesses semblent donc être plus grandes qu’un retour eschatologique d’Israël dans sa terre.

Dans le Nouveau Testament

De façon étonnante, le Nouveau Testament ne fait pas de référence explicite à la restauration de la terre promise telle qu’espérée par Israël. Plusieurs thèmes faisant partie des réalités de la terre promise sont mentionnés dans le Nouveau Testament (Jérusalem, Sion, le temple, les sacrifices, la royauté, le peuple de Dieu, etc.[31]), mais l’expression même de terre promise dans une optique eschatologique n’est pas mentionnée. Cette absence est significative compte tenu de l’attente d’un accomplissement littéral et imminent que ce sujet suscitait en Israël à l’époque du Nouveau Testament[32]. Tout de même, cela ne veut pas dire que le thème de la terre promise n’est pas important dans le Nouveau Testament. Il est plutôt traité différemment car ce thème est maintenant associé à la personne de Jésus-Christ.

Les chrétiens qui croient que le Nouveau Testament fait explicitement mention d’une terre physique promise à Israël adhèrent habituellement à une eschatologie prémillénariste, c’est-à-dire à une croyance que l’accomplissement des promesses d’une terre pour Israël se produira durant une période intermédiaire de mille ans appelée le millénium (Ap 20.4, 6, 7), entre le retour de Christ pour juger le monde et la création des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Le Nouveau Testament ne semble pas favoriser ce point de vue. Lorsque les auteurs du Nouveau Testament traitent de la question du retour futur de Jésus-Christ et de son règne éternel dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, aucun ne fait allusion à cette période intermédiaire (Mt 25.31-46 ; Jn 5.28-29 ; Rm 8.18-23 ; 1 Co 15.22-28 ; 15.50-57 ; 2 Th 1.5-10 ; 2 P 3.8-13).[33]. Dans chacun de ces passages, le retour de Jésus-Christ en jugement est immédiatement suivi par le règne éternel dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Également, la vérité de l’unité du peuple de Dieu (Rm 9.6-7 ; 11.17-24 ; Ep 2.11-22 ; Ga 3 ; 6.16 ; cf. Ac 15.14-18 ; Rm 9.25-26)[34] pose un sérieux problème au prémillénarisme qui défend l’idée qu’il y a deux peuples de Dieu : le peuple céleste (l’Église) et le peuple terrestre (Israël) avec lequel Dieu reprendra ses relations peu avant et durant le millénium[35]. Un retour aux rituels de la loi durant le millénium (Éz 40-48) est aussi en conflit avec le fait que Christ a accompli la loi par sa mort et sa résurrection (Ga 3.19 ; Ép 2.15 ; Col 2.14 ; Hb 7.18 ; 8.13 ; etc.). Il ne semble pas y avoir d'utilité à ce que la loi soit réinstaurée.

Je partage la conclusion de Beale qui résume comment cet accomplissement de la terre promise se produit dans le Nouveau Testament : « Mon argument […] est que les promesses de la terre seront accomplies sous une forme physique, mais que l'inauguration de cet accomplissement est principalement spirituelle jusqu'à ce qu'il y ait consommation finale dans un nouveau ciel et une nouvelle terre entièrement physiques »[36].

Plusieurs textes bibliques mènent à la conclusion que l’accomplissement des promesses d’une terre pour Israël sont inaugurées de façon spirituelle par la mort et la résurrection de Jésus-Christ et par sa mission et celle de l’Église d’apporter l’Évangile et le salut à Israël, ainsi qu’aux nations jusqu’au bout de la terre [37](Ac 1.8). Cependant, le Nouveau Testament affirme que ces promesses seront ultimement accomplies, non pas dans la terre de Canaan, mais dans de nouveaux cieux physiques et une nouvelle terre physique (Ap 21.1-22.5 ; És 65.17)[38]. Il s’agit donc d’un accomplissement déjà/pas encore des promesses de l’Ancien Testament.

