Jacques : Différence entre versions
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− | L’apôtre Jacques, fils de Zébédée (''Ἰάκωβος τὸν τοῦ Ζεβεδαῖος'') et de Salomé, est appelé par Jésus très tôt dans son ministère, en même temps que son frère cadet Jean (Mc 1.19s). Les synoptiques présentent les deux frères comme des pêcheurs du lac de Tibériade qui ont tout laissé pour suivre Jésus (Mc 1.19-20). Les deux frères furent connus pour leur tempérament impétueux (Lc 9.52-56, Mc 10.35-40), d’où leur surnom de Boanerges (''Βοανηργές'', Mc 3.17), les fils du tonnerre (''υἱός βροντή''). Jacques est associé à plusieurs épisodes bien connus de l’Évangile, tel que la requête des premières places dans le royaume (Mc 10.35, Mc 10.40). Devenu un des disciples intimes de Jésus avec Pierre et son frère Jean (Mc 5.37, 9.2, 10.35, 14.33), il fut témoin de la résurrection de la fille de Jaïrus (Mt 9. 18s, Mc 5.37s, Lc 8.41s), de la transfiguration de Jésus sur le mont Thabor (Mt 17.1s, Mc 9.2s, Lc 9.28s) et de son agonie à Gethsémané (Mt 26.37s, Mc 14.33s). Comme les autres apôtres, il abandonne Jésus après son arrestation, mais se retrouve parmi les disciples présents dans la chambre haute lors de la descente du Saint-Esprit (Ac 1.13). Importante figure des évangiles, il est peu cité dans les Actes des apôtres : il fut le premier apôtre mis à mort pour sa foi. Il est décapité sous Hérode Agrippa 1<sup>er</sup> vers l’an 44 (Ac 12.1-2). Pour la majorité des commentateurs, il ne peut être l’auteur de l’épître de Jacques. [Toutefois, ceux en faveur d’une date | + | L’apôtre Jacques, fils de Zébédée (''Ἰάκωβος τὸν τοῦ Ζεβεδαῖος'') et de Salomé, est appelé par Jésus très tôt dans son ministère, en même temps que son frère cadet Jean (Mc 1.19s). Les synoptiques présentent les deux frères comme des pêcheurs du lac de Tibériade qui ont tout laissé pour suivre Jésus (Mc 1.19-20). Les deux frères furent connus pour leur tempérament impétueux (Lc 9.52-56, Mc 10.35-40), d’où leur surnom de Boanerges (''Βοανηργές'', Mc 3.17), les fils du tonnerre (''υἱός βροντή''). Jacques est associé à plusieurs épisodes bien connus de l’Évangile, tel que la requête des premières places dans le royaume (Mc 10.35, Mc 10.40). Devenu un des disciples intimes de Jésus avec Pierre et son frère Jean (Mc 5.37, 9.2, 10.35, 14.33), il fut témoin de la résurrection de la fille de Jaïrus (Mt 9. 18s, Mc 5.37s, Lc 8.41s), de la transfiguration de Jésus sur le mont Thabor (Mt 17.1s, Mc 9.2s, Lc 9.28s) et de son agonie à Gethsémané (Mt 26.37s, Mc 14.33s). Comme les autres apôtres, il abandonne Jésus après son arrestation, mais se retrouve parmi les disciples présents dans la chambre haute lors de la descente du Saint-Esprit (Ac 1.13). Importante figure des évangiles, il est peu cité dans les Actes des apôtres : il fut le premier apôtre mis à mort pour sa foi. Il est décapité sous Hérode Agrippa 1<sup>er</sup> vers l’an 44 (Ac 12.1-2). Pour la majorité des commentateurs, il ne peut être l’auteur de l’épître de Jacques. [Toutefois, ceux en faveur d’une date hâtive considère qu'il en serait l'auteur.] Selon la légende de l’Église catholique romaine, il fut l’apôtre de l’Espagne, où il convertit un magicien du nom d’Hermogène. Un sanctuaire lui est dédié à Saint-Jacques-de-Compostelle (Calix), célèbre ville du Moyen Âge, d'où les pèlerins rapportent des coquilles, les coquilles de Saint-Jacques, en souvenir de leur pèlerinage. |
