Vérité : Différence entre versions
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Si le relativisme était vrai, alors le monde serait plein de réalités contradictoires. Car si quelque chose est vrai pour moi mais faux pour vous, alors des réalités opposées existent. En effet, si je dis « il y a du lait dans le réfrigérateur » et que vous dites « il n'y a pas de lait dans le réfrigérateur » - et que nous avons tous deux raison, alors il doit y avoir et ne pas y avoir de lait dans le réfrigérateur au même moment et dans le même sens. Mais c'est impossible. Donc, si la vérité était relative, alors une impossibilité serait possible. | Si le relativisme était vrai, alors le monde serait plein de réalités contradictoires. Car si quelque chose est vrai pour moi mais faux pour vous, alors des réalités opposées existent. En effet, si je dis « il y a du lait dans le réfrigérateur » et que vous dites « il n'y a pas de lait dans le réfrigérateur » - et que nous avons tous deux raison, alors il doit y avoir et ne pas y avoir de lait dans le réfrigérateur au même moment et dans le même sens. Mais c'est impossible. Donc, si la vérité était relative, alors une impossibilité serait possible. | ||
− | Dans le domaine religieux, cela signifierait que Billy Graham dit la vérité lorsqu'il affirme que « Dieu existe », et que Madalyn Murray O'Hare a également raison lorsqu'elle affirme que « Dieu n'existe pas ». Mais ces affirmations ne peuvent pas être toutes les deux vraies. Si l'une est vraie, alors l'autre est fausse. Et puisqu'elles épuisent les seules possibilités, l'une d'entre elles doit être vraie. | + | Dans le domaine religieux, cela signifierait que Billy Graham dit la vérité lorsqu'il affirme que « Dieu existe », et que Madalyn Murray O'Hare a également raison lorsqu'elle affirme que « Dieu n'existe pas ». Mais ces affirmations ne peuvent pas être toutes les deux vraies. Si l'une est vraie, alors l'autre est fausse. Et puisqu'elles épuisent les seules possibilités, l'une d'entre elles doit être vraie. |
=== Pas de torts, pas de droits === | === Pas de torts, pas de droits === | ||
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=== Pas de connaissance absolue === | === Pas de connaissance absolue === | ||
− | On objecte que la vérité ne peut être absolue puisque nous n'avons pas une connaissance absolue des vérités. La plupart des absolutistes admettent que la plupart des choses ne sont connues qu'en termes de degrés de probabilité. Comment, alors, toute vérité peut-elle être absolue ? Nous pouvons être absolument sûrs de certaines choses. Je suis absolument sûr que j'existe. En fait, mon existence est indéniable. Car il faudrait que j'existe pour que l'on puisse affirmer : | + | On objecte que la vérité ne peut être absolue puisque nous n'avons pas une connaissance absolue des vérités. La plupart des absolutistes admettent que la plupart des choses ne sont connues qu'en termes de degrés de probabilité. Comment, alors, toute vérité peut-elle être absolue ? Nous pouvons être absolument sûrs de certaines choses. Je suis absolument sûr que j'existe. En fait, mon existence est indéniable. Car il faudrait que j'existe pour que l'on puisse affirmer : « Je n'existe pas ». Je suis aussi absolument sûr que je ne peux pas exister et ne pas exister en même temps, qu'il n'y a pas de cercles carrés et que 3+2=5. |
− | Il y a beaucoup d'autres choses dont je ne suis pas absolument certain. Mais même ici, le relativiste fait fausse route en rejetant la vérité absolue simplement parce que nous n'avons pas de preuve absolue que certaines choses sont vraies. La vérité peut être absolue, quelles que soient les raisons pour lesquelles nous la croyons. Par exemple, s'il est vrai que Sidney, en Australie, se trouve sur l'océan Pacifique, alors c'est absolument vrai, quelles que soient mes preuves ou mon manque de preuves. Une vérité absolue est absolument vraie en soi, | + | Il y a beaucoup d'autres choses dont je ne suis pas absolument certain. Mais même ici, le relativiste fait fausse route en rejetant la vérité absolue simplement parce que nous n'avons pas de preuve absolue que certaines choses sont vraies. La vérité peut être absolue, quelles que soient les raisons pour lesquelles nous la croyons. Par exemple, s'il est vrai que Sidney, en Australie, se trouve sur l'océan Pacifique, alors c'est absolument vrai, quelles que soient mes preuves ou mon manque de preuves. Une vérité absolue est absolument vraie en soi, indépendamment des preuves. Les preuves, ou leur absence, ne changent pas un fait. La vérité est ce qui correspond aux faits. La vérité ne change pas simplement parce que nous apprenons quelque chose de plus à son sujet. |
=== Des vérités intermédiaires === | === Des vérités intermédiaires === | ||
− | Une autre objection est que de nombreuses choses sont comparatives - comme les tailles telles que plus petit et plus grand. En tant que telles, elles ne peuvent être des vérités absolues car elles changent en fonction de l'objet auquel elles se rapportent. Par exemple, certaines personnes sont bonnes par rapport à Hitler mais mauvaises par rapport à Mère Teresa. Contrairement à ce que prétendent les relativistes, les vérités intermédiaires ne prouvent pas l'absolutisme. Car les faits | + | Une autre objection est que de nombreuses choses sont comparatives - comme les tailles telles que plus petit et plus grand. En tant que telles, elles ne peuvent être des vérités absolues, car elles changent en fonction de l'objet auquel elles se rapportent. Par exemple, certaines personnes sont bonnes par rapport à Hitler mais mauvaises par rapport à Mère Teresa. Contrairement à ce que prétendent les relativistes, les vérités intermédiaires ne prouvent pas l'absolutisme. Car les faits « Jean est petit par rapport à un joueur de la NBA » et « Jean est grand par rapport à un jockey » sont absolument vrais pour tous les temps et toutes les personnes. Jean est de taille moyenne, et le fait qu'il soit plus petit ou plus grand dépend de la personne à laquelle il est comparé. Néanmoins, il est absolument vrai que Jean (qui mesure 1,80 m) est petit par rapport à la plupart des joueurs de basketball et grand par rapport à la majorité des jockeys. La même chose est vraie pour d'autres choses intermédiaires, telles que plus chaud ou plus froid, et meilleur ou pire. |