Le Nouveau Testament atteste que Jésus incarne en lui-même les réalités de la terre promise[39]. Jésus a accompli une nouvelle création par sa mort et sa résurrection. Chaque croyant uni à lui par la foi est également une nouvelle création (2 Co 5.17). Jésus remplace le temple de Jérusalem (Jn 2.19-22) et chaque croyant est une pierre de ce temple (1 P 2.4-7). Il est la présence et la gloire de Dieu qui était promise de demeurer avec le peuple pour toujours (Jn 1.14 ; Mt 28.20 ; cf. Ez 43.5-7)[40]. Il inaugure ainsi le règne et le royaume de Dieu sur la terre. Il est celui qui s’est assis sur le trône de David par sa résurrection (Ac 2.29-36), non pas sur un trône physique mais sur un trône céleste. Il donne le repos à ceux qui viennent à lui (Hb 4). Cette inauguration en Jésus peut aussi être vue par sa mission et ses actes qui montrent qu’il est en réalité le nouvel Israël[41]. Il redéfinit ce que signifie être Israël. Isaac affirme : « Israël comprend maintenant des peuples de toutes les nations, et la base de l'inclusion dans le peuple de Dieu est la fidélité de Jésus. L'appartenance au peuple de Dieu dépend de la foi en Jésus – et non de l'obéissance à la loi. Naturellement, si Jésus est identifié à Israël, la terre d'Israël est maintenant la terre de Jésus. Puisque le peuple de Dieu s'est élargi, la terre promise doit également s'élargir pour rendre possible l'incorporation de peuples de toutes les nations. En Christ, la terre promise trouve son potentiel et s'universalise »[42].

La mission donnée aux apôtres au début du livre des Actes des Apôtres inaugure aussi le royaume de Dieu sur la terre et la restauration d’Israël : « vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout de la terre » (Ac 1.8). Les apôtres sont appelés à être les témoins de Jésus d’abord « à Jérusalem » par la puissance de l’Esprit. En étendant cette mission à « toute la Judée, dans la Samarie », l’unité qui était perdue entre Israël et Juda est recréée. Les prophéties du rétablissement de l’unité entre Israël et Juda sont donc inaugurées à la création de l’Église. La mission est ensuite portée « jusqu’au bout de la terre » pour atteindre toutes les nations[43]. Ainsi, la restauration de la terre d’Israël est universalisée par la proclamation de l’Évangile dans la puissance de l’Esprit par un reste fidèle d’Israël pour atteindre la terre entière. L’Église accomplit donc le mandat donné à Abraham et à Israël de témoigner de Dieu et d’être une lumière pour les nations[44].

Plusieurs versets du Nouveau Testament élargissent aussi à toute la terre entière les promesses d'une terre pour Israël[45]. Romains 4.13 atteste qu’Abraham n’était pas seulement héritier d’Israël mais du monde entier[46]. Hébreux 11.8-16 affirme que la terre espérée par les patriarches n’était pas la terre de Canaan mais la « Jérusalem céleste » (Hb 12.22 ; cf. Ga 4.26 ; Ap 3.12 ; 21.2) préparée pour eux par Dieu. La terre de Canaan espéré par les patriarches était donc, d’une manière plus grande, la nouvelle Jérusalem dans de nouveaux cieux et une nouvelle terre. Isaac résume cette universalisation de la terre promise en trois points : une expansion, une reproduction et une consommation : « Ces trois aspects de l'universalisation (expansion, reproduction, accomplissement) de la terre promise forment ensemble un tableau complet. La terre promise est universalisée à mesure qu'elle s'étend au-delà de Jérusalem vers de nouvelles terres. Cette expansion comprend un élément de décentralisation, qui ne nécessite plus que Jérusalem continue à jouer un rôle central dans l'histoire de la rédemption. Au contraire, de nouvelles réalités foncières sont créées dans de nouvelles terres, à mesure que le modèle d’Israël est reproduit dans de nouveaux endroits. Ce processus aboutit à un «nouveau ciel et une nouvelle terre» lorsque Dieu intervient dans le temps et l'espace - en apportant la rédemption complète à l'univers »[47].