== Jacques, fils d’Alphée == | == Jacques, fils d’Alphée == | ||
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Lors de l’énumération des apôtres (Lc 6.13-16; Ac 1.13), l’apôtre Jude (Jn 14.22) est présenté comme ''Ἰούδας Ἰάκωβος'', dont la traduction littérale est Jude, [de Jacques]. Cette précision est nécessaire pour la distinction entre Jude et Judas l’iscariot. En effet, la terminologie française retenue (Jude et Judas) nous permet de les distinguer, mais en grec, les deux portent le nom de ''Ἰούδας.'' C'est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle cet apôtre est nommé Thaddée (Θαδδαῖος) dans d’autres énumérations des apôtres (Mt 10.3 et Mc 3.18). Les deux traductions possibles pour ''Ἰούδας Ἰάκωβος'' sont Jude, fils de Jacques ou Jude, frère de Jacques. Si nous considérons que, au verset 14, André est présenté comme le frère de Simon (''Ἀνδρέας ἀδελφός''), il est probable que Jude soit aussi présenté comme frère de Jacques, [si c’était le cas]. C’est d’ailleurs ainsi que l’auteur de l’épître de Jude se présente (''ἀδελφός Ἰάκωβος''), en Jude 1. Par conséquent, ce Jacques serait le père de l’apôtre Jude. | Lors de l’énumération des apôtres (Lc 6.13-16; Ac 1.13), l’apôtre Jude (Jn 14.22) est présenté comme ''Ἰούδας Ἰάκωβος'', dont la traduction littérale est Jude, [de Jacques]. Cette précision est nécessaire pour la distinction entre Jude et Judas l’iscariot. En effet, la terminologie française retenue (Jude et Judas) nous permet de les distinguer, mais en grec, les deux portent le nom de ''Ἰούδας.'' C'est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle cet apôtre est nommé Thaddée (Θαδδαῖος) dans d’autres énumérations des apôtres (Mt 10.3 et Mc 3.18). Les deux traductions possibles pour ''Ἰούδας Ἰάκωβος'' sont Jude, fils de Jacques ou Jude, frère de Jacques. Si nous considérons que, au verset 14, André est présenté comme le frère de Simon (''Ἀνδρέας ἀδελφός''), il est probable que Jude soit aussi présenté comme frère de Jacques, [si c’était le cas]. C’est d’ailleurs ainsi que l’auteur de l’épître de Jude se présente (''ἀδελφός Ἰάκωβος''), en Jude 1. Par conséquent, ce Jacques serait le père de l’apôtre Jude. | ||
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Version actuelle datée du 3 octobre 2021 à 08:01
Quatre personnages du Nouveau Testament portent le nom de Jacques (Ἰάκωβος), dont la traduction littérale du nom grec n’est pas Jacques, mais plutôt Jacob. Ces quatre personnages sont le fils de Zébédée, le fils d’Alphée, le frère du Seigneur et le père de l’apôtre Jude. Nous les présenterons sommairement.