'''Pas de nouvelle vérité''' | '''Pas de nouvelle vérité''' | ||
− | Si la vérité ne change jamais, alors il ne peut y avoir de vérité nouvelle. Cela signifierait qu'aucun progrès n'est possible. La réalité est que nous parvenons à connaître de nouvelles vérités. C'est l'essence même de la découverte scientifique. En réponse à cela, la | + | Si la vérité ne change jamais, alors il ne peut y avoir de vérité nouvelle. Cela signifierait qu'aucun progrès n'est possible. La réalité est que nous parvenons à connaître de nouvelles vérités. C'est l'essence même de la découverte scientifique. En réponse à cela, la « nouvelle vérité » peut être comprise de deux façons. Elle peut signifier« nouvelle pour nous », comme une nouvelle découverte scientifique, mais il ne s'agit là que de la découverte d'une « ancienne » vérité. Après tout, la loi de la gravité existait bien avant Isaac Newton. De nombreuses vérités ont toujours existé, mais nous ne faisons que les découvrir. L'autre façon de comprendre une « nouvelle » vérité est de dire que quelque chose de nouveau est apparu et qu'il est possible de faire une nouvelle déclaration à son sujet qui est alors vraie pour la première fois. Ce n'est pas non plus un problème. Lorsque le 1er janvier 2050 arrivera, une nouvelle vérité verra le jour. Jusqu'à ce jour, il ne sera pas vrai de dire :« Nous sommes le 1er janvier 2050. » Mais lorsque cela arrivera, ce sera vrai pour toutes les personnes et tous les lieux pour toujours. Ainsi, les « anciennes » vérités ne changent pas et les « nouvelles » vérités non plus lorsqu'elles se réalisent. Une fois que c’est vrai, c’est toujours vrai - pour tout le monde. |
=== Vérité et croissance de la connaissance === | === Vérité et croissance de la connaissance === | ||
− | On objecte également que la connaissance de la vérité n'est pas absolue, puisque nous grandissons dans la vérité. Ce qui est vrai aujourd'hui peut être faux demain. Le progrès de la science est la preuve que la vérité change constamment. | + | On objecte également que la connaissance de la vérité n'est pas absolue, puisque nous grandissons dans la vérité. Ce qui est vrai aujourd'hui peut être faux demain. Le progrès de la science est la preuve que la vérité change constamment. Cette objection ne tient pas compte du fait que ce n'est pas la vérité qui change mais notre compréhension de celle-ci. Lorsque la science progresse, elle ne passe pas d'une vérité ancienne à une vérité nouvelle, mais de l'erreur à la vérité. Lorsque Copernic a soutenu que la terre se déplace autour du soleil et non l'inverse, la vérité n'a pas changé. Ce qui a changé, c'est la compréhension scientifique du phénomène. |
=== Les absolus exclusifs === | === Les absolus exclusifs === | ||
− | Il est évident que la vérité est exclusive. Il n'y a qu'une seule réponse à ce que sont 4+4. Ce n'est pas 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10 ou tout autre nombre. C'est 8 et seulement 8. C'est exclusif, mais c'est exact. | + | Il est évident que la vérité est exclusive. Il n'y a qu'une seule réponse à ce que sont 4 + 4. Ce n'est pas 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10 ou tout autre nombre. C'est 8 et seulement 8. C'est exclusif, mais c'est exact. |
− | Les non-chrétiens prétendent souvent que les chrétiens sont étroits d'esprit car ils affirment que le christianisme est vrai et que tous les systèmes non-chrétiens sont faux. Cependant, il en va de même pour les non-chrétiens qui affirment que ce qu'ils considèrent comme une vérité est vrai et que toutes les croyances opposées sont fausses. C’est tout aussi étroit d'esprit. Le fait est que si C (le christianisme) est vrai, il s'ensuit que tout ce qui n'est pas C est faux. De même, si H (disons l'humanisme) est vrai, alors tout ce qui n'est pas H est faux. Les deux points de vue sont également exclusifs. C'est ainsi qu'est la vérité. Chaque affirmation de vérité exclut les affirmations de vérité contradictoires. Le christianisme n'est pas plus exclusif que n'importe quel autre ensemble de croyances, qu'il s'agisse d'athéisme, d'agnosticisme, de scepticisme ou de panthéisme | + | Les non-chrétiens prétendent souvent que les chrétiens sont étroits d'esprit car ils affirment que le christianisme est vrai et que tous les systèmes non-chrétiens sont faux. Cependant, il en va de même pour les non-chrétiens qui affirment que ce qu'ils considèrent comme une vérité est vrai et que toutes les croyances opposées sont fausses. C’est tout aussi étroit d'esprit. Le fait est que si C (le christianisme) est vrai, il s'ensuit que tout ce qui n'est pas C est faux. De même, si H (disons l'humanisme) est vrai, alors tout ce qui n'est pas H est faux. Les deux points de vue sont également exclusifs. C'est ainsi qu'est la vérité. Chaque affirmation de vérité exclut les affirmations de vérité contradictoires. Le christianisme n'est pas plus exclusif que n'importe quel autre ensemble de croyances, qu'il s'agisse d'athéisme, d'agnosticisme, de scepticisme ou de panthéisme. |
