Bioéthique : Différence entre versions

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* DURAND, Guy, ''Introduction générale à la bioéthique. Histoire, concept et outils'', Montréal, Fides, 2005, p. 18.
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* DOUCET, Hubert, « Bioéthique et Religion. Réflexions sur l’histoire de leur relation », Religioliques, no 13, printemps 1996.
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* DOUCET, Hubert, ''Au pays de la bioéthique'', Genève, Labor & Fides 1996.

Version du 23 avril 2021 à 07:50

La bioéthique désigne les théories et les pratiques visant à clarifier les questions éthiques que soulèvent les technosciences dans le domaine de la santé et de la vie humaine.

Définition

Sens large

Les avancées biomédicales plus vites que la réflexion éthique sur le sujet amène Van R. Potter à militer en faveur d’une nouvelle science qu’il nomme la bioéthique. La bioéthique est pour Potter la science de la survie. Le préfixe bio- renvoie au savoir biologique, le suffixe -éthique aux valeurs humaines. La science de la survie de Potter couvre un très grand spectre d’investigation allant de l’écologie à la zoologie en passant par le contrôle de la population, la paix et la pauvreté.

Sens restreint

Un sens plus restreint que celui de Potter s’est imposé par la suite : la bioéthique en est venue à désigner la réflexion éthique relative aux sciences biologiques dans le domaine de la santé et de la vie humaine. André Hellegers a été le premier à utiliser le mot bioéthique en ce sens restreint, qui est celui que nous utilisons le plus souvent de nos jours. Fondateur du Kennedy Institute of Ethics, Hellegers a aussi érigé la bioéthique au rang de domaine de recherche universitaire interdisciplinaire.

Si étymologiquement le mot bioéthique renvoie à la vie, il faut d’emblé préciser que la vie elle-même va bien au-delà du corporel (Mc 12.44 ; Lc 15.30).

Historique

La bioéthique a été préparé par trois domaines : l’éthique médicale et infirmière, l’éthique philosophique, et l’éthique théologique.

Le terme bioéthique apparaît pour la première fois en 1970 sous la plume de Van Rensselaer Potter, dans son article « Bioethics, the Science of Survival ». Il est repris une année plus tard dans un livre du même auteur intitulé Bioethics : Bridge to the Future. Il commence à s’imposer à la communauté scientifique lors d’une conférence qui eut lieu à l’Académie des sciences de New York pendant laquelle il est utilisé. L’événement portait sur la responsabilité sociale des scientifiques[1].

Les penseurs protestants ont aussi contribué aux développements historiques de la bioéthique, notamment Joseph Fletcher (Morals and Medicine), Paul Ramsay (The Patient as Person), mais aussi James Childress et James Gustafson. Dans une culture catholique, le thème de l’autonomie n’aurait d’ailleurs pas eu la place de choix qu’il s’est acquis aujourd’hui en bioéthique[2].

Cela dit, ce sont surtout les philosophes et les juristes qui, dès les années 1970, ont pris le plus de place dans le débat bioéthique, au détriment des théologiens. C’est surtout l’humanisme qui leur a servi à poser les bases encore en vigueur aujourd’hui que sont l’autonomie, la bienveillance, la non-malveillance et la justice.