Sommaire
Jacques, fils de Zébédée
L’apôtre Jacques, fils de Zébédée (Ἰάκωβος τὸν τοῦ Ζεβεδαῖος) et de Salomé, est appelé par Jésus très tôt dans son ministère, en même temps que son frère cadet Jean (Mc 1.19s). Les synoptiques présentent les deux frères comme des pêcheurs du lac de Tibériade qui ont tout laissé pour suivre Jésus (Mc 1.19-20). Les deux frères furent connus pour leur tempérament impétueux (Lc 9.52-56, Mc 10.35-40), d’où leur surnom de Boanerges (Βοανηργές, Mc 3.17), les fils du tonnerre (υἱός βροντή). Jacques est associé à plusieurs épisodes bien connus de l’Évangile, tel que la requête des premières places dans le royaume (Mc 10.35, Mc 10.40). Devenu un des disciples intimes de Jésus avec Pierre et son frère Jean (Mc 5.37, 9.2, 10.35, 14.33), il fut témoin de la résurrection de la fille de Jaïrus (Mt 9. 18s, Mc 5.37s, Lc 8.41s), de la transfiguration de Jésus sur le mont Thabor (Mt 17.1s, Mc 9.2s, Lc 9.28s) et de son agonie à Gethsémané (Mt 26.37s, Mc 14.33s). Comme les autres apôtres, il abandonne Jésus après son arrestation, mais se retrouve parmi les disciples présents dans la chambre haute lors de la descente du Saint-Esprit (Ac 1.13). Importante figure des évangiles, il est peu cité dans les Actes des apôtres : il fut le premier apôtre mis à mort pour sa foi. Il est décapité sous Hérode Agrippa 1er vers l’an 44 (Ac 12.1-2). Pour la majorité des commentateurs, il ne peut être l’auteur de l’épître de Jacques. [Toutefois, ceux en faveur d’une date hâtive considère qu'il en serait l'auteur.] Selon la légende de l’Église catholique romaine, il fut l’apôtre de l’Espagne, où il convertit un magicien du nom d’Hermogène. Un sanctuaire lui est dédié à Saint-Jacques-de-Compostelle (Calix), célèbre ville du Moyen Âge, d'où les pèlerins rapportent des coquilles, les coquilles de Saint-Jacques, en souvenir de leur pèlerinage.
Jacques, fils d’Alphée
Jacques, fils d’Alphée (Ἰάκωβος ὁ τοῦ Ἁλφαῖος) et de Marie (Mc 15.40, Mc 16.1, Mt 27.56, Lc 24.10), est le neuvième de la liste des douze apôtres (Mt 10.3, Mc 3.18, Lc 6.15 et Ac 1.13). Son surnom de Jacques le Mineur, ou le Petit (μικρός), indique sa petite taille ou son jeune âge (Mc 15.40). Il est notable que le christianisme oriental distingue ces deux Jacques, alors que la tradition romaine, à la suite de Jérôme, assimile le fils d’Alphée avec le frère du Seigneur, qui serait selon eux le cousin du Seigneur. Toutefois, comme il est raisonnable d’affirmer que le fils d’Alphée et le fils de Joseph sont deux individus distincts, il faut trouver une autre explication pour le titre d’apôtre associé à Jacques, frère de Jésus. Ainsi, malgré que le nom de sa mère soit Marie, il n’est pas un demi-frère du Seigneur, car sa mère est clairement distinguée de Marie, mère de Jésus. Il pourrait être un frère de Matthieu, qui est aussi un fils d’Alphée (Mc 2.14).
Jacques, frère du Seigneur
Jacques, frère du Seigneur (Ga 1.19), est le deuxième fils de Marie et l'aîné des demi-frères de Jésus, fils de Joseph (Mc 6.3). Historiquement, trois interprétations ont été suggérées concernant sa relation avec Jésus : il est soit un frère de sang de Jésus par Joseph et Marie (Tertullien, Helvidius), soit un demi-frère de Jésus provenant d’un autre mariage de Joseph (Hégésippe, protévangile de Jacques), soit un cousin de Jésus (Jérome). Les deux dernières interprétations sont des tentatives d’harmoniser la doctrine catholique romaine de la perpétuelle virginité de Marie et les témoignages scripturaires et historiques des frères et sœurs de Jésus. La première interprétation a généralement l’adhésion des évangéliques.