=== Les absolus dogmatiques === | === Les absolus dogmatiques === | ||
− | L'affirmation selon laquelle ceux qui croient en une vérité absolue sont dogmatiques passe à côté de l'essentiel. Si toute vérité est absolue, c'est-à-dire vraie pour toutes les personnes, en tout temps et en tous lieux, prétendre que quelque chose est vrai est alors | + | L'affirmation selon laquelle ceux qui croient en une vérité absolue sont dogmatiques passe à côté de l'essentiel. Si toute vérité est absolue, c'est-à-dire vraie pour toutes les personnes, en tout temps et en tous lieux, prétendre que quelque chose est vrai est alors « dogmatique ». Même le relativiste qui prétend que le relativisme est vrai est dogmatique. Cette personne prétend gagner la seule vérité absolue qui puisse être énoncée, à savoir que tout le reste est relatif. |
− | Cette accusation de dogmatisme passe à côté de quelque chose d'important. Il y a une grande différence entre l'accusation péjorative selon laquelle la croyance en une vérité absolue est dogmatique et la manière dont une personne peut adhérer à cette croyance. Il ne fait aucun doute que la manière dont de nombreux absolutistes ont maintenu et transmis leurs croyances n'a pas été très humble. Cependant, aucun agnostique ne considérerait comme un argument éloquent contre l'agnosticisme le fait que certains agnostiques communiquent leurs croyances d'une manière dogmatique | + | Cette accusation de dogmatisme passe à côté de quelque chose d'important. Il y a une grande différence entre l'accusation péjorative selon laquelle la croyance en une vérité absolue est dogmatique et la manière dont une personne peut adhérer à cette croyance. Il ne fait aucun doute que la manière dont de nombreux absolutistes ont maintenu et transmis leurs croyances n'a pas été très humble. Cependant, aucun agnostique ne considérerait comme un argument éloquent contre l'agnosticisme le fait que certains agnostiques communiquent leurs croyances d'une manière dogmatique. |
− | Néanmoins, il y a une distinction importante à garder à l'esprit : la vérité est absolue mais la façon dont nous la saisissons ne l'est pas. Ce n'est pas parce qu'il existe une vérité absolue que notre compréhension de celle-ci est absolue. Ce fait en soi devrait inciter les absolutistes à tempérer leurs convictions avec humilité. Car si la vérité est absolue, notre compréhension de la vérité absolue ne l'est pas. En tant que créatures finies, nous évoluons dans notre compréhension de la vérité. | + | Néanmoins, il y a une distinction importante à garder à l'esprit : la vérité est absolue, mais la façon dont nous la saisissons ne l'est pas. Ce n'est pas parce qu'il existe une vérité absolue que notre compréhension de celle-ci est absolue. Ce fait en soi devrait inciter les absolutistes à tempérer leurs convictions avec humilité. Car si la vérité est absolue, notre compréhension de la vérité absolue ne l'est pas. En tant que créatures finies, nous évoluons dans notre compréhension de la vérité. |
== Synthèse == | == Synthèse == | ||
− | La vérité peut être testée de nombreuses façons mais elle ne doit être comprise que d'une seule façon. Il existe une seule réalité à laquelle les affirmations ou les idées doivent se conformer afin d'être considérées comme vraies. Il peut y avoir de nombreuses façons de défendre différentes affirmations de vérité, mais il n'y a vraiment qu'une seule façon de définir la vérité, à savoir la correspondance. La confusion entre la nature de la vérité et la vérification de la vérité est au cœur du rejet de la théorie vérité-correspondance. | + | La vérité peut être testée de nombreuses façons, mais elle ne doit être comprise que d'une seule façon. Il existe une seule réalité à laquelle les affirmations ou les idées doivent se conformer afin d'être considérées comme vraies. Il peut y avoir de nombreuses façons de défendre différentes affirmations de vérité, mais il n'y a vraiment qu'une seule façon de définir la vérité, à savoir la correspondance. La confusion entre la nature de la vérité et la vérification de la vérité est au cœur du rejet de la théorie vérité-correspondance. |
− | De même, il existe une différence entre ce qu'est la vérité et ce qu'elle fait. La vérité est une correspondance mais la vérité a certaines conséquences. La vérité elle-même ne doit pas être confondue avec ses résultats ou avec son application. Ne pas faire cette distinction conduit à des conceptions erronées de la nature de la vérité. La vérité est ce qui correspond à la réalité ou à l'état de choses qu'elle prétend décrire. Et la fausseté est ce qui n’y correspond pas. | + | De même, il existe une différence entre ce qu'est la vérité et ce qu'elle fait. La vérité est une correspondance, mais la vérité a certaines conséquences. La vérité elle-même ne doit pas être confondue avec ses résultats ou avec son application. Ne pas faire cette distinction conduit à des conceptions erronées de la nature de la vérité. La vérité est ce qui correspond à la réalité ou à l'état de choses qu'elle prétend décrire. Et la fausseté est ce qui n’y correspond pas. |
== Bibliographie == | == Bibliographie == |
Version du 13 octobre 2021 à 16:07
Par essence, la vérité est la conformité aux faits, à la réalité ou à l'actualité. La vérité est fréquemment considérée comme la réalité suprême et comme ayant le sens et la valeur ultime de l'existence. Les chrétiens considèrent que la Bible communique la vérité sur Dieu et les choses spirituelles, répondant ainsi aux questions ultimes de la vie et du sens de ce monde.