La description ultime de ces nouveaux cieux et nouvelle terre se trouve en Apocalypse 21.1-22.5. Plusieurs versets permettent d’affirmer que la nouvelle terre est en quelque sorte un Éden restauré (Ap 22.1-5). Dieu habitera de façon permanente avec l’humanité rachetée (Ap 21.3), non dans un lieu géographique limité, mais sur toute la terre. Cette nouvelle terre est décrite dans des termes symboliques comme une cité en reprenant plusieurs éléments de la vision d’Ézéchiel du temple futur dans la terre promise (Ez 40-48). Cependant, dans l’Apocalypse, cette vision du temple d’Ézéchiel est réinterprétée à la lumière de Dieu et de l’Agneau : « Et je ne vis pas de temple en elle [la cité]; car le Seigneur, Dieu, le Tout-Puissant, et l’Agneau, en sont le temple » (Ap 21.22). Jésus-Christ ayant accompli tous les éléments de cette cité et de ce temple par sa mort et sa résurrection (lieu saint, autel, sacrifices, prêtrise, fêtes de l’Éternel, rétablissement d’Israël, etc.) nous ne pouvons pas nous attendre à un accomplissement littéral de tous les détails de la vision d’Ézéchiel[48]. Martin affirme : « Apocalypse 21-22 interprète davantage l'accomplissement encore futur d'Ézéchiel en comprimant le temple, la ville et la terre en une seule image de la fin des temps, et décrit l'accomplissement des promesses de l'alliance de Dieu »[49].

Les détails de la vision d’Ézéchiel sont donc appliqués dans l’Apocalypse à une cité symbolique dans une terre renouvelée.

Conclusion

Le thème de la terre promise est donc présent du début à la fin du canon biblique. Déjà dans les premiers chapitres de la Genèse, le jardin d’Éden peut être décrit comme un prototype de la terre promise. Il s’agissait d’un lieu sacré où les relations entre Dieu et l’humanité pouvaient s’exprimer. C’était une forme de pays et de royaume idéal qui était initialement prévu pour s’étendre à toute la terre. Toute l’histoire de l’Ancien Testament démontre cette tentative de revenir aux conditions idéales du jardin d’Éden où Dieu habitait avec l’humanité. Suite à la désobéissance d’Adam et Ève ainsi que de leurs descendants, Dieu choisit Abraham afin d’habiter à nouveau avec l’humanité et restaurer le royaume de Dieu qui a été perdu à Éden. Dieu promet à Abraham une terre perpétuelle et une descendance nombreuse qui inclura toutes les nations de la terre. Dieu fait ensuite alliance avec le peuple à Sinaï et garantit la possession par le peuple de la terre promise, mais l’occupation de cette terre est conditionnelle à l’obéissance à la loi. Sous la direction de Josué, la terre promise est conquise mais de façon imparfaite. De nombreux territoires ne sont pas possédés par Israël malgré les commandements de Dieu de posséder tout le territoire.

Les livres historiques suivants décrivent différents affronts avec les peuples restants dans les limites de la terre promise. Nous y trouvons une série de conquêtes et de pertes de territoire. Israël possédera pleinement la terre promise seulement à l’époque du roi Salomon pour une courte période. Suite à la division du royaume entre les tribus du Nord et du Sud, la désobéissance à Dieu et à la loi augmentent et mènent les deux royaumes en exil à l’extérieur de la terre promise. Soixante-dix ans plus tard, en accord avec ses promesses, Dieu ramène Juda dans la terre promise.