Bioéthique et théologie

Les principaux thèmes bioéthiques sont l’avortement, la transplantation d’organe, l’euthanasie, l’anthropotechnie et l’usage des cellules souches. Afin de réfléchir adéquatement à des sujets aussi difficiles, le bioéthicien doit être capable de jongler avec des concepts philosophiques et théologiques rigoureux et savoir se servir d’outils de réflexion de deux manières. D’abord, il doit être en mesure de d’articuler un discours qui prenne en compte les enjeux, les conséquences possibles, et l’humanité selon une perspective qui implique une vision du monde. Ensuite, il doit pouvoir répondre de sa position devant d’autres perspectives que la sienne. À cet égard, le rôle de la théologie chrétienne n’est pas négligeable en ce que celle-ci sert de terreau aux valeurs qui ont favorisé le développement des droits humains. Sa contribution est même double. La théologie contribue premièrement à privilégier la personne malade. La personne humaine au centre : contre un approche qui oubli que la personne n’est pas qu’un corps. Le climat technoscientifique contemporain a tendance à faire abstraction de l’autre pour ne voir que le problème à résoudre. Cela a pour conséquence de limiter la relation entre, par exemple, le médecin et le patient. Poussé à l’extrême, celle-ci peut avoir tendance à ressembler à la relation d’un réparateur devant un objet à réparer.Le malade est un humain à part entière. De ce fait, il doit être soigné dans l’amour et la dignité auxquels tout être humain est en droit de s’attendre. La connaissance de Dieu est nécessaire pour bien se connaître et pour être en mesure d’entrer en relation avec les autres de la meilleure façon possible. Jésus-Christ nous offre un modèle de sacrifice, d’amour, de service pour le prochain. L’étude théologique de la Parole de Dieu est l’occasion de se laisser transformer au niveau de nos pensées, de notre volonté, de notre sensibilité à l’image de celui qui nous a aimé le premier et qui s’est livré pour nous délivrer du mal. Deuxièmement, la théologie contribue à souligner l’importance de la justice. Elle permet de faire naître en nous « des dispositions qui nourrissent, protègent, soutiennent la dimension humaine et non purement technologique de la rencontre médicale : compassion, honnêteté, abnégation, générosité[3]. » La relation avec Dieu et sa Parole est ce qui nous donne réellement la motivation d’accomplir la justice.

La position évangélique

Devant les sciences biologiques, on doit répondre avec foi en nous basant sur la Parole de Dieu, qui seule peut nous servir de norme éthique. Nous ne sommes pas appelés à isoler des passages de la Bible pour en faire des lois extérieures, comme le sont les lois de nos sociétés contemporaines. Au contraire, Dieu appelle l’homme à entrer en relation avec lui sur la base de l'œuvre réconciliatrice de Jésus-Christ, mort et ressuscité. Étant régénéré par le Saint-Esprit, l’homme voit son esprit être renouvelé par ce que Dieu dit des choses. De nouveaux désirs naissent en lui qui l’orientent vers ce que désire le Père. Le chrétien cherche à se mettre au diapason de la vision biblique du monde. Cela change radicalement la manière de concevoir l’articulation entre les sciences biologiques et la vie humaine. Le chrétien conçoit l’homme comme étant en image de Dieu. Ainsi, il est tenu responsable devant Dieu et devant les hommes. De plus, l’autre n’est plus un lointain, mais un prochain. En effet, il est lui aussi en image de Dieu, c’est-à-dire qu’il est appelé à être un représentant responsable de Dieu sur terre. L’homme est notamment responsable de traiter la création avec respect et charité. L'être humain a aussi été créé interdépendant : Dieu a voulu que l’humanité soit homme et femme. La doctrine biblique de la création nous rappelle aussi que le corps n’est pas un mal, comme ont pu le penser les traditions platoniciennes et néo-platoniciennes, mais un bien. Enfin, Mc 12.44 et Luc 15.30 nous invitent à reconnaître que la vie dépasse largement le « biologique ». La position évangélique, que ce soit concernant l’avortement ou l’euthanasie, devra prendre en compte les points de doctrine que nous venons de voir. Il s’agit dans chaque cas d’apprendre à voir l’autre de la manière dont Dieu le voit.


Pierre-Luc VERVILLE

Références

  1. Guy DURAND, Introduction générale à la bioéthique. Histoire, concept et outils, Montréal, Fides, 2005, p. 18.
  2. Hubert DOUCET, « Bioéthique et Religion. Réflexions sur l’histoire de leur relation », Religioliques, no 13, printemps 1996.
  3. Hubert DOUCET, Au pays de la bioéthique, Genève, Labor & Fides 1996, p. 207.

Bibliographie

  • DURAND, Guy, Introduction générale à la bioéthique. Histoire, concept et outils, Montréal, Fides, 2005, p. 18.
  • DOUCET, Hubert, « Bioéthique et Religion. Réflexions sur l’histoire de leur relation », Religioliques, no 13, printemps 1996.
  • DOUCET, Hubert, Au pays de la bioéthique, Genève, Labor & Fides 1996.