Sommaire
La nature de la vérité
Pilate a demandé : « Qu'est-ce que la vérité ? » (Jean 18 :38). Les philosophes, de Socrate jusqu’au siècle dernier, ont répondu : Est-elle absolue ? Peut-elle être connue ? Correspond-elle à un référent ou, dans le cas de la vérité métaphysique, correspond-elle à la réalité ?
L'importance de la nature de la vérité
La nature de la vérité est cruciale pour la foi chrétienne. Non seulement le christianisme affirme qu'il existe une vérité absolue pour tout le monde, partout et à tout moment, mais insiste aussi sur le fait que la vérité sur le monde est celle qui correspond à la façon dont les choses sont réellement. Par exemple, l'affirmation « Dieu existe » signifie qu'il existe réellement un Dieu en dehors de l'univers, un Être extra cosmique. De même, l'affirmation selon laquelle « Dieu a ressuscité le Christ d'entre les morts » signifie que le corps de Jésus de Nazareth a surnaturellement quitté sa tombe quelques jours après son enterrement. Le christianisme maintient que les affirmations de vérité chrétienne correspondent à l’état des choses dont elles prétendent nous informer.
Ce que la vérité n'est pas
La vérité peut être comprise à la fois à partir de ce qu'elle est et de ce qu'elle n'est pas. Il existe de nombreux points de vue inadéquats sur la nature de la vérité. La plupart d'entre eux résultent d'une confusion entre la nature de la vérité (définition) et le test de la vérité (défense), ou d'un manque de distinction entre le résultat et la règle.
La vérité n'est pas ce qui fonctionne
Une théorie populaire est le point de vue pragmatique de William James et de ses disciples qui affirment que la vérité est ce qui fonctionne. Selon James, la vérité n’est que l'expédient dans la manière de penser. Une déclaration est connue pour être vraie si elle apporte de bons résultats. James démontre ici une confusion de la cause et de l'effet. Il affirme que si quelque chose est vrai, cela fonctionnera, du moins à long terme. Cependant, ce n'est pas parce qu'une chose fonctionne qu'elle est vraie. Ce n'est pas ainsi que la vérité est comprise dans les tribunaux. Les juges ont tendance à considérer l'expédient comme un parjure. D’autre part, les résultats ne règlent pas la question de la vérité. Même lorsque les résultats sont connus, on peut toujours se demander si la déclaration initiale correspond aux faits. Si ce n'est pas le cas, elle n'est pas vraie, quels que soient les résultats.
La vérité n'est pas ce qui est cohérent
Certains penseurs ont suggéré que la vérité est ce qui est intérieurement cohérent. Il s'agit là aussi d'une définition inadéquate. Les affirmations vides se tiennent même si elles sont dépourvues de contenu de vérité. « Toutes les épouses sont des femmes mariées » est une déclaration cohérente au niveau interne mais ne nous dit rien sur la réalité. L'affirmation serait vraie même s'il n'y avait pas d'épouses. La signification implicite est : « S'il y a une épouse, alors elle doit être mariée ». Cependant, cela ne nous informe pas qu'il existe une épouse quelque part dans l'univers. Un ensemble de fausses déclarations peut également être cohérent sur le plan interne. Si plusieurs témoins conspirent pour déformer les faits, leur histoire peut être plus cohérente que s'ils essayaient honnêtement de reconstituer la vérité. Mais il s'agit toujours d’une fausseté. Au mieux, la cohérence est un test négatif de la vérité. Des affirmations sont fausses si elles sont incohérentes, mais pas nécessairement vraies si elles sont cohérentes.
La vérité n'est pas ce qui est exhaustif
Une autre idée est que la théorie qui explique le plus de données est vraie, et celles qui ne sont pas aussi complètes ne sont pas vraies - ou pas aussi vraies. L'exhaustivité est un critère de vérité mais pas la définition de la vérité. Il est certain qu'une bonne théorie expliquera toutes les données pertinentes et une vraie vision du monde sera complète. Toutefois, il ne s'agit là que d'un test négatif de véracité. Les affirmations de cette théorie doivent encore correspondre à l'état réel des choses. Si une théorie était vraie simplement parce qu'elle est exhaustive, alors une affirmation exhaustive de l'erreur serait vraie et une présentation condensée de la vérité serait automatiquement dans l'erreur. Ce ne sont pas toutes les longues présentations qui sont vraies et toutes les présentations concises qui sont fausses. On peut avoir une vision exhaustive de ce qui est faux ou une vision superficielle ou incomplète de ce qui est vrai.
La vérité n'est pasce qui est existentiellement pertinent
À la suite de Søren Kierkegaard et d'autres philosophes existentialistes, certains ont insisté sur le fait que la vérité est ce qui est pertinent pour notre existence ou pour notre vie. Ce qui n’est pas pertinent est alors faux. La vérité est subjective, disait Kierkegaard ; la vérité est vécue. Comme l'a déclaré Martin Buber, la vérité se trouve dans les personnes et non dans les propositions. Cependant, même si la vérité est existentielle dans un certain sens, toute vérité n'entre pas dans la catégorie existentielle. Il existe de nombreux types de vérité : physique, mathématique, historique ou théorique. Si la vérité, par sa nature même, ne se trouve subjectivement que dans la pertinence existentielle, alors aucun de ces types de vérités ne pourrait être vrai. Ce qui est vrai est pertinent mais tout ce qui est pertinent n'est pas vrai. Un stylo est pertinent pour un écrivain athée. Un pistolet est pertinent pour un meurtrier. Cela ne rend pas le premier vrai ou le second bon. Une vérité à propos de la vie sera pertinente pour la vie. Ce n'est toutefois pas tout ce qui est pertinent pour la vie d'une personne qui sera vrai.