Ce n’est toutefois pas encore le retour eschatologie prédit par les prophètes préexiliques et postexiliques. Les prophètes entrevoient une période où les douze tribus réunies vivront dans la paix et le repos de leurs ennemis. Cependant, ces promesses semblent être plus grandes qu’un retour eschatologique d’Israël dans sa terre. Un roi davidique est décrit comme régnant sur toute la terre et les nations sont décrites comme faisant partie du peuple de Dieu. Plusieurs éléments permettent d’affirmer que les limites de la terre promise à Israël sont élargies pour inclure toute la terre et toutes les nations.

Dans le Nouveau Testament, l’accomplissement des promesses d’une terre pour Israël est inauguré de façon spirituelle par la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Le Nouveau Testament atteste que Jésus incarne en lui-même les réalités de la terre promise. Cette inauguration peut aussi être vue par la mission de Jésus-Christ et de l’Église d’apporter l’Évangile et le salut à Israël ainsi qu’aux nations jusqu’au bout de la terre. Le royaume de Dieu et la restauration d’Israël sont ainsi inaugurés à la première venue de Jésus-Christ et lors de la création de l’Église. De plus, plusieurs versets du Nouveau Testament élargissent à toute la terre le territoire promis à Israël. Le Nouveau Testament affirme également que ces promesses seront accomplies dans une réalité physique, non pas dans la terre de Canaan, mais dans de nouveaux cieux et une nouvelle terre où le péché et la mort n’existeront plus. Ainsi, ce qui a été promis à Israël dans l’Ancien Testament reçoit un accomplissement encore plus grand et plus vaste dans le Nouveau Testament, car cela est maintenant lié à la personne de Jésus-Christ et à l’aspect universel de son œuvre de rédemption.