Jacques partagea l’incrédulité de ses frères durant le ministère terrestre de Jésus (Jn 7.5, Mc 6.3), mais fut converti par l’apparition du Ressuscité (1 Co 15.7). Participant à la communauté de disciples, il atteignit très vite une position importante dans la direction de l’Église de Jérusalem (Ac 12.17, 15.13, 21.18, Ga 2.9). L’apôtre Paul mentionne l’avoir visité trois ans après sa conversion (Ga 1.19). Au synode de Jérusalem, Jacques préside l’assemblée et propose la résolution adoptée (Ac 15.13-21). Lors de cet événement, Paul le nomme comme l'une des colonnes de l’Église (Ga 2.9). Lors de son dernier voyage à Jérusalem, Paul remet le produit de la collecte des églises en pays païens à Jacques et aux anciens (Ac 21.18).
Il reçoit le surnom de Jacques le Juste grâce à sa grande piété. Selon la tradition, il restait de longues heures agenouillées en prière dans le temple, de sorte que la peau de ses genoux devint calleuse comme celle des chameaux. Dans son épître, nous voyons que son engagement total envers Jésus n’implique pas le reniement de ses racines juives. Il mourut pour en raison de sa foi vers l’an 62 (selon Flavius Joseph) ou en 68 (selon Hégésippe).
La popularité de Jacques durant le deuxième siècle est évident, au vu des différents écrits pseudonymes qui lui ont été attribués, dont le protévangile de Jacques, l’apocryphe de Jacques, et la première et deuxième apocalypse de Jacques.
Pour la majorité des commentateurs, c'est le demi-frère de Jésus qui a écrit l’épître de Jacques qui se trouve dans le Nouveau Testament. La similarité des termes provenant de Jacques en Actes 15 et ceux de l’épître est l'un des arguments convainquant en faveur de cette attribution.
Jacques, père de l’apôtre Jude
Lors de l’énumération des apôtres (Lc 6.13-16; Ac 1.13), l’apôtre Jude (Jn 14.22) est présenté comme Ἰούδας Ἰάκωβος, dont la traduction littérale est Jude, [de Jacques]. Cette précision est nécessaire pour la distinction entre Jude et Judas l’iscariot. En effet, la terminologie française retenue (Jude et Judas) nous permet de les distinguer, mais en grec, les deux portent le nom de Ἰούδας. C'est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle cet apôtre est nommé Thaddée (Θαδδαῖος) dans d’autres énumérations des apôtres (Mt 10.3 et Mc 3.18). Les deux traductions possibles pour Ἰούδας Ἰάκωβος sont Jude, fils de Jacques ou Jude, frère de Jacques. Si nous considérons que, au verset 14, André est présenté comme le frère de Simon (Ἀνδρέας ἀδελφός), il est probable que Jude soit aussi présenté comme frère de Jacques, [si c’était le cas]. C’est d’ailleurs ainsi que l’auteur de l’épître de Jude se présente (ἀδελφός Ἰάκωβος), en Jude 1. Par conséquent, ce Jacques serait le père de l’apôtre Jude.
Bibliographie
- BARRY, J. D., et al. (Eds.). (2016). « James, Son of Alphaeus », The Lexham Bible Dictionary, Bellingham, Lexham Press.
- BARRY, J. D., et al. (Eds.), « James, Father of Judas », The Lexham Bible Dictionary, Bellingham, Lexham Press, 2016.
- CARSON, Donald A., MOO, Douglas J., Introduction au Nouveau Testament, Or, Charols, Excelsis, 2007.
- KUGLER, C., « James, Son of Zebedee », The Lexham Bible Dictionary, Bellingham, Lexham Press, 2016.
- POIRIER, P.-H., Jacques, le frère de Jésus, dans trois livres récents, Laval théologique et philosophique, vol 56, no 3, 2000, 531–541, https://doi.org/10.7202/401321ar
- ROUDKOVSKI, V., « James, Brother of Jesus », The Lexham Bible Dictionary, Bellingham, Lexham Press, 2016.
- SHEPHERD, T. J., James, The Westminster Bible Dictionary, Philadelphia, Presbyterian Board of Publication, 1880.
- WESTPHAL, Alexandre, « Jacques », Dictionnaire Biblique Westphal, https://www.levangile.com/Dictionnaire-Biblique/Definition-Westphal-2593-Jacques.htm, consulté le 20 août 2021.