La vérité n'est pas ce qui fait du bien
Une théorie populaire est que la vérité donne un sentiment satisfaisant et que l'erreur donne un mauvais sentiment. La vérité se trouve dans nos sentiments subjectifs. Beaucoup de mystiques et d’adhérents au Nouvel-Âge ont des versions variées de cette théorie, bien qu'elle ait également une forte influence parmi certains groupes chrétiens orientés vers l'expérience.
Il est évident que les mauvaises nouvelles peuvent être vraies. Si ce qui est bon est toujours vrai, alors nous n'aurions pas à croire quoi que ce soit qui est désagréable. Les mauvais bulletins scolaires ne font pas plaisir à un étudiant et celui-ci peut refuser de les croire à ses risques et périls. Ils sont néanmoins vrais. Une autre critique de cette théorie est que les sentiments sont liés à la personnalité de chacun. Ce qui est bon pour l'un peut être mauvais pour l'autre. Si tel était le cas, la vérité serait alors très relative. Mais comme nous le verrons en détail ci-dessous, la vérité ne peut pas être relative. Même si la vérité nous fait nous sentir bien - du moins à long terme - cela ne signifie pas que ce qui nous fait du bien est vrai. La nature de la vérité ne dépend pas du résultat de la vérité.
Ce qu’est la vérité
Une correspondance avec la réalité
Maintenant que les théories inadéquates de la nature de la vérité ont été examinées, il reste à énoncer une théorie adéquate. La vérité est ce qui correspond à son référent. La vérité sur la réalité est ce qui correspond à la façon dont les choses sont réellement. La vérité, c'est « dire les choses telles qu'elles sont ». Cette correspondance s'applique aussi bien aux réalités abstraites qu'aux réalités concrètes. Il existe des vérités mathématiques. Il existe aussi des vérités sur les idées. Dans chaque cas, il existe une réalité, et la vérité l'exprime avec exactitude. À l’opposé, la fausseté est ce qui ne correspond pas à la réalité. Elle dit les choses comme elles ne sont pas. Elle déforme la façon dont les choses sont. L'intention derrière la déclaration n'est pas pertinente.
Arguments en faveur de la théorie de la vérité-correspondance
Toutes les théories non-correspondantes de la vérité impliquent la correspondance, même si elles tentent de la nier. L'affirmation : « La vérité ne correspond pas à ce qui est »; implique que cette théorie correspond à la réalité. Les théories non-correspondantes de la vérité ne peuvent donc pas s'exprimer sans utiliser un cadre de référence de correspondance.
Afin de savoir si quelque chose est vrai ou faux, il doit y avoir une réelle différence entre les choses et les affirmations sur les choses. La correspondance est la comparaison de mots à leurs référents. Par conséquent, une théorie de correspondance est nécessaire pour donner un sens aux affirmations factuels.
La communication dépend d'affirmations informatives. La correspondance aux faits est ce qui rend les affirmations informatives. Toute communication dépend en fin de compte d'une vérité littérale ou factuelle. Nous ne pouvons même pas utiliser une métaphore si nous ne comprenons pas qu'il existe un sens littéral par rapport auquel le sens figuré n'est pas littéral. Il s'ensuit donc que toute communication dépend d'une correspondance à la vérité.
Objections à la correspondance
Les objections à la théorie de la vérité-correspondance proviennent de sources chrétiennes ainsi que non-chrétiennes.
Lorsque Jésus a dit « Je suis la vérité » (Jean 14.6), certains ont soutenu qu'il a démontré que la vérité est personnelle et non propositionnelle. Cela falsifie la théorie de la vérité-correspondance, selon laquelle la vérité est une caractéristique des propositions qui correspondent à leur référent. Une personne, tout comme une proposition, peut correspondre à la réalité. En tant qu'« empreinte exacte » du Dieu invisible (Hb 1. 3), Jésus correspond parfaitement au Père (Jn 1. 18). Il a dit à Philippe : « Celui qui m'a vu a vu le Père » (Jn 14.9). Ainsi, une personne peut correspondre à une autre dans son caractère et ses actions. En ce sens, on peut dire que les personnes elles-mêmes sont vraies, ou qu'elles expriment la vérité.
Dieu est la vérité, pourtant il n'y a rien en dehors de lui-même auquel il correspond. Or, selon la théorie de la vérité-correspondance, la vérité est ce qui représente correctement la réalité. Une objection est que, puisque Dieu n'a pas de correspondance, la théorie de la vérité-correspondance nie qu’il soit vrai tel que la Bible le dit (Rm 3.4). Cependant, la vérité en tant que correspondance est fortement liée à Dieu. Les paroles de Dieu correspondent à ses pensées. Dieu est donc vrai dans le sens où l'on peut faire confiance à sa parole. Les pensées de Dieu sont identiques à elles-mêmes ; il y a une sorte de « correspondance » parfaite. En ce sens, Dieu est vrai pour lui-même. Si la vérité est comprise comme ce qui correspond à un référent, alors en ce sens Dieu n'est pas « vrai ». Il est plutôt la réalité ultime et donc la norme de la vérité. Les autres choses doivent lui correspondre de manière limitée pour être appelées vraies, et non pas Lui à elles.