Carl OUIMET

Notes et références

  1. Certains utilisent plutôt l'expression « pays promis ». L'expression « terre promise » a été préférée dans cet article.
  2. Il est peut-être exagéré pour Brueggemann de dire que la terre promise « is a central, if not the central theme of biblical faith … I suggest that land might be a way of organizing biblical theology » Walter BRUEGGEMANN, The Land : Overtures to Biblical Theology, Philadelphia, Fortress Press, 1977, p.3. Bien que son insistance sur l’importance de la terre promise soit utile, il ne semble pas nécessaire de mettre ce thème à la première place de cette organisation de la théologie biblique. Plusieurs thèmes présentent une continuité dans le récit biblique (ex : alliance, création, expiation, rédemption, temple, royauté, royaume, peuple de Dieu etc..). Ce sont tous ces thèmes majeurs unis ensemble qui contribuent à construire une théologie biblique organisée.
  3. Voir par exemple les ouvrages importants de Munther B. I. ISAAC, From Land to Lands, from Eden to the Renewed earth: a Christ-centred Biblical Theology of the Promised Land, Thèse de doctorat, Middlesex University, 2014, 413 pp. ; Oren R. MARTIN, Bound for the Kingdom : The Land Promise in God’s Redemptive Plan, Thèse de doctorat, The Southern Baptist Theological Seminary, 2013, 336 pp. ; G. K. BEALE, A New Testament Biblical Theology : The Unfolding of the Old Testament in the New, chap. 19, Grand Rapids, Baker Academic, 2011, p. 614-650.
  4. Les exemples ci-dessous sont résumés dans Munther B. ISAAC, From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth, p. 150-151. Voir ces mêmes pages pour un résumé des parallèles entre Adam et Israël.
  5. Ibid., p. 156-159 ; G. K. BEALE, A New Testament Biblical Theology, p. 631.
  6. Voir l’argumentation dans Ibid., p. 617-622, et de façon plus approfondie dans G. K. BEALE, The Temple and the Church’s Mission : A Biblical Theology of the Dwelling Place of God, New Studies in Biblical Theology, Downers Grove, InterVarsity, 2004, 458 pp.
  7. À propos de la tâche de se multiplier et de remplir toute la terre en Genèse 1.28, Walton affirme : « if people were to fill the earth, we must conclude that they were not intended to stay in the garden in a static situation. Yet moving out of the garden would appear a hardship since the land outside the garden was not as hospitable as that inside the garden (otherwise the garden would not be distinguishable). Perhaps, then, we should surmise that people were gradually supposed to extend the garden as they went about subduing and ruling. Extending the garden would extend the food supply as well as extend sacred space (since that is what the garden represent) » John WALTON, Genesis, NIVAC, Grand Rapids, Zondervan, 2001, p. 186 cité dans G. K. BEALE, A New Testament Biblical Theology, p. 621-622. Voir également Beale pour une liste de 26 versets de l’Ancien Testament qui démontrent comment le royaume était prévu par Dieu pour s’étendre et dominer jusqu’aux extrémités de la terre. Ibid., p. 48-51.
  8. Oren R. MARTIN, Bound for the Kingdom, p. 125-126.
  9. Notre trad. Christopher WRIGHT « A Christian Approach To Old Testament Prophecy Concerning Israel », Jerusalem Past and Present in the Purposes of God, P. W. L. Walker, sous dir., Cambridge, Tyndale House, 1992, p. 1 : « The election of Israel and the promise of land are thus to be set in the context of God's ultimate purpose for the salvation of humanity and the recreation of all the earth; they were not ends in themselves, but means to a greater end. God's commitment to Israel therefore needs to be seen as derivative from his commitment to humanity, not prior to it or separable from it. Election indeed involves use of particular means, but for a universal goal »
  10. Voir la liste de versets dans J. G. MILLAR , « Land », New Dictionary of Biblical Theology : Exploring the unity & diversity of Scriptures, T. Desmond Alexander et al. sous dir., Downers Grove, InterVarsity, 2000, p. 623.
  11. Notre trad. Oren R. MARTIN, Bound for the Kingdom, p. 159 : « God possesses the land, but he has granted the use and enjoyment of it to Israel (Deut 6.10-11 ; cf. Exod 19.5 ; Lev 25.23 ; Josh 22.19). In other words, his gift comes with conditions, for life in the land requires obedience to God’s commands. Their obedience, however, affects their occupation of the land, not their reception of it (Deut 4.1, 5, 14, 45 ; 5.31 ; 6.1-3 ; 12.1) ».