L'erreur fondamentale de cette objection selon laquelle Dieu est la vérité mais sans correspondance est qu'elle est équivoque dans ses définitions. Si la correspondance ne se rapporte qu'à quelque chose d'extérieur à soi, alors Dieu ne peut pas être la vérité, mais la réalité ultime à laquelle la vérité correspond. Si la correspondance peut aussi être à l'intérieur de soi, Dieu correspond à lui-même de la manière la plus parfaite. Il est la vérité parfaite par une parfaite auto-identité.
Considérons le raisonnement suivant :
Tous ceux qui se soumettent à l'autorité du pape sont catholiques romains.
Mais le Pape ne peut pas se soumettre à lui-même.
Par conséquent, le Pape n'est pas catholique romain.
L'erreur se trouve dans la deuxième prémisse. Contrairement à ce que l'on prétend, le Pape peut se soumettre à lui-même. Il doit simplement suivre les règles qu'il établit pour les catholiques romains. De même, Dieu peut vivre en accord avec sa propre autorité. En ce sens, il est fidèle à lui-même.
La nature absolue de la vérité
La relativité de la vérité est généralement une prémisse de la pensée populaire actuelle. Pourtant, le christianisme repose sur la position selon laquelle la vérité est absolue. Ainsi, la défense de la nature absolue de la vérité est cruciale pour la défense de la foi chrétienne historique. Selon les théories de la vérité relative, une chose peut être vraie pour une personne mais pas pour tous. Ou encore, elle peut être vraie à un moment donné mais pas à un autre. Selon la vision absolutiste, ce qui est vrai pour une personne est vrai pour toutes les personnes, en tout temps et en tous lieux.
Comme nous l'avons expliqué ci-dessus, il n'existe qu'une seule théorie adéquate de la nature de la vérité - la théorie de la vérité-correspondance. Les autres points de vue, tels que la vérité-cohérence et le pragmatisme, décrivent des tests de vérité et non la nature de la vérité elle-même. La vérité factuelle est celle qui correspond aux faits. C'est ce qui correspond à l'état réel des choses décrites.
La vérité relative
La relativité de la vérité est un point de vue contemporain populaire. Cependant, la vérité n'est pas déterminée par un vote majoritaire. Examinons les arguments avancés par les personnes qui croient que la vérité est relative.
Tout d'abord, certaines choses ne semblent être vraies qu'à certains moments et pas à d'autres. Par exemple, de nombreuses personnes croyaient autrefois que la Terre était plate. Nous savons aujourd'hui que cette affirmation est fausse. La vérité a-t-elle changé, ou les croyances sur ce qui est vrai ont-elles changé ? Ce qui a changé, c'est notre croyance, pas notre Terre. Elle est passée de la fausseté à la vérité.
Dans l'univers de discours d'un énoncé, toute vérité est une vérité absolue. Certaines déclarations ne s'appliquent réellement qu'à certaines personnes, mais la vérité de ces déclarations est tout aussi absolue pour toutes les personnes partout et à tout moment qu'une déclaration qui s'applique à toutes les personnes en général. « Des injections quotidiennes d'insuline sont essentielles pour continuer à vivre » est vrai pour les personnes atteintes de certaines formes de diabète potentiellement mortelles. Cette déclaration a un univers de discours appliqué. Elle n'a pas la prétention d'être une vérité qui s'applique à tout le monde. Mais si elle s'applique à Fred, alors elle est vraie pour Fred et pour tout le monde. La mise en garde selon laquelle cette affirmation est fausse pour les personnes dont le pancréas fonctionne normalement n'enlève rien à la vérité de l'affirmation dans son univers de discours, à savoir, les diabétiques auxquels elle est adressée.
Certaines affirmations semblent n'être vraies que pour certains. L'affirmation « J’ai chaud » peut être vraie pour moi mais pas pour une autre personne, qui peut avoir froid. Je suis le seul à faire partie de l'univers de discours de l'énoncé. Il semble évident que la température est relativement élevée en Arizona et relativement froide au pôle Nord. Donc, apparemment, certaines choses sont vraies pour certains endroits mais pas pour d'autres. N'est-ce pas ?
Pas du tout. Certaines choses sont vraies concernant certains endroits, mais pas en d'autres endroits où les conditions sont différentes. Mais là n'est pas la question. Dans l'univers de discours du bulletin météo de l'Arizona, l'affirmation correspond aux faits. Elle est donc vraie partout. L'affirmation : « Il fait relativement froid au pôle Nord » est vraie pour les gens en Arizona en été, ou sur Pluton où il fait plus froid qu'au pôle Nord. La vérité est ce qui correspond aux faits, et le fait est qu'il fait froid au pôle Nord.
Toute vérité est absolue. Il n'y a pas de vérités relatives. Car si quelque chose est vrai, c'est alors vrai pour tout le monde, partout et en tout temps. L'énoncé de vérité 7 + 3 = 10 n'est pas seulement vrai pour les étudiants en mathématiques, ni seulement dans une classe de mathématiques. Il est vrai pour tout le monde et partout.
Évaluation
Absolument relatif ?
La plupart des relativistes croient que le relativisme est vrai pour tout le monde, pas seulement pour eux. En réalité, s'ils sont vraiment relativistes, c'est la seule chose qu'ils ne peuvent pas affirmer. Car une vérité relative est vraie pour moi, mais pas nécessairement pour quelqu'un d'autre. Ainsi, le relativiste qui croit que le relativisme est vrai pour tout le monde est un absolutiste. Une telle personne croit en au moins une vérité absolue. Le dilemme est le suivant : un relativiste cohérent ne peut pas dire : « C'est une vérité absolue pour tout le monde que la vérité est relativement vraie. » Il ne peut pas non plus dire : « Il est relativement vrai que le relativisme est vrai ». Si ce n'est que relativement vrai, alors le relativisme peut être faux pour certains ou pour tous les autres. Pourquoi alors devrais-je l'accepter comme vrai ? Soit l'affirmation selon laquelle la vérité est relative est une affirmation absolue, ce qui falsifierait la position relativiste, soit c'est une affirmation qui ne peut jamais vraiment être faite, car chaque fois que vous la faites, vous devez ajouter un autre « relativement ». Cela enclenche donc une régression infinie.
La seule façon pour le relativiste d'éviter ce dilemme est d'admettre qu'il existe au moins quelques vérités absolues. Comme nous l'avons noté, la plupart des relativistes croient que le relativisme est absolument vrai et que tout le monde devrait être un relativiste. C'est là que réside la nature autodestructrice du relativisme. Le relativiste se tient sur au sommet d'une vérité absolue et veut relativiser tout le reste.
Un monde de contradictions
Si le relativisme était vrai, alors le monde serait plein de réalités contradictoires. Car si quelque chose est vrai pour moi mais faux pour vous, alors des réalités opposées existent. En effet, si je dis « il y a du lait dans le réfrigérateur » et que vous dites « il n'y a pas de lait dans le réfrigérateur » - et que nous avons tous deux raison, alors il doit y avoir et ne pas y avoir de lait dans le réfrigérateur au même moment et dans le même sens. Mais c'est impossible. Donc, si la vérité était relative, alors une impossibilité serait possible.
Dans le domaine religieux, cela signifierait que Billy Graham dit la vérité lorsqu'il affirme que « Dieu existe », et que Madalyn Murray O'Hare a également raison lorsqu'elle affirme que « Dieu n'existe pas ». Mais ces affirmations ne peuvent pas être toutes les deux vraies. Si l'une est vraie, alors l'autre est fausse. Et puisqu'elles épuisent les seules possibilités, l'une d'entre elles doit être vraie.
Pas de torts, pas de droits
Si la vérité est relative, alors personne n'a jamais tort - même quand c'est le cas. Tant que quelque chose est vrai pour moi, alors j'ai raison même si j'ai tort. L'inconvénient est que je ne peux jamais rien apprendre ainsi, car apprendre, c'est passer d'une croyance fausse à une croyance vraie - c'est-à-dire d'une croyance absolument fausse à une croyance absolument vraie. La vérité est que les absolus sont inévitables.
Répondre aux objections
Les relativistes ont formulé plusieurs objections à la théorie de la vérité comme absolue. Les suivantes sont les plus importantes :
Pas de connaissance absolue
On objecte que la vérité ne peut être absolue puisque nous n'avons pas une connaissance absolue des vérités. La plupart des absolutistes admettent que la plupart des choses ne sont connues qu'en termes de degrés de probabilité. Comment, alors, toute vérité peut-elle être absolue ? Nous pouvons être absolument sûrs de certaines choses. Je suis absolument sûr que j'existe. En fait, mon existence est indéniable. Car il faudrait que j'existe pour que l'on puisse affirmer : « Je n'existe pas ». Je suis aussi absolument sûr que je ne peux pas exister et ne pas exister en même temps, qu'il n'y a pas de cercles carrés et que 3+2=5.
Il y a beaucoup d'autres choses dont je ne suis pas absolument certain. Mais même ici, le relativiste fait fausse route en rejetant la vérité absolue simplement parce que nous n'avons pas de preuve absolue que certaines choses sont vraies. La vérité peut être absolue, quelles que soient les raisons pour lesquelles nous la croyons. Par exemple, s'il est vrai que Sidney, en Australie, se trouve sur l'océan Pacifique, alors c'est absolument vrai, quelles que soient mes preuves ou mon manque de preuves. Une vérité absolue est absolument vraie en soi, indépendamment des preuves. Les preuves, ou leur absence, ne changent pas un fait. La vérité est ce qui correspond aux faits. La vérité ne change pas simplement parce que nous apprenons quelque chose de plus à son sujet.
Des vérités intermédiaires
Une autre objection est que de nombreuses choses sont comparatives - comme les tailles telles que plus petit et plus grand. En tant que telles, elles ne peuvent être des vérités absolues, car elles changent en fonction de l'objet auquel elles se rapportent. Par exemple, certaines personnes sont bonnes par rapport à Hitler mais mauvaises par rapport à Mère Teresa. Contrairement à ce que prétendent les relativistes, les vérités intermédiaires ne prouvent pas l'absolutisme. Car les faits « Jean est petit par rapport à un joueur de la NBA » et « Jean est grand par rapport à un jockey » sont absolument vrais pour tous les temps et toutes les personnes. Jean est de taille moyenne, et le fait qu'il soit plus petit ou plus grand dépend de la personne à laquelle il est comparé. Néanmoins, il est absolument vrai que Jean (qui mesure 1,80 m) est petit par rapport à la plupart des joueurs de basketball et grand par rapport à la majorité des jockeys. La même chose est vraie pour d'autres choses intermédiaires, telles que plus chaud ou plus froid, et meilleur ou pire.