  12. . Notre trad. Bruce K. WALTKE, An Old Testament Theology : an Exegetical, Canonical and Thematic Approach, Grand Rapids, Zondervan, 2007, p. 544 : « Covenant fidelity is the condition for taking the Land (Josh. 1-12), possessing it (Josh. 13-21; cf. Deut. 9.26 ; 18.1 ; Josh. 24.1-27 ; 2 Sam. 20.19 ; 21.3 ; Jer. 2.7 ; 16.18), and retaining it (Josh. 22-24) ».
  13. Il est difficile de savoir la portée réelle de l’extermination des nations et si cela était le but ultime. Deutéronome 20:10-18 mentionne que le peuple devait d’abord faire une proposition de paix à la ville attaquée et la rendre tributaire en cas d’acceptation de paix. Plusieurs versets semblent également mentionner qu’une fois le peuple entré dans la terre promise, Dieu chassera et expulsera les nations (Ex 23.27-31 ; 33.2 ; Lv 18.24-2 ; Nb 33.51-56 ; Dt 7.1,17-23 ; 9.4 ; 11.23 ; 18.12-14 ; 19.1). Il semble que ce sont les habitants des villes résistantes à la paix ou à l’expulsion qui devaient être exterminés. Plusieurs auteurs ont critiqué l’idée que la conquête de la terre promise était un génocide ethnique et cruel. Voir par exemple Paul COPAN, Matthew FLANNAGAN, Did God Really Command Genocide ? Coming to terms with the justice of God, Grand Rapids, Baker Books, 2014, 351 pp. ; Ronald BERGEY, « La conquête de Canaan : un génocide? », La Revue Réformée, sommaire no. 225, vol. 5, novembre 2003, https://larevuereformee.net/articlerr/n225/la-conquete-de-canaan-un-genocide.
  14. À propos de cette tension entre une terre pleinement conquise mais pas pleinement possédée, Woudstra affirme : « The book of Joshua views the conquest of Canaan as both complete and incomplete. In 23.4-5 these two lines run side by side, an indication that the author means them to be equally valid, although the emphasis on the completeness of the conquest is predominant ». Marten H. WOUDSTRA, The Book of Joshua, NICOT, Grand Rapids, Eerdmans, 1981, p. 314.
  15. Il est à noter qu’une annonce d’exil de la terre promise en cas de désobéissance à la loi mosaïque est présente dans ce même chapitre de Josué (23.12-13,16).
  16. Martin cite Dumbrell qui affirme que la terre promise est pleinement possédée à deux petites exceptions près : Tyr et Sidon (1 R 5). Oren R. MARTIN, Bound for the Kingdom, p. 173.
  17. Il est à noter qu’un retour du peuple dans la terre promise après l’exil n’est pas en vue dans l’alliance mosaïque. Lévitique 26 affirme qu’un retour est possible sur la base de l’alliance abrahamique (v.42 ; cf. Dt 30.5).
  18. Notre trad. Bruce C. BIRCH et al., A Theological Introduction to the Old Testament, Nashville, Abingdon Press, 1999, p. 178-179 : « Thus, Israel’s memory is always dialectical : landless hoping for land / in the land but about to lose it. Without land, Israel hopes passionately. With land, Israel possesses precariously ».
  19. Les prophètes font à nouveau référence aux alliances avec Abraham (És 51.1-3 ; 41.8-16 ; Mi 7.18-20) et David (És 9.6-7 ; 55.3 ; Éz 34.23-24 ; 37.24-25 ; Am 9.11). Ils affirment bel et bien que ces alliances n’ont pas été interrompues et qu’elles s’accompliront dans un futur eschatologique.
  20. Kaiser cite Elmers A. Martens qui répertorie 25 versets en Jérémie et Ezéchiel annonçant explicitement un retour dans la terre promise après l’exil. Walter C. KAISER JR,, « The Promised Land : A Biblical-Historical View », Bibliotheca Sacra, vol. 138, 1981, p. 308-309.
  21. En Néhémie 9.36-37, Néhémie affirme que les Israélites sont esclaves dans leur propre terre.
  22. La littérature sapientielle (Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiate, Cantique des Cantiques) ne fait pas l’objet de cette étude. Il est vrai que ces livres ont peu de choses à dire à propos de la terre promise. Cependant, le livre des Psaumes parle à plusieurs reprises de la terre promise dans des termes futuristes. Plusieurs expressions se rapprochent de ce qui est annoncé par les prophètes (Ps. 37 ; 72.16). De plus, le règne de Dieu est décrit fréquemment comme s’étendant jusqu’au bout de la terre et sur les nations (Ps. 2.8 ; 22.27-28 ; 46.10 ; 47.8-9 ; 59.13 ; 67.1-7 ; 72.8,11,17 ; 82.8 ; 86.9 ; 87 ; 98.2-4 ; 102.13-22).
  23. Le caractère très terrestre de ces descriptions a amené beaucoup de juifs de l’époque à attendre un accomplissement littéral de ces prophéties. Bien que les écrits apocryphes, pseudographiques, rabbiniques, ainsi que les manuscrits de la mer Morte démontrent majoritairement une croyance en un accomplissement littéral et futur de ces prophéties, il y avait tout de même une diversité d’idées et d’attentes sur le sujet. Il ne semble pas qu’il y avait une seule doctrine ferme et dogmatique. Voir Bruce K. WALTKE, An Old Testament Theology, p. 553-557 ; W. D. DAVIES, The Gospel and the Land : Early Christianity and Jewish Territorial Doctrine, Berkeley, University of California Press, 1974, p. 90-158 ; L. H. SCHIFFMAN, « Israel, Land of », Dictionary of New Testament Background, Craig A. Evans, Stanley E. Porter, sous dir., Downers Grove, InterVarsity, 2000, p. 554-558.
  24. Munther B. ISAAC, From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth, p. 148.
  25. Le retour d’exil n’a pas pu être un accomplissement de ces prophéties car deux prophètes postexiliques, Zacharie et Malachie, ont prophétisé sur un règne eschatologique futur (Za 9.9-11 ; 10.4-12 ; 14.8-11 ; Ml 3.1-3 ; 4.1-6). Ils ne croyaient donc pas que le retour d’exil était un accomplissement des prophéties. Les prophètes Agée et Malachie expriment clairement que le peuple retourné d’exil est rapidement retombé dans la désobéissance à Dieu. Ils ne démontraient pas de signe de transformation intérieure.
  26. Millar fait une observation intéressante sur le lien entre l’exil et l’universalisation du règne de Dieu: « It was only when the land was lost that the idea of a new covenant, transcending geographical boundaries, was developed in detail (Jer 30-31 ; 32.36-44 ; Ezek 36-37) […] the removal of the land from the heart of their [Israel] relationship with God was a preparation for the broadening of his purposes in the world to embrace the Gentiles in a way that Israel had never envisaged » J. G. MILLAR, Land, p. 625-626.
  27. Munther B. ISAAC, From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth, p. 144-146.
  28. Christopher WRIGHT, A Christian Approach To Old Testament Prophecy Concerning Israel, p. 2.
  29. Cette section nous ramène au premier chapitre où la mission d’Adam de se multiplier et de remplir toute la terre annonçait déjà un élargissement et une universalisation du règne de Dieu (Gn 1.28).
  30. G. K. BEALE, A New Testament Biblical Theology, p. 751-755.
  31. Waltke affirme que puisque la terre promise n’est pas mentionné explicitement dans le Nouveau Testament, il faut travailler avec ces autres thèmes afin de mieux comprendre la place de la terre promise dans le Nouveau Testament. Bruce K. WALTKE, An Old Testament Theology, p. 559.
  32. Les apôtres ont posé directement la question à Jésus en Actes 1:6 : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël? » La réponse énigmatique de Jésus laisse planer un doute sur la façon dont ce rétablissement aura lieu. Tout de même, Jésus mentionne clairement la mission de l’Église de témoigner de l’Évangile dans tout Israël et jusqu’au bout de la terre (v.8). Il semble donc y avoir une connexion entre le rétablissement du royaume et la mission de l’Église.
  33. Voir une exposition de tous ces passages dans Sam STORMS, Kingdom Come : The Amillennial Alternative, Fearn, Christian Focus, 2012, p. 144-165.
  34. Ibid., p. 178-207.
  35. Plusieurs prémillénaristes font appel à Romains 11.25-26 pour défendre qu’un Israël national existera à nouveau dans le millénium. Pour une réfutation détaillée, voir ibid., p. 303-334.
  36. Notre trad. G. K. BEALE, A New Testament Biblical Theology, p. 751 : « My contention […] is that the Land promises will be fulfilled in a physical form, but that the inauguration of this fulfillment is mainly spiritual until the final consummation in a fully physical new heaven and earth ».
  37. Isaac apporte une mise à garde utile à l’interprétation de Beale qui parle de cette inauguration en utilisant les termes « invisible » et « spirituel ». Isaac affirme qu’il ne faut pas faire une dichotomie entre l’inauguration spirituelle et l’accomplissement physique, comme si l’inauguration n’avait rien de physique et que la mission de l’Église dans ce monde était seulement spirituelle. Voir Munther B. ISAAC, From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth, p. 359-360. Beale reconnait l’existence d’éléments physiques dans l’inauguration mais insiste davantage sur un accomplissement spirituel. Voir G. K. BEALE, A New Testament Biblical Theology, p. 770-772.