Pas de nouvelle vérité
Si la vérité ne change jamais, alors il ne peut y avoir de vérité nouvelle. Cela signifierait qu'aucun progrès n'est possible. La réalité est que nous parvenons à connaître de nouvelles vérités. C'est l'essence même de la découverte scientifique. En réponse à cela, la « nouvelle vérité » peut être comprise de deux façons. Elle peut signifier« nouvelle pour nous », comme une nouvelle découverte scientifique, mais il ne s'agit là que de la découverte d'une « ancienne » vérité. Après tout, la loi de la gravité existait bien avant Isaac Newton. De nombreuses vérités ont toujours existé, mais nous ne faisons que les découvrir. L'autre façon de comprendre une « nouvelle » vérité est de dire que quelque chose de nouveau est apparu et qu'il est possible de faire une nouvelle déclaration à son sujet qui est alors vraie pour la première fois. Ce n'est pas non plus un problème. Lorsque le 1er janvier 2050 arrivera, une nouvelle vérité verra le jour. Jusqu'à ce jour, il ne sera pas vrai de dire :« Nous sommes le 1er janvier 2050. » Mais lorsque cela arrivera, ce sera vrai pour toutes les personnes et tous les lieux pour toujours. Ainsi, les « anciennes » vérités ne changent pas et les « nouvelles » vérités non plus lorsqu'elles se réalisent. Une fois que c’est vrai, c’est toujours vrai - pour tout le monde.
Vérité et croissance de la connaissance
On objecte également que la connaissance de la vérité n'est pas absolue, puisque nous grandissons dans la vérité. Ce qui est vrai aujourd'hui peut être faux demain. Le progrès de la science est la preuve que la vérité change constamment. Cette objection ne tient pas compte du fait que ce n'est pas la vérité qui change mais notre compréhension de celle-ci. Lorsque la science progresse, elle ne passe pas d'une vérité ancienne à une vérité nouvelle, mais de l'erreur à la vérité. Lorsque Copernic a soutenu que la terre se déplace autour du soleil et non l'inverse, la vérité n'a pas changé. Ce qui a changé, c'est la compréhension scientifique du phénomène.
Les absolus exclusifs
Il est évident que la vérité est exclusive. Il n'y a qu'une seule réponse à ce que sont 4 + 4. Ce n'est pas 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10 ou tout autre nombre. C'est 8 et seulement 8. C'est exclusif, mais c'est exact.
Les non-chrétiens prétendent souvent que les chrétiens sont étroits d'esprit car ils affirment que le christianisme est vrai et que tous les systèmes non-chrétiens sont faux. Cependant, il en va de même pour les non-chrétiens qui affirment que ce qu'ils considèrent comme une vérité est vrai et que toutes les croyances opposées sont fausses. C’est tout aussi étroit d'esprit. Le fait est que si C (le christianisme) est vrai, il s'ensuit que tout ce qui n'est pas C est faux. De même, si H (disons l'humanisme) est vrai, alors tout ce qui n'est pas H est faux. Les deux points de vue sont également exclusifs. C'est ainsi qu'est la vérité. Chaque affirmation de vérité exclut les affirmations de vérité contradictoires. Le christianisme n'est pas plus exclusif que n'importe quel autre ensemble de croyances, qu'il s'agisse d'athéisme, d'agnosticisme, de scepticisme ou de panthéisme.
Les absolus dogmatiques
L'affirmation selon laquelle ceux qui croient en une vérité absolue sont dogmatiques passe à côté de l'essentiel. Si toute vérité est absolue, c'est-à-dire vraie pour toutes les personnes, en tout temps et en tous lieux, prétendre que quelque chose est vrai est alors « dogmatique ». Même le relativiste qui prétend que le relativisme est vrai est dogmatique. Cette personne prétend gagner la seule vérité absolue qui puisse être énoncée, à savoir que tout le reste est relatif.
Cette accusation de dogmatisme passe à côté de quelque chose d'important. Il y a une grande différence entre l'accusation péjorative selon laquelle la croyance en une vérité absolue est dogmatique et la manière dont une personne peut adhérer à cette croyance. Il ne fait aucun doute que la manière dont de nombreux absolutistes ont maintenu et transmis leurs croyances n'a pas été très humble. Cependant, aucun agnostique ne considérerait comme un argument éloquent contre l'agnosticisme le fait que certains agnostiques communiquent leurs croyances d'une manière dogmatique.
Néanmoins, il y a une distinction importante à garder à l'esprit : la vérité est absolue, mais la façon dont nous la saisissons ne l'est pas. Ce n'est pas parce qu'il existe une vérité absolue que notre compréhension de celle-ci est absolue. Ce fait en soi devrait inciter les absolutistes à tempérer leurs convictions avec humilité. Car si la vérité est absolue, notre compréhension de la vérité absolue ne l'est pas. En tant que créatures finies, nous évoluons dans notre compréhension de la vérité.
Synthèse
La vérité peut être testée de nombreuses façons, mais elle ne doit être comprise que d'une seule façon. Il existe une seule réalité à laquelle les affirmations ou les idées doivent se conformer afin d'être considérées comme vraies. Il peut y avoir de nombreuses façons de défendre différentes affirmations de vérité, mais il n'y a vraiment qu'une seule façon de définir la vérité, à savoir la correspondance. La confusion entre la nature de la vérité et la vérification de la vérité est au cœur du rejet de la théorie vérité-correspondance.
De même, il existe une différence entre ce qu'est la vérité et ce qu'elle fait. La vérité est une correspondance, mais la vérité a certaines conséquences. La vérité elle-même ne doit pas être confondue avec ses résultats ou avec son application. Ne pas faire cette distinction conduit à des conceptions erronées de la nature de la vérité. La vérité est ce qui correspond à la réalité ou à l'état de choses qu'elle prétend décrire. Et la fausseté est ce qui n’y correspond pas.
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