  38. Isaac affirme que les nouveaux cieux et la nouvelle terre ne seront pas déplacés dans un autre endroit dans l’univers mais seront sur cette terre-ci : « The NT shares the hope of the OT of a new heaven and a new earth. It is a hope of universal restoration. This means that the ultimate hope of the people of God is not to go to “heaven”. Rather, chapters 21-22 of Revelation clearly show that the ultimate hope is an actual place on earth. The city comes down from heaven to earth. The new garden is a heavenly one that is located on this earth. The transformation of this earth is only possible when the heavenly realities touch and embrace it. In other words, the earth will be surely renewed, but it will still be “earthly” ». Munther B. ISAAC, From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth, p. 344.
  39. Cette section est tirée de Oren R. MARTIN, Bound for the Kingdom, p. 220, 276, 287-288.
  40. Bruce K. WALTKE, An Old Testament Theology, p. 576.
  41. Voir G. K. BEALE, A New Testament Biblical Theology, p. 406-422 pour une exposition détaillée de la façon dont Jésus est le nouvel Israël. Wright, comme Beale, affirme que Jésus a compris sa propre mission comme étant l’accomplissement de la restauration d’Israël. Il donne huit raisons en faveur de cette compréhension de la part de Jésus : sa soumission au baptême de Jean, l’utilisation des Écriture en relation avec lui-même, son choix de douze disciples, sa compréhension du Temple, son entrée triomphale à Jérusalem, la nouvelle alliance accomplie par sa mort, sa compréhension de la résurrection et la mission qu’il a donné aux disciples d’être ses témoins. Voir Christopher WRIGHT « A Christian Approach To Old Testament Prophecy Concerning Israel », p. 9-12.
  42. Notre trad. Munther B. ISAAC, From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth, p. 355 : « Israel now includes peoples from all the nations, and the basis of inclusion in the people of God is the faithfulness of Jesus. Membership in the people of God is dependent upon faith in Jesus – and not upon obedience to the law. Naturally, if Jesus is identified with Israel, then the land of Israel is now the land of Jesus. Since the people of God expanded, the land also must expand to make possible the incorporation of peoples from all the nations. In Christ, the land finds its potential, and is universalized ».
  43. Cette progression de la mission peut être vue au sein même du livre des Actes : Jérusalem (Ac 1-7), Judée et Samarie (Ac 8-12) et jusqu’au bout de la terre (Ac 13-28).
  44. Ibid., p. 263-264.
  45. Ces exemples sont décrits dans G. K. BEALE, A New Testament Biblical Theology, p. 756-760 et Sam STORMS, Kingdom Come, p. 208-212.
  46. Certains critiques de ce point de vue affirment que ce verset ne parle pas d’étendre les promesses de la terre d'Israël mais plutôt d’hériter un peuple qui est d’entre toutes les nations du monde. Voir Nelson S. HSICH, « Abraham as ‘Heir of the World’ : Does Romans 4.13 Expand the Old Testament Abrahamic Land Promises? », The Master Seminary Journal, vol. 26, no. 1, Spring 2015, p. 95–110.
  47. Notre trad. Munther B. ISAAC, From Land to Lands, from Eden to the Renewed Earth, p. 362-365 : « These three aspects of the universalization (expansion, reproduction, consummation) of the land together make a complete picture. The land is universalized as it expands beyond Jerusalem into new lands. This expansion includes an element of decentralization, which no longer necessitates that Jerusalem continues to play a central role in redemptive history. Rather, new land realities are created in new lands, as Israel’s model is replicated in new places. This process culminates in a “new heavens and a new earth” when God intervenes in time and space – by bringing complete redemption to the universe ».
  48. Certains ont même démontré qu’Ézéchiel ne cherchait pas à décrire un temple localisé en Israël à la fin des temps mais plutôt un temple céleste. Voir par exemple G. K. BEALE, The Temple and the Church’s Mission, p. 335-364.
  49. Notre trad. Oren R. MARTIN, Bound for the Kingdom, p. 212 : « Revelation 21-22 further interprets the yet-future fulfillment of Ezekiel by collapsing temple, city, and land into one end-time picture, and describes the fulfillment of God’s covenant promises ».

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